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du 5 juin 2003
HÉBERGEMENT

Dans la ville thermale de Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne)

L'ADAPTATION DIFFICILE DU PRODUIT HOTELIER

Confrontés depuis plusieurs années à la remise aux normes de leur établissement et à l'absence de structures parathermales sur la ville, des hôteliers ont fait le choix d'une reconversion de leur activité ou d'une cession de leur bien à destination de produits résidentiels.


Les Thermes de Luchon sont notamment voisins de l'Hôtel des Bains, vendu en 1998 et transformé en résidence.

Historiquement ancrée sur une culture du thermalisme, offrant à la population de curistes des activités post-cures en après-midi ou en soirée (théâtre, casino, orchestres sur les allées de la ville), Bagnères-de-Luchon a bénéficié d'une notoriété qui lui valut le surnom de 'Reine des Pyrénées'. Avec le recul des cures thermales, bon nombre d'établissements ont fait le choix d'une ouverture saisonnière d'avril à octobre. Mais depuis une dizaine d'années, faute de pouvoir entreprendre les investissements nécessaires à une mise en conformité avec la réglementation et d'assurer leur amortissement grâce à un remplissage suffisant, les hôteliers passent la main.
L'un d'entre eux, l'Hôtel des Bains, implanté à deux pas des thermes, a été vendu en 1998 et transformé en résidence. Intégré à l'architecture de la ville, le bâtiment classé appartenait depuis 1870 aux membres de la famille Guardia et disposait de 60 chambres en catégorie 2 étoiles. "A Luchon, on trouve de vieux hôtels qui ont un intérêt architectural, mais qui ne sont pas forcément conçus pour entrer dans une logique de productivité. Il y a 20 ans, 30 % de la clientèle curiste allait facilement à l'hôtel. Il y a un important glissement depuis 3 ans par l'augmentation du nombre d'appartements et cette proportion est tombée à 10 %. Aujourd'hui, les cures représentent néanmoins 80 % du chiffre d'affaires sur notre second établissement. Nous arrivons à un remplissage correct sur les petits séjours d'été et avec une grosse clientèle de ski", remarque Alain Guardia, ancien patron de l'Hôtel des Bains et propriétaire de l'hôtel-restaurant d'Aquitaine.
Après 12 ans d'activité, José Redondo a quant à lui jeté l'éponge en octobre dernier. Son hôtel de 16 chambres classé 1 étoile n'était plus assez rentable. Après transformation et l'obtention d'un agrément, le bâtiment prendra un autre cap sur la location de meublés. "J'ai préféré arrêter ma profession, le métier est amené à disparaître. Je considère que l'Etat et l'administration ne veulent plus de nous. En tant qu'hotelier-restaurateur, j'étais dans les normes, nous avions tout refait en 1994. Mais quand on voit l'arsenal administratif répressif, c'est une lutte sans fin", remarque avec amertume José Redondo, propriétaire de l'ancien hôtel Baliran. La proximité avec 2 stations de ski (Superbagnères et Peyragudes) incite néanmoins les promoteurs à ouvrir des résidences de tourisme sur des produits en gestion locative. Le groupe Lagrange prévoit ainsi en avril 2004 la livraison de 80 appartements neufs sur une résidence située sur une gamme 3 étoiles plus (piscine chauffée, sauna, hammam). Là encore, on ferme des chambres d'hôtels alors que la demande en hébergement existe, une demande qui sera désormais satisfaite par les résidences de tourisme qui, de par les avantages fiscaux dont elles disposent, peuvent offrir des produits à un prix beaucoup plus bas...

Des hôtels mis à contribution pour les festivaliers
Malgré l'accroissement constant du marché du thermoludisme et de la remise en forme, la ville a du mal à renouveler son image de station thermale tournée vers la cure médicale par manque de structure. "La remise en forme existe déjà un peu sur Luchon avec le centre Vitaline, mais n'est pas suffisamment développée faute de moyens", commentait il y a 2 ans le maire de la ville, René Rettig. A cette même époque, la ville avait racheté l'hôtel Majestic et son parc de 2,5 hectares aux Hôpitaux de Toulouse en vue d'un programme complet sur la réhabilitation de l'hôtel en catégorie 3 étoiles, la construction d'une résidence et d'un centre de remise en forme. Après avoir revendu son bien à un promoteur et accordé un permis de construire pour un projet de quatre immeubles sur cinq niveaux, la municipalité doit aujourd'hui attendre une décision du tribunal administratif de Toulouse. Une association a en effet porté plainte estimant que le permis ne correspondait pas au plan d'occupation des sols (POS) et que la loi Sapin sur la procédure d'appel d'offres n'avait pas été respectée.
Aujourd'hui, un seul établissement propose une offre en 3 étoiles. La ville espère la réouverture du Majestic d'autant que le festival international du film TV est entré dans son rythme de croisière, drainant près de 10 000 spectateurs en 4 jours. Pour la quatrième édition qui a eu lieu en février dernier, malgré leur fermeture annuelle, deux hôtels ont été mis à contribution pour répondre à l'affluence des festivaliers. "Le festival sert de promotion à la ville et nous demandons aux hôteliers d'être partenaires de cette opération. La location en diffus est très importante. Ce qui manque à la ville, c'est une hôtellerie un peu plus haut de gamme. Nous manquons d'outils pour développer la clientèle d'entreprise sur les séminaires et les congrès", commente Xavier Soubiron, directeur de l'office de tourisme. zzz22v zzz37

En chiffres
Bagnères-de-Luchon recense un parc de 18 000 lits (toutes structures de séjour confondues) dont 2 300 lits pour l'hôtellerie pure, soit 12,7 %, de l'offre totale. La ville compte 38 hôtels (établissements homologués et non-homologués) :
w 3 étoiles : 1 hôtel

w 2 étoiles : 18 hôtels
w 1 étoile : 12 hôtels
w 7 hôtels non-homologués

Selon l'office de tourisme de Bagnères-de-Luchon, 900 000 nuitées ont été enregistrées l'an dernier sur la période du 1er avril au 31 octobre (N.D.L.R. : nuitées comptabilisées sur le parc hôtelier, mais aussi sur les structures de séjour type appartements labellisés Clé-Vacances chez un particulier ou résidence de tourisme).
Les curistes représentaient 37 % de la fréquentation, la clientèle touristique 63 %. Il y a 20 ans, ces proportions étaient inversées.

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