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FAITS DE SOCIÉTÉ

Tourisme religieux - L'INTÉRET TOURISTIQUE DU PATRIMOINE RELIGIEUX COMMENCE À PESER SUR L'ÉCONOMIE TOURISTIQUE FRANÇAISE.

Au-delà de la religion, la culture

La pratique et la culture religieuse des Français régressent au fil des générations, mais l'attrait pour les visites patrimoniales à caractère religieux suit la courbe inverse. Selon une étude de l'Insee, 75 % des Français se déclarent amateurs du patrimoine religieux contre 68 % en 1980, et le tourisme religieux représente 44 % du tourisme culturel. Il faut dire que le patrimoine national est riche de pas moins de 40 000 édifices religieux.

Fréquentation sur Lourdes

  1996 2001
Pèlerinages organisés 624 357 607 950
Total pèlerins - visiteurs NC 6 062 877
Nombre d'hôtels 304 247
Durée moyenne du séjour NC 3 jours
  Dépense moyenne NC 63 e

Source : Insee/Observatoire touristique local

Des aspirations différentes
Les premiers pèlerins sont les premiers touristes de l'histoire, mais au risque de les offusquer, il ne faut surtout pas le leur dire. "Un pèlerinage n'est pas une excursion touristique, mais une retraite spirituelle qui demande un sacrifice et des motivations profondément religieuses", explique un prêtre.
Et pourtant, l'évolution des pratiques religieuses suit les grandes tendances du tourisme en général telles que le contact avec la nature, la rupture avec les habitudes quotidiennes, etc. Certes, Lourdes, le plus représentatif volumétriquement, continue d'accueillir plus de 6 millions de visiteurs par an, même si son activité est en léger recul. Au contraire, les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle comptent chaque année davantage de pèlerins. Pour Pierre Lantiat, propriétaire de l'hôtel Le Savoy aux Abrets, sur le chemin Genève/Saint-Jacques-de-Compostelle, les pèlerins représentent cette saison 20 % de ses réservations, en augmentation de 50 % par rapport à l'année dernière. "Il s'agit généralement de simples nuitées, mais tous les jours, nous louons 2 à 3 chambres pour cette clientèle." Le tourisme religieux rassemble aussi un public dont les pratiques et les aspirations ne sont pas forcément religieuses, attiré par l'intérêt culturel qu'apporte l'art sacré.
Dans les sites parfaitement structurés tels que Lourdes, "le diocèse travaille main dans la main avec les différentes institutions locales, avec la création d'une brochure commune de bienvenue à Lourdes, qui a été cofinancée par le sanctuaire et la ville. Elle est distribuée dans tous les hôtels de Lourdes", explique Pierre Adias, directeur de la communication du sanctuaire. Le développement touristique est aussi limité par le fait que le clergé et les ordres religieux n'assurent plus le renouvellement régulier des prêtres (40 000 en 1976, 27 000 en 1993 et seulement 15 000 en 2000).

Origine des pèlerins à Lourdes

France 37 %
Italie 25 %
Espagne 6 %
Irlande 5 %
Allemagne 4 %
Grande-Bretagne 4 %
Belgique 3 %

Autres

12 %

Source : Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes

Une structuration de l'offre aléatoire
Si la vocation d'un édifice religieux est d'accueillir, c'est dans un objectif de recueillement et non d'animation. L'activité touristique est souvent plus subie que souhaitée. Parfois on refuse l'argent du tourisme. Ainsi, l'Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, centre bénédictin de Bourgogne, accueille des pratiquants en son sein, mais n'est pas ouverte au public. C'est au regret de Michèle Jacquet, propriétaire du Grand Hôtel situé en face de l'abbaye : "L'activité liée à l'Abbaye a baissé de 25 % ces 5 dernières années car les clients sont frustrés de ne pouvoir découvrir l'intérieur du site." C'est alors aux collectivités locales et organismes touristiques de prendre le relais pour structurer l'offre touristique. Dans les Pays-de-la-Loire, le CRT a pris les choses en main. Jean-René Morice, chargé de mission tourisme et culture, explique que "la démarche est fondée sur la sélection de sites intéressants et sur l'existence d'une logique d'accueil commune aux acteurs locaux. Les attentes et la fréquentation sont différentes d'un site à l'autre, mais la qualité de l'accueil et le ciblage des clientèles constituent une priorité pour réussir la mise en tourisme du patrimoine religieux. Nous devons également envisager un dispositif de suivi de la fréquentation". Si le tourisme religieux représente potentiellement une importante masse de nuitées hôtelières et de repas dans les restaurants, mesurer son activité reste un exercice difficile, l'accès aux sites religieux étant généralement libre et gratuit.
S. O. zzz36v zzzc

Lourdes, ville hôtelière majeure
Le sanctuaire accueille plus de 6 millions de nuitées par an, dont 1 million dans un cadre organisé. L'hôtellerie, avec 30 000 lits, accueille 50 % des nuitées. Lourdes est la deuxième ville hôtelière de France derrière Paris. Qui dit vaste parc hôtelier dit concurrence et concentration du nombre d'hôtels. Ceux-ci sont passés de 410 en 1980 à 247 en 2002, soit une diminution de 40 % du parc, même si le nombre de lits est resté stable, avec des hôtels plus grands. L'origine de cette restructuration se retrouve dans l'implantation de chaînes hôtelières (Mercure, Ibis, Campanile, etc.) venues sur le tard.

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L'Hôtellerie n° 2790 L'Hôtellerie Économie 10 Octobre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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