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Elégance des blancs

Roussane, marsanne et viognier sont les trois cépages qui, en assemblage ou séparément, donnent les grands blancs des côtes du Rhône septentrionales. Très connus, comme l'hermitage, le condrieu et le crozes-hermitage, moins connus comme le saint-péray ou le saint-joseph blanc, ils s'accordent tous avec la cuisine de notre époque. De par leur nez de fleurs blanches, parfois d'iris pour les uns, auxquels se mêlent les fruits de la vallée (pêches et surtout abricots) pour les autres, il savent plaire à une clientèle féminine et les Anglo-Saxons rêvent de tous nous les acheter.

< Hermitage

La légende veut que le Chevalier de Sterimberg, las de pourfendre les Albigeois, s'en repentit en se consacrant à la prière et à la culture de la vigne autour d'un ermitage, en haut de la colline de Tain. Bien lui en prit, et les hommes de guerre devraient plus souvent se consacrer à la terre, car cette fameuse colline, abritant les vignes des vents du Nord, produit des blancs qui peuvent sans complexe rivaliser avec les meilleurs bourgognes. Bien entendu, ce sont des vins chers, mais après tout, moitié moins chers que les derniers cités. On peut certes les boire jeunes, mais ceux qui savent les attendre se préparent de grands moments de bonheur ! ils font de belles alliances avec les cuisines très marquées par les saveurs méditerranéennes, ils accompagnent la truffe et ne détestent pas partir à la rencontre des cultures gastronomiques lointaines pour réaliser des accords parfaits avec des spécialités chinoises ou indiennes.


Vignoble de l'Hermitage

> M. Chapoutier 18 av. Docteur Paul
Durand 26600 Tain l'Hermitage
tél. 04 75 08 28 65 fax 04 75 08 81 70
Si les cuvées « De l'Orée » et « Le Méal » sont des bijoux de l'appellation, inaccessibles comme toutes les choses rares et belles, la maison Chapoutier sait satisfaire une plus large clientèle avec « Chante-Alouette ». Ce vin, qu'on a peine à qualifier de générique, est certainement ce qui ce fait de mieux à prix très raisonnable. 1992 fut une vraie merveille et ceux qui en ont dans leur cave peuvent encore le laisser dormir. Les millésimes 1996 et 1997 sont comme à l'habitude de luxueux « vins de soif ». Il serait judicieux d'en mettre deux bons tiers de côté.

> Jean-Louis Chave
37, av. du saint-joseph 07300 Mauves
tél. 04 75 08 24 63 fax 04 75 07 14 21
Un très grand classique de l'appellation dont la cave ne renferme plus que des bouteilles réservées à l'avance. Un 1995 plus qu'exceptionnel dont la bouche garde longtemps la caresse après son passage. Dommage qu'il n'y en ait pas pour tout le monde !

> Marc Sorrel 128 bis, av. Jean-Jaurès
B.P. 69 26600 Tain-l'Hermitage
tél. 04 75 07 10 07 fax 04 75 08 75 88
L'hermitage « Cuvée Classique » blanc est introuvable (un peu plus de 1500 bouteilles !), la cuvée « Les Rocoules » est un bon compromis pour goûter les vins blancs de ce grand vinificateur de l'hermitage. Le millésime 1996 est un vin plaisant à boire dès aujourd'hui.

< Condrieu

Avec un peu d'audace, on pourrait comparer le condrieu à la marque Lacoste®, tant son cépage, le viognier, a servi à le copier, l'imiter, le plagier. Malheureusement pour certains et heureusement pour les vignerons de l'appellation, si les cépages circulent facilement, les terroirs eux, ne bougent pas. C'est donc ici, que le viognier donne le meilleur de lui-même. La petite appellation de condrieu a failli disparaître plusieurs fois, mais ni le phylloxéra, ni la guerre de 1914 qui a fauché une bonne partie des jeunes viticulteurs de l'époque, n'ont eu raison d'elle.
Son nez puissant de violette, d'iris, de fleurs des champs, d'abricot en font un vin élégant qui procure un grand plaisir à l'apéritif, pour ensuite donner tout sa puissance, sur les meilleurs plats de poissons. Le condrieu se sert jeune (1 à 3 ans) mais certains millésimes peuvent se laisser vieillir.

