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Bistrots de chefs étoilés - DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES, LES CHEFS ÉTOILÉS PROFITENT DE LEUR NOTORIÉTÉ POUR SE DIVERSIFIER DANS LE DÉVELOPPEMENT DE BISTROTS OU ILS METTENT UNE ÉQUIPE EN PLACE.

Une affaire rentable

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Un repas chapeauté par un grand chef pour un tarif de 15 à 60 e. La formule, séduisante, fait de nombreux amateurs. Un produit d'appel pour les grands restaurants ? Pas vraiment, même si Jacques Cagna aurait un jour dit, à propos de ses rôtisseries, s'être "piqué sa propre clientèle". Mais si l'on retrouve des habitués des restaurants haut de gamme dans ces 'petits restaurants', on observe plus rarement des transferts de clientèle dans l'autre sens. Et cela n'est pas vraiment étonnant. Si certaines personnes renoncent à se rendre dans de grands restaurants, c'est rarement parce qu'ils doutent des capacités culinaires du chef...
Que ce soient les réelles annexes, situées juste à côté du 'restaurant phare', comme la Rôtisserie d'en Face de Jacques Cagna à Paris, ou de nouveaux concepts de restaurants comme les Est/Ouest/Nord/Sud lyonnais de Paul Bocuse, le premier atout de cette formule est qu'elle est moins éprouvante qu'un restaurant haut de gamme. Car une fois que l'on a obtenu ses 2 ou 3 étoiles au Guide Rouge, il faut encore les conserver. Cela demande un investissement considérable, tant sur le plan humain que financier. Ce stress permanent n'avait-il pas incité Joël Robuchon à se retirer du métier en 1995 ? Alors, de là à gérer plusieurs établissements haut de gamme... Si certains, comme Marc Veyrat, ont fait ce choix, beaucoup préfèrent renoncer. Gérer des restaurants moins 'huppés' est plus facile, et moins exigeant, ne serait-ce qu'au niveau de la présence en cuisine : une solide formation permet au chef de déléguer la charge du restaurant à un autre cuisinier.

Une marge motivante
Le principal atout de la formule reste cependant la rentabilité : l'exploitation de restaurants milieu de gamme est beaucoup moins coûteuse. On y réalise des économies sur l'entretien, l'aménagement, mais surtout sur les frais de personnel : de tels établissements demandent 4 à 5 fois moins de personnel qu'un restaurant 3 étoiles. Il faut ajouter à cela, pour les vraies annexes, les économies réalisées grâce à la réutilisation des surplus du restaurant haut de gamme. Cela peut représenter plusieurs milliers d'euros d'économies supplémentaires par mois. Résultat : ils sont très rentables. Selon le magazine Capital, dans le cas de Georges Blanc, les 'petits restaurants' représentent 35 % du bénéfice, contre seulement 17 % pour le 3 étoiles ! Pourtant, le ticket moyen ne tourne qu'autour de 15 e. 

Et une clientèle qui afflue
Comme ils touchent une clientèle plus large, ces établissements peuvent se permettre d'avoir des capacités importantes : 80 couverts pour la Rôtisserie d'en Face à Paris, 140 couverts pour Chez Blanc à Bourg-en-Bresse. La renommée assurée par la caution d'un grand chef se charge ensuite de remplir les établissements. Le concept remporte un tel succès en France que Bernard Loiseau compte exporter son concept de 'Tantes' en Suisse. La formule a même convaincu Joël Robuchon de faire son come-back, puisqu'il revient avec un concept de restauration à prix modéré : le ticket moyen annoncé pour l'Atelier de Joël Robuchon est de 50 e. Aujourd'hui, l'idée va encore plus loin. A La Grande-Motte, les frères Pourcel se sont lancés dans la restauration de plage. Ils ont ouvert au mois de mai un établissement de plus de 130 places pour lequel ils prévoient près de 400 couverts par jour. L'établissement propose entre autres des sandwiches 'de luxe'. Quant à Antoine Westermann, il a lancé avec succès son fast-food strasbourgeois à sa façon, qui ne désemplit pas. Incontestablement, quand les grands se mettent à faire de la restauration moyenne gamme, s'ils utilisent des produits moins coûteux, leur niveau de qualification leur permet de mieux les valoriser que d'autres, et leur nom leur offre la possibilité de facturer plus cher et d'attirer davantage de clients que les autres... La rentabilité est alors beaucoup plus facile.
L. C. zzz22v zzz22c

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L'Hôtellerie n° 2790 L'Hôtellerie Économie 10 Octobre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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