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du 24 avril 2003
FORMATION

n BAISSE DES EFFECTIFS, L'INSULARITÉ EN CAUSE

Le lycée hôtelier des Sorbets quitte Noirmoutier

400 élèves il y a 10 ans, 296 élèves l'an dernier, 226 lors de la dernière rentrée... L'érosion des effectifs au lycée hôtelier privé des Sorbets à Noirmoutier a, en 2002, atteint sa cote d'alerte, mettant en situation délicate l'équilibre financier de l'établissement.

Le site originel de Noirmoutier sera définitivement fermé dès la prochaine rentrée scolaire. Pour autant, toutes les formations seront transférées à La Roche-sur-Yon, chef-lieu de la Vendée. Un tournant historique pour cet établissement scolaire renommé. "C'est avec un pincement au cœur que nous quitterons Noirmoutier", témoigne Jean-Paul Besseau, directeur des Sorbets. Mais l'heure n'est pas aux lamentations, elle est plutôt au soulagement : "Nous étions inquiets depuis longtemps. L'annonce du transfert des formations vers La Roche-sur-Yon est désormais synonyme d'espoir..."
Tourné vers les métiers de la couture lors de sa création en 1949, l'établissement, situé au cœur du très huppé Bois de la Chaize, s'était spécialisé vers les métiers de l'hôtellerie-restauration en 1977. Rapidement, Les Sorbets se sont taillé une belle notoriété dans la région, recrutant également dans les départements limitrophes. 10 ans d'une croissance soutenue pour atteindre des effectifs de plus de 550 élèves en 1987. Mais les temps ont changé, et d'année en année, le lycée privé hôtelier a vu ses effectifs décliner.

Handicap majeur
Un phénomène que Jean-Paul Besseau explique par la conjonction de différents facteurs, dont les effets négatifs ont été amplifiés par l'insularité. Ainsi, "l'évolution de la scolarisation dans les lycées professionnels, combinée à des ouvertures pléthoriques de filières hôtellerie-restauration dans de nombreux lycées des Pays-de-la-Loire, tout comme le développement simultané de l'apprentissage, nous a pénalisés dans un contexte de forte désaffection des plus jeunes vers nos métiers". L'environnement exceptionnel, avec la proximité de l'océan, et la qualité des formations unanimement reconnues, ne suffisent plus à attirer de nouveaux élèves. "Notre position géographique est devenue un handicap majeur. Alors que 90 % des lycéens français vivent à moins de 30 mn de leur établissement, ici, avec une distance moyenne de 90 km, il faut 1 h 30 pour rejoindre le lycée en car..."

Concrètement, élèves et enseignants des Sorbets intégreront le lycée privé yonnais Notre-Dame-du-Roc. Un établissement qui accueille à ce jour 1 600 élèves dans les différentes filières générale, technologique et professionnelle. "La construction de bâtiments adaptés aux enseignements professionnels (salles de restaurant, cuisines, laboratoires de pâtisserie, plus quelques salles de cours) vient tout juste de débuter", précise Marc Rondeau, directeur du lycée Notre-Dame-du-Roc. Le coût de ce transfert est estimé à 5 Me, dont la moitié financée par la Région des Pays-de-la-Loire.
I. Doat zzz68

 
Elèves et enseignants des Sorbets intégreront le lycée privé yonnais Notre-Dame-du-Roc.

Réactions

n Maurice Chardonneau, maire de Noirmoutier
"De profonds regrets"
Quel sentiment vous inspire la fermeture prochaine des Sorbets ?
C'est une décision que je regrette profondément, tant en raison de l'activité économique que générait le lycée, qu'en raison de la perte d'emplois qui en découlera. Les personnels de service notamment, qui habitent majoritairement sur l'île, auront vraisemblablement des difficultés à trouver un emploi ici. Plus généralement, je regrette la 'délocalisation' de ce symbole de qualité qui participait aussi à l'image de notre commune dans la région.
Quelle sera la position de la ville quant au devenir du site ?
L'établissement a été construit sur des terrains légués par l'un de mes prédécesseurs dans un but socio-éducatif. J'ai donc demandé au directeur de l'enseignement catholique de tout mettre en œuvre pour trouver un acquéreur ou un gérant susceptible de rester conforme aux vœux du légataire.
Je pense que la situation exceptionnelle de ces biens immobiliers, jouxtant un site classé, peut intéresser dans cet esprit différents organismes ou collectivités. C'est en tout cas un dossier que je suis personnellement.

n Joël Giraudeau, président de la Fédération hôtelière de Vendée
Une décision sans réelle surprise
Président de la Fédération hôtelière de Vendée (900 adhérents), Joël Giraudeau affirme ne pas avoir été surpris par l'annonce de ce transfert. "La baisse des inscrits aux Sorbets était connue de tous. L'insularité a certainement été un énorme problème. Finalement, ce transfert permet d'éviter la fermeture pure et simple que nous avons pu craindre à un certain moment." Pour Joël Giraudeau,
le nouveau site de La Roche-sur-Yon permettra pour le moins
de "conserver le dispositif de formation qui existe dans le département". L'enjeu est important : "Si la Vendée veut continuer à jouer la carte touristique, il nous faut des personnels formés..."

n Jean Paul Blouard, Les Prateaux à Noirmoutier
"Dommage pour l'île"
Propriétaire de l'hôtel-restaurant 3 étoiles Les Prateaux, Jean Paul Blouard connaît parfaitement l'établissement privé même si "je n'accueillais pas de stagiaires pour la simple raison que l'été n'est pas la saison idéale pour prendre le temps de former les jeunes". Toujours est-il que Jean Paul Blouard, qui est aussi administrateur de la Fédération hôtelière de Vendée, a suivi avec attention l'évolution du lycée. "Nous pensions que le risque de fermeture était grand... Les Sorbets pourront entamer une nouvelle vie à La Roche-sur-Yon. Tant mieux. Mais je reconnais que cette décision est dommage pour l'île."

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