> François Villard
Monjout 42410 Saint-Michel-sur-Rhône
tél. 04 74 56 83 60 fax 04 74 56 87 78
François Villard a commencé sa vie professionnelle dans les cuisines. En 1990, il change de cap et plante des vignes dans le condrieu. Belle reconversion, car aujourd'hui il est considéré comme un des meilleurs. Sa cuvée « Coteaux de Poncins » est un grand vin de garde.


François Villard

> Georges Vernay
1 rte Nationale 69420 Condrieu
tél. 04 74 59 52 22 fax 04 74 56 60 98
Le « Coteau de Vernon » est, chaque année, une des cuvées « phares » de l'appellation. Il est quasiment impossible de s'en procurer, tellement les clients fidèles se l'arrachent. Chez Georges Vernay, ont peut cependant se rabattre sur « Les Chaillées de l'Enfer » ou même sur la cuvée générique qui dépasse bien souvent le lot de l'appellation.

> André Perret
Verlieu 42410 Chavannay
tél. 04 74 87 24 74 fax 04 74 87 05 26
La cuvée « Coteau de Chéry » est un bijou de l'appellation en blanc. Ce jeune viticulteur sait faire ressortir toute la gamme aromatique que l'on peut espérer d'un condrieu : violette, poire, pêche et même réglisse qui nous rappellerait presque certains vins de Loire.

> Antoine Montez
Domaine du Monteillet 42410 Chavanay
tél. 04 74 87 24 57 fax 04 74 87 06 89
Un des plus grands nectars des coteaux de Condrieu. La cuvée « Grain de Folie » est une bouteille introuvable au domaine, mais quelle bouteille !

> Philippe Faury
La Ribaudy 42410 Chavanay
tél. 04 74 87 26 00 fax 04 74 87 05 01
Un viticulteur qui n'hésite pas à marquer fortement son condrieu avec le bois neuf, mais lorsqu'on sait l'attendre, c'est un véritable plaisir d'ouvrir une bouteille sur une terrine de canard colvert, par exemple.

< Crozes-Hermitage

À peine 10 % de l'appellation est vinifiée en blanc, ce qui représente environ 3 000 hl. C'est cependant dans cette AOC que l'on trouve les meilleurs rapports qualité-prix en blanc. Certaines bouteilles peuvent rivaliser avec des hermitages génériques. Elles sont l'œuvre de jeunes vignerons très dynamiques qui n'ont de cesse de travailler pour la réputation de la plus étendue des appellations des côtes du Rhône septentrionales. Le crozes-hermitage blanc, que certains guides s'évertuent encore à proposer avec des poissons de rivière, est un vin idéal pour déguster la cuisine provençale. L'ail, l'huile d'olive ne lui font pas peur. Il suffit alors de le rafraîchir 1/4 d'heure avant la dégustation dans un seau à glace.


Dans les vignes de crozes-hermitage

> Alain Graillot
Domaine Les Chênes Verts
26600 Pont-de-l'Isère
tél. 04 75 84 67 52 fax 04 75 07 24 31
Qui ne connaît Alain Graillot, le célèbre autodidacte de l'appellation qui, en quelques années en est devenu le leader ? Sa gentillesse, son dévouement n'ont d'égal que la qualité de ses vins. Contrairement à certains, qui ne reçoivent même plus sur rendez-vous, Alain Graillot continue à consacrer du temps aux amateurs qui viennent déguster à la cave. Nous aurions pu tout aussi bien le sélectionner pour ses crozes rouges qui sont parmi les plus remarquables, mais ce sont ses blancs qui nous ont séduits. Le crozes-hermitage blanc que nous avons bu chez un restaurateur dernièrement était un bijou d'élégance.


