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EDITORIAL

TOUT VA TRES BIEN, TOUT VA TRES BIEN...

Nous y sommes : l'heure des 35 heures a sonné et la plupart des entreprises françaises en mesurent les conséquences.
En 4 ans, tout a changé dans ces entreprises et ce n'est, semble-t-il, qu'un début. Parce qu'il a fallu réduire le temps de travail, on a habitué les gens à le compter, et le décompter ce temps. Et de là, est apparu un nouveau rapport avec le travail. Dans les entreprises, alors que l'augmentation du coût salarial est réelle et met en danger la compétitivité de la France sur les marchés internationaux, on constate que la qualité du service diminue et que la motivation des salariés s'émousse. Parce qu'ils ont moins de temps, le travail est souvent bâclé et la qualité du service rendu à la clientèle s'en ressent. Et de vivre au rythme des JRTT... traduisez : jours de RTT... Le rationnement du temps de production, du temps de service, a fait naître une obsession du temps et fait disparaître la personnalisation du service. Des clients de plus en plus insatisfaits qui voient toutefois les tarifs augmenter... Des clients à qui l'on explique avec le plus grand fatalisme, que cette situation est le fruit inéluctable de l'application de la RTT, et qui, petit à petit, acceptent eux aussi, de banaliser la médiocrité. Des salariés qui ont de moins en moins l'esprit d'équipe, et pour cause, étalant les horaires d'arrivée et de départ, ils ont de moins en moins souvent l'occasion de travailler ensemble. Autant dire que là encore, une implication vis-à-vis du travail, du service et de l'entreprise qui ne cesse de s'étioler, au grand regret de tous : chefs d'entreprise, clients et salariés eux-mêmes, qui répondaient pour 62 % d'entre eux au dernier sondage du JDD qu'ils considéraient comme "plutôt négatives" les retombées des 35 heures sur l'économie. 50 % d'entre eux auraient préféré gagner davantage que de travailler moins...
C'est sans parler bien sûr de tous les conflits qui se sont installés au sein des entreprises, du seul fait de la mise en place de la RTT, de la montée des contentieux entre salariés et employeurs, mais aussi entre employeurs et inspecteurs du travail qui, parce que la loi est très peu claire, n'en font pas toujours la même interprétation d'un département à un autre... Et tout ça pour qui ? pourquoi ? Pour un coût de 15,3 milliards d'euros par an, et un taux de chômage de 9 %. Si la France a créé en 4 ans 1,5 million d'emplois, seuls 240 000 peuvent être imputés à la loi Aubry. Proportionnellement, sur la même période, l'Allemagne et l'Italie ont créé le même nombre d'emplois et l'Espagne et les Pays-Bas, près du double... le tout sans emplois jeunes et sans RTT. Alors, heureux ?
Incontestablement, pour reprendre les mots de Robert Henry : "Tout va très bien madame la Martine..."
PAF zzz80

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L'Hôtellerie n° 2758 Hebdo 28 Février 2002 Copyright ©

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