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Discrimination à l'embauche

Le Moulin Rouge sur le banc des accusés

L'association du restaurant du Moulin Rouge et l'une de ses employées comparaissaient vendredi 4 octobre 2002 devant le tribunal correctionnel de Paris pour discrimination raciale à l'embauche.

A l'origine de l'affaire, en novembre 2000, une classique et légale annonce d'emploi du célèbre cabaret parisien qui énonce : "Commis de salle 18-22 ans, débutant accepté, travail de 17 heures-2 heures du matin, 2 jours de repos par semaine." Un conseiller de la mission locale Paris-Centre, chargé d'aider les 16-25 ans dans leur recherche d'emploi, contacte alors le Moulin Rouge par téléphone pour lui proposer la candidature d'Abdoulaye Marega. Le jeune homme, âgé de 22 ans, et ayant une expérience dans la restauration, semble correspondre au profil, jusqu'au moment où son origine sénégalaise est évoquée... En effet, l'employée de l'association du Moulin Rouge déclare alors "qu'on ne prend pas de gens de couleur sur ce type de poste". Elle précisera, 1 mois plus tard, que "éventuellement, nous pouvons employer des gens de couleur sur un poste en cuisine". Officiellement, Abdoulaye Marega s'est vu refuser le poste de commis de salle parce qu'il ne parle ni anglais, ni espagnol. Pour Dominique Tricaud, avocat du candidat évincé et de l'association SOS Racisme, qui s'est portée partie civile, les fonctions de commis de salle n'exigeaient pas la pratique d'une langue étrangère, et c'est bien la couleur noire de la peau de son client qui a motivé le rejet de sa candidature. Il a demandé "une indemnisation à la hauteur de l'humiliation" vécue par son client.
Pour le ministère public, qui s'est exprimé devant de nombreux membres de l'association SOS Racisme présents dans la salle d'audience, "la discrimination porte atteinte à la cohésion sociale", et les déclarations "tout en nuances" selon lesquelles l'établissement admet les gens de couleur en cuisine, mais pas en salle, constituent des propos qui renvoient à la notion "d'apartheid". Il a requis une peine sévère : une amende de 45 000 e à l'encontre du Moulin Rouge, et, à l'encontre de son employée, 2 ans de prison avec sursis et 3 000 e d'amende.
Pour sa défense, cette dernière, qui ne nie pas les faits, explique qu'elle n'avait pas de pouvoir de décision dans le processus de recrutement, et que sa responsabilité n'est donc pas engagée. Quant à André Poussimour, président de l'association du restaurant du Moulin Rouge, il a déclaré qu'il n'avait jamais été raciste. Et Phillippe Gossens, son avocat, de rappeler dans sa plaidoirie que l'association du Moulin Rouge a voulu licencier son employée pour faute lourde en raison de ses déclarations, mais que ce licenciement avait été refusé par l'inspection du travail. Le jugement sera rendu le 22 novembre prochain.
T. Beausseron zzz22v zzz60

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L'Hôtellerie n° 2790 Hebdo 10 Octobre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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