Alain Graillot

> Paul Jaboulet Aîné Les Jalets RN7
B.P. 46 La Roche-de-Glun
tél. 04 75 84 68 93 fax 04 75 84 56 14
La grande maison Jaboulet est présente sur presque toute la gamme des côtes du rhône septentrionales et sur une majorité des cartes des restaurants français et étrangers. Nous avons eu un coup de cœur pour son crozes-hermitage « La Mule blanche », millésime 1996, qui est en pleine possession de ses moyens actuellement. C'est un festival pour accompagner une simple brandade de morue, un plat cher à notre ami Christian Étienne, à Avignon.

> Domaine Pochon
Château Curson 26600 Chanos-Curson
tél. 04 75 07 34 60 fax 04 75 07 30 27
Étienne Pochon est un perfectionniste. Pour lui, la recherche de la qualité, tant dans le soin de sa vigne que dans la vinification, est une inépuisable source de passion. Certains guides, on ne sait pourquoi, le présente comme un adepte de la culture biologique, ce qui est faux, même si, par ailleurs, le souci de pratiquer une viticulture en symbiose avec la nature lui tient particulièrement à cœur.
« Château Curson » est un crozes-hermitage complexe, marqué dans son jeune âge par le bois neuf. 1997 est un millésime qui donnera encore beaucoup de plaisir dans quatre ou cinq ans. Les amateurs de bourgognes blancs devraient bien se tourner vers ce vin de haut rang qui n'est pas encore hors de prix.


Étienne Pochon

> Cave Desmeure
Domaine des Remizières
rte de Romans 26600 Mercurol
tél. 04 75 07 44 28 fax 04 75 07 45 87
Une exploitation familiale qui a beaucoup progressé ces dernières années, tant en surface qu'en qualité. Le domaine produit de nombreux blancs (saint-joseph, hermitage, viognier), mais nous l'avons retenu pour ses deux cuvées de crozes blanc, plus particulièrement la cuvée « Christophe » 1996 que nous avons dégusté chez un restaurateur avec un aïoli. C'était sublime ! Le millésime 1997 est également prometteur.

> Bernard Chave
La Burge 26600 Mercurol
tél. 04 75 07 42 11 fax 04 75 07 47 34
Le domaine est dirigé depuis le millésime 96 par le fils, Yann, qui a apporté beaucoup de changements. Lutte raisonnée, vendanges en vert, éraflage pour les rouges, bois neuf (10 % seulement) pour les blancs donnent des vins de plus en plus recherchés. Paul Bocuse, Alain Ducasse et Georges Blanc ne s'y sont d'ailleurs pas trompés. Le millésime 1997 est très plaisant.

< Saint-Joseph

L'appellation est beaucoup plus connue pour ses rouges que pour ses blancs. Pourtant, les viticulteurs sont de plus en plus nombreux à réserver quelques parcelles à ce vin qui peut, à notre avis, rivaliser avec les plus grands blancs.
Il est de bon ton de conseiller de boire le saint-joseph blanc dans les deux ou trois premières années, mais certains sommeliers, qui ont su garder des bouteilles de 1989, donnent aujourd'hui un plaisir immense à leurs clients.

> Bernard Gripa
5, avenue Ozier 07300 Mauves
tél 04 75 08 14 96 fax 04 75 07 06 81
Un grand spécialiste du saint-joseph blanc. Il n'y a déjà plus de 1996 en cave, c'est bien dommage, mais le millésime 1997 est tout aussi harmonieux. La cuvée « Le Berceau », malheureusement dans des quantités très limitées, est une merveille.

> M. Chapoutier
18, avenue du Docteur Paul Durand
26600 Tain-l'Hermitage
tél 04 75 08 28 65 fax 04 75 08 81 70
La cuvée « les Granits » fait partie des plus grands saint-joseph blancs. Mauvaise ou bonne année, elle reste un étalon de l'appellation. Le millésime 1997 est à boire lentement, en attendant sagement les hermitages de la maison.

> Cave de Saint-Désirat
07340 Saint Désirat
tél 04 75 34 22 05 fax 04 75 34 30 10
Une cave-coopérative bien connue pour son travail de qualité en faveur du saint-joseph. Le blanc nous a particulièrement séduit, le millésime 1997 peut être servi à l'apéritif et poursuivre sur tous les plats de poisson en sauce. Il devrait pouvoir se garder quelques années.

