Sur les étagères des apothicaireries, les pots étaient nombreux et leurs dessins variés. Quant aux formes, elles correspondaient à des utilisations bien précises. Il faut dire que depuis la nuit des temps, les hommes se sont évertués à chercher des potions miracle pour guérir les maladies, diminuer la souffrance, retarder le vieillissement. L'utilisation savante des plantes fut le premier moyen pour cicatriser les plaies et soulager la douleur. Leurs effets curatifs, sans être miraculeux, devaient être bien réels puisque aujourd'hui encore, elles sont largement utilisées.
Pour conserver ces précieuses préparations salvatrices, il fallait bien sûr, des récipients étanches, les protégeant de l'altération. Au fil des siècles, tous les matériaux furent testés pour leur fabrication : bois, albâtre, ivoire, corne, verre, argent, plomb, etc. La faïence rencontra bientôt tous les suffrages des apothicaires.
A partir du Moyen-Age, apparaissent en France de nombreux hospices religieux ou civils. Ces établissements hospitaliers avaient grand besoin de récipients pour conserver les onguents et autres préparations aux vertus diverses. Et dès le XVIème siècle, de nombreuses faïenceries vont se lancer dans la production de pots de pharmacie. Leurs créations aux formes variées et harmonieuses, aux couleurs éclatantes, vont apporter une touche de gaieté dans l'univers austère de la médecine.
D'un effet décoratif incontestable
Après avoir atteint son apogée au XVIIIème siècle, la fabrication de ces récipients s'arrêtera au XIXème siècle avec l'arrivée massive de la faïence fine à décor imprimé, mais aussi en raison de leur remplacement progressif par la porcelaine dure que l'on préférera à la faïence.
Contrairement à beaucoup d'autres objets utilitaires, ces pots de pharmacie ne passeront pas par les oubliettes avant d'être redécouverts. Ils auront beaucoup plus de chance : à peine mis à la retraite professionnelle, ils entament une seconde vie en devenant aussitôt des objets d'art très recherchés.
Imposantes par leur taille, certaines de ces poteries sont du plus bel effet dans un hall d'hôtel. S'adaptant à tous les styles, elles contribuent au prestige du décor. Elles peuvent être utilisées en pieds de tables, pieds de lampes ou jarres pour la décoration florale. Plus petites, elles peuvent se transformer en vases ou pieds de lampes, et posées sur un piédestal, elles sont un objet décoratif à part entière. C'est au sein d'une superbe galerie parisienne, que la société Theriaca, spécialisée dans la réédition de pots d'apothicaires du XVème au XVIIIème siècles, présente ces véritables oeuvres d'art. *
Grand vase d'une hauteur de 63 cm, pour décoration florale. Décor de Geneva
XVIème siècle.
Grand vase à Thériaque de 45 cm de hauteur. Décor de Rouen XVIIIème siècle.
Décor Castelli XVIIème siècle pour cette poterie transformée en pied de lampe.
Grand Albarello avec couvercle de 43 cm de haut, décor de Firenze XVIIème siècle.
L'HÔTELLERIE n° 2551 Magazine 5 Mars 1998
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