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Vache folle  

BUFFALO GRILL DANS LA TOURMENTE JUDICIAIRE

Quatre dirigeants de la chaîne ont été mis en examen la semaine dernière, dont le président du conseil de surveillance, Christian Picart.

Jeudi 19 décembre, la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy a mis en examen Christian Picart pour "homicides involontaires". Il a été assigné à résidence en Suisse où il demeure. Trois autres dirigeants sont poursuivis pour le même motif ainsi que pour "mise en danger de la vie d'autrui, tromperie sur la nature, l'origine et la qualité de la marchandise, faux et usage de faux" : Francis Coutre, le directeur de Districoupe, la filiale de découpe de viande qui assure l'approvisionnement des 150 restaurants en France, été incarcéré ainsi que Daniel Batailler, directeur des achats du groupe, tandis que Nicolas Viguié, un autre cadre de Districoupe, laissé libre, s'est vu interdire tout contact avec les autres employés. Ils sont soupçonnés d'avoir importé de la viande bovine de Grande-Bretagne après l'embargo instauré en 1996 et ce durant 4 ans.
Rompant un silence de 48 heures durant lequel la cotation de l'entreprise a été suspendue au second marché, le frère de Christian Picart, François Picart, président du directoire, s'est exprimé via un communiqué : "Depuis 48 heures, l'entreprise Buffalo Grill que je dirige est gravement mise en cause. Ce sont aujourd'hui 257 restaurants et 6 000 emplois qui sont menacés. En tant que président du directoire, j'affirme que toutes les règles d'hygiène, de traçabilité et de contrôle sanitaire sont scrupuleusement respectées au sein du groupe Buffalo Grill. Toutes les pièces de bœuf qui sont et seront consommées dans nos restaurants présentent toutes les garanties de qualité. Toutefois, s'il était prouvé que des comportements individuels déviants, inconnus de la direction, avaient eu lieu avant 2000, j'en serais profondément indigné et ils seraient sévèrement sanctionnés. Pour l'heure, en l'absence de plus d'informations, je m'en remets à la justice de mon pays. Je tiens enfin à affirmer qu'il n'est ni dans la philosophie, ni dans l'intérêt de l'entreprise que je dirige, servant quelque 27 millions de repas par an, de se prêter à des actions frauduleuses risquant de porter atteinte à sa réputation et à la santé de ses clients. Par conséquent, je me porte garant des produits consommés dans les restaurants Buffalo Grill". Au sujet de la cotation du groupe, il a déclaré que "pour l'instant le souci était de redonner confiance à la clientèle et de préserver l'outil de travail et l'emploi" (AFP). Selon la direction, la fréquentation des restaurants aurait chuté en deux jours de 40 %.

Buffalo contre-attaque

Une semaine particulièrement mouvementée où l'on a lu et entendu toutes sortes de déclarations, d'affirmations sans preuves. Une semaine qui, bien sûr, aura été pour l'ensemble des restaurants Buffalo, une période de chute vertigineuse de la fréquentation, on parle actuellement de près de 50 % de clients en moins. Après ces interrogatoires, après cet acharnement médiatique, Buffalo réagit :
"Les faits qui nous sont reprochés sont pure calomnie. Face aux accusations sans preuve, et aux amalgames irresponsables, nous confirmons que depuis sa création en 1980, Buffalo Grill n'a JAMAIS importé de viande de Grande-Bretagne, ni avant,
ni après son interdiction sur le territoire Français.
"
Buffalo Grill entend aujourd'hui porter plainte pour diffamation contre les auteurs des accusations qui viennent de porter atteinte à la réputation de l'entreprise. "En effet, hors ces témoignages calomnieux, il n'existe aucune preuve matérielle des faits qui sont reprochés. L'enjeu est capital : nous serons acquittés dans 3 ans, mais il sera trop tard car l'entreprise est en danger aujourd'hui", explique la direction du groupe.
"Notre politique a toujours reposé sur les principes de qualité et de traçabilité. Buffalo Grill ne pratique pas des prix 'discount', et chaque client sait qu'il paie parce qu'il a de la qualité.
Depuis 1996, Buffalo Grill a été contrôlé plusieurs fois. Résultat : aucune trace d'importation de viande de Grande-Bretagne. Le premier de ces contrôles fut réalisé par la DGCCRF en 1996 ; il portait sur l'ensemble des factures du groupe depuis... 1981 ! Nous opposons donc la rigueur et le poids des faits concrets à la légèreté des déclarations diffamatoires. Aujourd'hui, une enquête est en cours. Buffalo Grill s'en remet donc à la Justice. Mais il est impossible d'attendre les décisions de l'autorité judiciaire sans réagir, car 257 restaurants et 6 000 emplois sont en jeu." zzz22v zzz44's

