Installé depuis maintenant huit ans à son compte, Albert Corre, jeune chef accompli, étoilé Michelin depuis mars 96, a investi la somme de 800.000 francs pour donner un nouveau look à son établissement. Outre la disposition des lieux inchangée, le restaurant arbore une nouvelle jeunesse. Dans des teintes jaune et bleu, très chères au maître des lieux, le restaurant a été refait sur mesure par Dominique Honnet. Cet architecte est l'auteur de plusieurs établissements de renom comme La Grande Cascade à Paris, Le Lion d'Or à Romorantin, les restaurants Chez Clément à Paris et bien d'autres.
Revue de détails
Sans agrandir l'espace, l'architecte a su le mettre en valeur en introduisant sur les
murs de grands miroirs entrecoupés de panneaux de bois clair et de tissu. «Les
miroirs permettent à la fois de doubler l'espace et d'éloigner les distances, explique
Dominique Honnet. Cela crée une sorte de confusion de l'espace, à l'image des trois
dimensions», souligne-t-il. Sur les miroirs, Albert Corre et Dominique Honnet se sont
amusés à accrocher des tableaux. Dans le décor qu'il a créé au Pergolèse,
l'architecte a voulu l'harmoniser au personnage et à la cuisine du jeune chef, comme il a
l'habitude de le faire régulièrement. «N'oublions pas qu'un restaurant est d'abord
et avant tout un lieu de gourmandise, fait-il remarquer. Il faut donc l'habiller de
façon à sensibiliser la clientèle sur le plan visuel, mais aussi tactile, d'où
l'importance du choix des tissus et des matières premières, outre l'aspect gustatif. Il
faut réussir à donner une telle sensation de confort au convive qu'il pourrait se sentir
chez lui. Seulement aujourd'hui, celui-ci n'a plus le temps de cuisiner ou ne sait plus,
et quand il reçoit des amis, son premier réflexe est de les emmener au restaurant».
Telles sont les raisons pour lesquelles Dominique Honnet a rendu à ce petit restaurant du
XVIème arrondissement une certaine convivialité où le consommateur a envie de passer un
agréable moment. Dans l'entrée, la moquette a été remplacée par du carrelage, le bar
a été remplacé par un autre, autour duquel le décorateur a installé un élément de
garde-corps provenant d'un escalier. Un détail original qui reste discret. Derrière le
bar, la cave de jour apporte une animation supplémentaire au restaurant. Dans la salle du
restaurant, la moquette a été changée. Le tissu des banquettes s'harmonise à celui
posé sur le mur, ainsi qu'aux rideaux, maintenus par des embrases réalisées à partir
de raphia et de morceaux de cristaux de lustres. Côté éclairage, les appliques
accrochées aux murs apportent une touche supplémentaire de confort par rapport à
l'éclairage direct de la salle. Un variateur permet au restaurateur de régler à tout
moment l'intensité de la lumière. En outre, le décor n'existerait pas sans les mille et
un petits détails qui lui donnent cet aspect convivial.
Achevés au mois de septembre dernier, après quatre semaines de travaux, cette
rénovation n'a pas apporté une augmentation du taux de fréquentation du restaurant, qui
se remplit de lui-même depuis maintenant plusieurs années, mais plutôt une croissance
de la cadence de la fréquentation des clients fidèles. Un décor dont Albert Corre est
fier. «Ma cuisine a retrouvé un cadre dans lequel elle s'intègre parfaitement, ce
qui est très important pour ma clientèle.»
Les panneaux de bois clair apportent un côté chaleureux à l'espace. Photo S.
Barco.
L'HÔTELLERIE n° 2578 Magazine 10 Septembre 1998