> Hervé et Marie-Thérèse Richard
Verlieu 42410 Chavannay
tél 04 74 87 07 75
Un jeune couple dont les vins commencent à sortir régulièrement dans les dégustations. Leur saint-joseph blanc est bien fait et mérite de figurer sur les bonnes tables. À suivre avec beaucoup d'attention.

> Jean-Louis Grippat
La Sauva 07300 Tournon
tél 04 75 08 15 51 fax 04 75 07 00 97
La bouillonnante Sylvie, fille de Jean-Louis nous fit déguster, lors de notre passage, les blancs du domaine. Était-ce le rayon de soleil de printemps ou la mise en bouteilles des rouges qui avait lieu ce jour là, notre dégustation fut un peu décevante et ces vins ne s'ouvrirent pas pour honorer notre visite. Nous pouvons cependant faire confiance aux vignerons de ce domaine qui ont l'habitude de nous offrir des vins remarquables.


Sylvie et Jean-Louis Grippat

< Saint-Péray

Ce tout petit vignoble, situé en face de Valence, sur les communes de Saint-Péray et Toulaud, est durement concurrencé par les villas qui se construisent sur les coteaux. Le saint-péray mérite vraiment qu'un grand négociant s'intéresse à nouveau à lui pour le relancer. On prête des intentions dans ce sens à Michel Chapoutier. Très connue au siècle précédent pour son vin mousseux, l'appellation est aujourd'hui incapable de résister à la puissance financière des autres pétillants. C'est donc principalement vers le saint-péray tranquille que quelques viticulteurs se sont tournés avec bonheur.
Même si Robert Parker n'y voit qu'une appellation sans avenir, « faisant figure actuellement de dinosaure de la vallée du Rhône », nous y avons rencontré des viticulteurs qui méritent de voir leur production à la table des meilleurs restaurants. À une époque où les restaurateurs cherchent des vins d'un bon rapport qualité-prix, le saint-péray est très bien placé.

> Bernard Gripa
5, avenue Ozier 07300 Mauves
tél 04 75 08 14 96 fax 04 75 07 06 81
Un des meilleurs vins de l'appellation. Souvent sélectionné dans les guides. Son 95 était une merveille, le 97 n'en est pas loin. La cuvée « les Figuiers », marquée pour l'instant par le bois, devrait être impressionnante dans trois ou quatre ans.

> Stéphane Robert
Domaine du Tunnel
20, rue de la République
07130 Saint-Péray
tél 04 75 80 04 66 fax 04 75 40 38 60
Un jeune viticulteur qui monte et qu'il faut découvrir rapidement. Son saint-péray tranquille a obtenu, cette année encore, la médaille d'or au Concours agricole de Paris. Nous avons dégusté avec lui son premier saint-péray, vinifié en 1994... Il pourrait « bluffer » plus d'un spécialiste !

> Cave de Tain l'Hermitage
22 route de Larnage BP 3
26600 Tain l'Hermitage
tél 04 75 08 20 87 fax 04 75 07 15 16
La cuvée « les Nobles Rives » tire vers le haut l'appellation. Un très bon vin qui se trouvera parfaitement en accord avec les fruits de mer, mais qui a également sa place pour accompagner une belle volaille de Bresse à la crème.

> Sylvain Bernard
Domaine de la Fauterie
07130 Saint-Péray
tél 04 75 40 46 17 fax 04 75 81 06 60
Sylvain Bernard, qui n'est pas issu du milieu viticole, s'est lancé dans l'élaboration de plusieurs vins : saint-joseph, cornas et il est l'un des grands spécialistes du saint-péray tranquille. Ce viticulteur offre, certaines années, des vins d'une grande longueur en bouche, ce qui est plutôt rare pour cette appellation. Le 96 était sans aucun doute petite merveille.

Nez de fleurs blanches, parfois d'iris pour les uns, auxquels se mêlent les fruits de la vallée, pêches et surtout abricots, pour les autres.

Col. Jaboulet
Certains coteaux nécessitent un travail manuel qui représente des centaines d'heures de labeur, seulement valorisées par la production de vin de grande qualité.


L'HÔTELLERIE n° 2612 La Cave 6 Mai 1999

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
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