Furiani. Ciel résolument bleu. Derrière la brasserie, des métropolitains aperçoivent le stade. « C'est là que... », lance inévitablement l'un d'eux. « Oui », répond-t-on. « Pourquoi avoir construit ici ? » questionne un autre. « Nous sommes au-dessus d'une nappe phréatique, le site se trouve aussi à proximité de Bastia et tout à côté des entrepôts de la Socobo, qui est le plus gros opérateur de l'île en matière de boissons. » Un dernier coup d'il instinctif au-delà des fûts empilés et la visite démarre. « La construction de la brasserie Pietra a commencé en 1995 et la mise en route de la production a eu lieu en mai de l'année suivante. » Répartition du capital (3 000 000 F) : SARL Pietra 54 % (actionnaires majoritaires Armelle et Dominique Sialelli) ; Socobo 19 %, Femu Qui 17 % et Cadec 10 %.
La Corse possède depuis 1995 sa bière et sa brasserie. Dans les règles de l'art
brassicole.
Le projet date, quant à lui, de 1992. Dominique Sialelli, animé par une « volonté
forte de retour au pays », réfléchit alors à la « fabrication d'un produit
innovant, non concurrent d'un produit déjà existant localement », et qui
s'intégrerait « parfaitement aux besoins d'un pays au climat méditerranéen ».
Pourquoi pas une bière ?
« De sa naissance jusqu'à sa mort, toute la vie d'un Corse est bercée par le
châtaignier », dit un vieux dicton corse. « La châtaigne, reprend
Dominique, outre ses qualités biologiques, s'inscrit dans l'histoire et le patrimoine
de la Corse. Elle nous est apparue comme la matière première idéale pour entrer dans la
composition de la bière corse. » Les premiers essais ont eu lieu en Alsace.
La farine de châtaigne « hautement fermentescible » donne une bonne tenue de
mousse et la bière obtenue présente une robe de couleur vieil or. « Mélangée au
malt pendant l'empâtage, 1re manipulation du process brassicole, la farine de châtaigne
est utilisée comme une matière première et non comme un arôme », précise le
brasseur.
Reste ensuite à « valider la recette » auprès des consommateurs. Les tests effectués
en Corse et sur le continent le confirment. La bière à la châtaigne se révèle une
excellente idée.
De 2 300 à 10 000 hl
Passée de 2 300 hectolitres en 1996 à 6 350 l'an dernier, la brasserie devrait
approcher les 10 000 hectolitres en 1998. La Pietra, bière « ethnique », bière ambrée
titrant 6°, a le vent en poupe. Distribuée à l'échelon national, la voici partie pour
le Québec, l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne et la Suisse. Au début de l'été, Dominique
Sialelli innove une seconde fois avec la Serena. « Une blonde comme le soleil de
Corse, plus légère. Ses 4,8° lui confèrent un grand pouvoir désaltérant .»
Pietra et Serena. Deux bières dont les noms côte à côte forment celui du village de
haute Corse qui a vu naître Dominique Sialelli, Pietraserena.
Deux bières particulièrement appréciées des Corses. La Pietra est largement présente
dans les bars et les restaurants de l'Ile de Beauté et des restaurateurs proposent
aujourd'hui des recettes faites à partir d'elle.
Armelle Sialelli, l'épouse de Dominique, espère, quant à elle, séduire le continent
(dont elle est originaire - c'est une rouen-
naise -) avec un concept de bar à bières dont le décor s'inspire de la tradition corse.
Bière et charcuterie font très bon ménage.
La petite dernière de la brasserie, sortie juste avant l'été : la blonde Serena.
Pietra est disponible en fûts et en petites bouteilles.
AnimationPietra revendique non seulement la nationalité corse, mais également la
classification bière d'automne. « Un petit supplément de vacances »,
annonce-t-on.
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L'HÔTELLERIE n° 2586 Magazine 05 Novembre 1998