"Fadaises"
Depuis septembre, des perquisitions ont été menées par la gendarmerie nationale de Paris au sein de Districoupe, installée dans l'Essonne, sur commission rogatoire de la juge Marie-Odile Bartella-Geffroy saisie du dossier du nouveau variant humain de la maladie de Creuzfledt-Jacob qui aurait fait 4 victimes en France et dont les familles se sont porté parties civiles. L'instruction aurait révélé que deux d'entre eux étaient des habitués des restaurants Buffalo Grill. Or, chez Districoupe, des témoignages évoquent des stocks de viande en provenance de Grande-Bretagne écoulés par des responsables. "Fadaises" a simplement commenté Christian Picart, jeudi soir à sa sortie de chez la juge, à propos des témoignages émanant, selon lui de "trois employés dont deux ont été licenciés et un syndicaliste que nous n'avons pas vu depuis six mois" (AFP). Il a réaffirmé que "Buffalo Grill n'avait jamais importé de viande anglaise pendant la période d'embargo".
Rien indique pour l'instant que ces 2 décès et les soupçons de fraude soient liés. L'avocat des parties civiles, Me François Honnorat a d'ailleurs déploré l'amalgame entre les deux dossiers, soulignant que les victimes, sur la base d'une durée d'incubation de la maladie de 5 ans, ont dû être contaminées avant 1996.
Ces mises en examen constituent un sale coup pour la chaîne qui semblait avoir tourné le dos à la crise. Forte de son recentrage sur son produit phare, la viande grillée, le leader français sur ce segment annonçait, en septembre dernier, pour le premier semestre 2002, un résultat d'exploitation en progression de 38,3 % pour un résultat net de 6,5 Me, soit le double de celui enregistré à la même période l'an dernier, confirmant ainsi la tendance de reprise enregistrée au cours du second semestre 2001. A 145,8 Me, le chiffre d'affaires a gagné 9,6 % par rapport au premier semestre 2001. Le groupe estimait un accroissement du CA sous enseigne de plus de 10 % pour 2002, maintenant ainsi sa prévision de résultat net de 50 % supérieur au bénéfice 2001.
L. Anastassion zzz22v

"Une politique d'achats élitiste"

La réaction de Dominique Giraudier, président du directoire du Groupe Flo


Dominique Giraudier, président du directoire du Groupe Flo, Marc Spielrein, président de la Semmaris, et Marc Robino, vice-président restauration
d'Euro Disney SCA dans le pavillon des viandes à Rungis.

"Cette affaire confirme l'importance d'avoir une politique élitiste en matière d'achats", a commenté pour sa part, jeudi dernier, Dominique Giraudier, président du directoire du Groupe Flo, qui avait convié la veille les journalistes à visiter la nouvelle plate-forme d'achats commune Flo Euro-Disney, baptisée Convergence Achat et installée à Rungis. Refusant de prendre position sur la base du peu d'éléments connus, il a ajouté : "Si nous avons des prix parfois plus élevés que ceux de nos concurrents c'est parce que nos coûts matières sont plus importants. Le prix de la qualité n'est pas négociable. De plus, nous imposons un strict cahier des charges à nos fournisseurs qui s'engagent sur la qualité, l'origine des produits et leur traçabilité." Dominique Giraudier a également précisé que si un vent de méfiance se levait de nouveau chez les clients de la chaîne et notamment de l'enseigne de viande grillée Hippopotamus, il n'hésiterait pas à lancer un "processus de communication violent" pour les rassurer.
Avec cette centrale d'achats, les deux enseignes deviennent le 1er acheteur sur l'Ile-de-France, représentant un total de 150 Me d'achats de produits frais et de liquide. Convergence Achat approvisionnent les 150 restaurants du groupe Flo et les 68 d'Euro Disney SCA.
L. A. zzz22t

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L'Hôtellerie Restauration n° 2801 Hebdo 26 Décembre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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