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Hôtel Campo dell'Oro en Corse

Tirer parti de la reprise

La saison 99 semble confirmer les espoirs des professionnels du tourisme : la Corse devrait pour la deuxième saison consécutive profiter d'un retour des touristes. Pour les hôteliers, comme les dirigeants de l'hôtel Campo dell'Oro à Ajaccio, il s'agit de ne pas rester en rade.

Par Linda Peretti

Après quatre mois de lourds travaux de rénovation, de modernisation, l'hôtel Campo dell'Oro, créé il y a trente ans, à Ajaccio a ouvert ses portes à la mi-février. Cet établissement, aujourd'hui classé trois étoiles, a l'ambition de redémarrer. "Avec 140 chambres et 750 m2 de salons, l'hôtel Campo dell'Oro est l'un des plus gros porteurs de l'île, explique Philippe Frugère, son directeur, arrivé en mai dernier. Mais comme de nombreux autres établissements, durant les cinq années de crise qui ont secoué l'île, il a souffert. Les propriétaires ont décidé de lui donner les moyens de repartir sur de nouvelles bases." Depuis 1992, le restaurant gastronomique était fermé. L'hôtel misait sur une restauration meilleur marché avec un restaurant de plage situé à quelques dizaines de mètres, au bord de l'eau. Aujourd'hui, la structure veut relever le défi du développement. L'hôtel n'est situé qu'à quelques centaines de mètres de l'aéroport international d'Ajaccio, l'aéroport Campo dell'Oro, d'une des plus belles plages de la ville impériale mais aussi de l'institut consulaire bénéficiant d'un auditorium de qualité. L'ambition de l'équipe de direction est d'offrir à l'établissement une activité étalée sur toute l'année, avec notamment l'organisation de congrès, séminaires ou conventions.

Futur palais des congrès d'Ajaccio

Une activité qui pourrait à plus long terme venir en complément du futur palais des congrès d'Ajaccio, dont l'ouverture est prévue au début de l'an 2000. Mais en attendant, l'établissement fait l'objet d'un "toilettage" : "Dans un premier temps, nous avons engagé de lourds travaux de rénovation, poursuit le directeur. Ils portent pour une grande partie sur les chambres, les deux derniers étages, qui se trouvent côté maquis, ainsi que les équipements et la restructuration complète de la cuisine pour pouvoir rapidement rouvrir le restaurant, même si pour l'instant, nous ne cherchons pas à développer une restauration gastronomique." Des travaux qui ne peuvent qu'être autofinancés. Après deux années de croissance, la trésorerie de l'hôtellerie s'est un peu améliorée. Mais si pour l'hôtel Campo dell'Oro, cela a permis d'engager une restructuration, pour de nombreux autres, l'opération retour à l'état de droit dans l'île a mobilisé la quasi-totalité des rentrées financières, car l'endettement reste un facteur paralysant pour la profession en Corse. Sous la pression de l'opération en cours, le secteur hôtelier est "amené" à se mettre en règle avec ses différents créanciers. Le poids du passé, avec des dettes accumulées tant sur le plan fiscal, social que bancaire obère pour de nombreux professionnels tout espoir de redéveloppement rapide. Et en parallèle, les établissements bancaires n'ont pas encore pris le virage du développement, appliquant des normes draconiennes et se refusant encore à réinvestir dans l'île. A tel point qu'un appel leur a été lancé par le ministre de l'Intérieur en visite en Corse mi-janvier. Un appel à "soutenir un tissu économique qui a besoin de crédits pour redémarrer". Ainsi, les établissements qui parviennent, comme le Campo dell'Oro, à s'engager dans une politique de rénovation et de modernisation, ne peuvent y parvenir que sur la base d'un autofinancement qui peut être soutenu par des subventions dans le cadre du contrat de plan Etat Région. Ces opérations s'étaleront donc obligatoirement sur plusieurs saisons.

Une structure financière solide

Mais, il s'agit pour les dirigeants du Campo dell'Oro d'une stratégie à long terme. "Compte tenu de la conjoncture qui s'améliore, nous sommes convaincus que seuls les établissements qui auront eu la subtilité de s'adapter ou qui ont une structure financière suffisamment solide pourront redémarrer, souligne encore le directeur, mais nous ne pouvons pas attendre d'avoir rempli les caisses. Il faut réagir dès maintenant sous peine de ne plus pouvoir prendre le train en marche."
Car tous les indicateurs le confirment. L'année 1999 sera une excellente année en termes de fréquentation touristique pour la Corse. Il n'est déjà plus question d'une augmentation du nombre de touristes en haute saison. Des établissements remplis à plus de 80 % au mois d'août ne peuvent indéfiniment augmenter leur capacité. En revanche, les réservations font état d'un étalement de la saison touristique. Les touristes, que ce soit en groupe ou en individuel, reprennent le chemin de la Corse dès le mois de mars. Elément significatif de cette demande, la SNCM remettra ses navires rapides en service dès le 18 mars. De même, des réservations pour septembre et octobre commencent à être enregistrées. Mais, pour les professionnels, il ne s'agit pas de retomber dans le piège des années quatre-vingt, dans la facilité qui ne consisterait qu'à attendre le passage. D'autant moins que les touristes "nouvelle génération" ont un pouvoir d'achat beaucoup plus faible. S'ils "débarquent" beaucoup plus nombreux, ils dépensent aussi beaucoup moins. Pour réussir à améliorer les chiffres d'affaires, les insulaires doivent faire preuve d'ingéniosité. Pour beaucoup, le retournement de conjoncture est surtout dû aux efforts de promotion engagés par les différents opérateurs présents dans l'île et à ceux des professionnels de l'accueil qui ont dû s'adapter à une situation de grave crise. "Il est vrai que la Corse profite d'une bouffée d'oxygène, au niveau de la fréquentation, poursuit le directeur du Campo dell'Oro. Mais nous ne sommes pas la seule région profitant de cette conjoncture. La Côte d'Azur est également très attractive. Nous devrons donc encore améliorer notre compétitivité. Ce n'est qu'en innovant, en réussissant à s'adapter, en sachant répondre à toutes les demandes même hors norme, même sur des opérations à bas prix que nous parviendrons à fidéliser cette nouvelle clientèle. Après de nombreuses années de crise, l'île a su améliorer son rapport qualité prix, les efforts doivent être maintenus dans ce sens."


"Dans un premier temps, nous avons engagé de lourds travaux de rénovation", explique Philippe Furgère.


"La Corse profite d'une bouffée d'oxygène au niveau de la fréquentation."


L'HÔTELLERIE n° 2607 Magazine 1er Avril 1999

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