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du 19 juin 2003
CONJONCTURE

n NORMANDIE

L'ami américain boude toujours

A l'approche de la saison, tous les professionnels travaillant avec la clientèle américaine affichent une inquiétude légitime, sans pour autant faire de catastrophisme. La désaffection est bien réelle, mais apparemment pas définitive.

Même si dernièrement plusieurs indicateurs semblent repasser au vert (réchauffement politique, reprise économique américaine revue à la hausse), il n'en demeure pas moins que les médiocres relations franco-américaines de ces derniers mois pèsent sur l'économie touristique hexagonale. Si toutes les régions ne sont pas concernées par cette clientèle de choix, ce n'est pas le cas de la Normandie, 4e région réceptrice (derrière l'Ile-de-France, la Provence-Alpes-Côte d'Azur et l'Aquitaine) avec 264 000 nuitées américaines comptabilisées en 2002. Voici 2 ans à peine, les événements du 11 septembre donnaient des sueurs froides aux hôteliers-restaurateurs et à nombre de professionnels du tourisme axés sur ce marché. Au mémorial de Caen par exemple, on ne parle pas de baisse mais de "chute" de la clientèle US depuis cette date. Pour autant, selon l'Insee, dans le Calvados, le recul de la clientèle américaine ne s'est pas confirmé sur 2002, enregistrant, au contraire, une augmentation de 2,5 % du nombre des nuitées. A l'époque, les clients avaient certainement apprécié les nombreux messages de soutien envoyés par les professionnels français.

Faire une croix sur la reprise immédiate
Cette année les Américains boudent le territoire français pour d'autres raisons. Selon Philippe Gay, directeur du CDT du Calvados (63 % des nuitées américaines en Normandie, soit plus de 166 000 nuitées en 2002), "on ne va certainement pas retourner la tendance en quelques mois, et nous pouvons faire une croix sur la reprise immédiate de ce marché. Pour autant, ne faisons pas de catastrophisme pour la saison à venir. La clientèle française et européenne peut compenser la baisse américaine". Dixit le directeur du CDT 14, la désaffection américaine ne concernerait qu'un secteur géographique limité de la Normandie, à savoir les plages du Débarquement, Caen et Bayeux. "Sur la côte Fleurie, les gros établissements compensent largement avec une autre clientèle", ce qui est notamment le cas chez Lucien Barrière à Deauville où la clientèle US est loin d'être majoritaire. Au Château d'Audrieu par contre, situé entre Bayeux et Caen, "nous ressentons une forte baisse depuis février", précise Willy Grévin, directeur de ce Relais & Châteaux où la clientèle américaine, essentiellement individuelle, représentait plus de 55 % de la clientèle totale en 2001 et 50 % en 2002. "Nous avons donc déjà enregistré une baisse l'an dernier, mais elle est plus sensible cette année", avec 50 % de cette clientèle perdue en avril et 40 % en mai ! Pour autant, cette baisse n'est pas proportionnelle à celle du chiffre d'affaires qui recule de 5 % en avril (compensé par la clientèle française et anglaise) et de 25 % en mai. Et Willy Grévin paraît moins préoccupé qu'au printemps puisque "les réservations redémarrent pour septembre et octobre. Nous n'avons en fait reçu que 2 ou 3 courriers d'annulation faisant référence au différend politique". Le directeur compte également sur l'offensive promotionnelle de la chaîne aux Etats-Unis pour limiter la casse. Non loin de là, sur la commune de Bayeux, au Château de Sully, adhérant à Châteaux et Hôtels de France, Antoine Brault, le directeur, sent lui aussi "un petit courant de relance pour septembre - octobre".
Il n'empêche que l'établissement a connu une forte chute de sa clientèle américaine passant de 58 % en 2002 à 14 % en 2003 ! "C'est bien simple, depuis le début de l'année, nous n'avons plus de réservations, et celles que nous avions ont été annulées pour la plupart. Ceci pour plusieurs raisons. La guerre, bien entendu, le dollar, la peur d'être mal reçu en France et également l'envie de nous punir. Ils sont vraiment en colère, et nous avons eu des lettres d'annulation très virulentes." Ici comme ailleurs, la saison, malgré le réchauffement des relations, semble compromise avec cette clientèle qui "réserve très longtemps à l'avance". La baisse du chiffre d'affaires n'est pas proportionnelle bien que le Château de Sully observe une chute de 28 % en avril. Aujourd'hui, Antoine Brault compte sur cette fenêtre d'apaisement pour "relancer les mailings auprès des agences afin de capter la clientèle américaine en octobre - novembre et remettre la France au goût du jour".
Une chose est sûre cependant, tout le monde reste dans l'expectative lorsqu'il s'agit d'aborder les manifestations en 2004 du 60e anniversaire du Débarquement. Il ne s'agirait pas en effet de rater une seconde saison d'affilée...
O. Marie zzz14

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L'Hôtellerie Restauration n° 2826 Hebdo 19 Juin 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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