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Les buralistes ont la cote

10 millions de personnes entrent quotidiennement dans les bureaux de tabac. Un métier difficile mais attachant qu'évoque pour nous le président de la Confédération française des débitants de tabac, Michel Arnaud. Micro.

m Sylvie Soubes

© Claude Tavernier

Michel Arnaud souhaiterait voir la création des Etats généraux des métiers de proximité.

L'Hôtellerie :
Quel est le profil, aujourd'hui, des nouveaux buralistes ? Qui sont-ils, de quel milieu professionnel sont-ils issus ?
Michel Arnaud :
Notre centre de formation, passage obligatoire depuis 6 ans pour les nouveaux buralistes, vient de réaliser une enquête qui montre d'abord qu'il y a quasiment autant d'hommes que de femmes (57 % d'hommes et 47 % de femmes). 35 % des buralistes ont entre 35 et 45 ans, et 26 % ont entre 25 et 35 ans. Une grande partie des nouveaux buralistes est constituée d'anciens commerçants, certains ont déjà tenu des tabacs. On trouve ensuite des employés pour 27 %, et des cadres pour 8 %. Quant au turn-over, il se situe autour de 10 % l'an.

L'H. :
Quelles sont leurs motivations ? Ce métier n'est pas réputé facile...
M. A. :
Ce métier plaît. C'est vrai qu'il est dur et qu'il faut faire beaucoup d'heures. Il est difficile physiquement car on doit rester debout une bonne partie de la journée. Mais, à côté de ça, c'est un métier de contact, riche et diversifié. Vous savez, les gens qui font ce métier s'y attachent. Ce sont des commerçants appréciés du grand public, toutes les enquêtes le prouvent. Les buralistes sont aussi des chefs d'entreprise qui aiment leur affaire. Je vous rappelle aussi que la plupart des tabacs sont associés à une autre activité : principalement presse et café. Sur les 10 millions de consommateurs qui entrent chaque jour dans un tabac, 40 % seulement viennent pour acheter des cigarettes. Un buraliste vend de la tabletterie, des titres de transport, des timbres, des cartes de téléphone. Actuellement, 1 carte de téléphone prépayée sur 2 est vendue par le réseau des buralistes. Sur les 34 000 tabacs de France, 8 000 sont le siège d'associations sportives.

L'H. :
Comment voyez-vous l'avenir du secteur ? Il semble qu'il y ait de plus en plus de tabacs secs ? Est-ce une impression ou une réalité ?
M. A. :
J'ai un rêve qui se réalisera peut-être un jour. Ce serait de faire les Etats généraux des métiers de proximité... On y découvrirait combien le rôle du buraliste est important dans une commune ou un quartier. Ils sont autant de remparts contre la déshumanisation et l'anonymat. Je suis confiant dans l'avenir des buralistes parce qu'ils sont les acteurs essentiels dans la vie de tous les jours. Quant au phénomène des tabacs secs, c'est une particularité typiquement parisienne. Si on fait un rapide tour de France, je peux vous dire qu'on trouve dans le Nord et en Bretagne une majorité de cafés/tabac. A Marseille, il y a autant de cafés/tabac que de tabacs/presse. A Lyon et dans l'est de la France, il y a davantage de tabacs/presse.

L'H. :
Prendre un tabac est-il rentable ? Quelles sont les difficultés de gestion rencontrées le plus fréquemment ?
M. A. :
Le tabac est un commerce porteur car tous les produits de consommation massive qui arrivent sur le marché sont distribués par le réseau. Je vous parlais tout à l'heure des cartes de téléphone : ce marché a explosé depuis 5 ans. De mémoire, je crois que nous développons un chiffre d'affaires de 4 milliards de francs en téléphonie prépayée. Le réseau tabac réalise également 75 % du chiffre d'affaires de la Française des Jeux. Toutes les difficultés de trésorerie que rencontre la profession proviennent essentiellement de la gestion des stocks. Le tabac a beau augmenter, c'est l'Etat qui profite de la fiscalité. Lorsque vous achetez un paquet de tabac à 10 francs, le buraliste l'achète 9,40 francs. Il y a 7 ans, l'offre tabac tournait autour de 300 références, en 2001 nous en sommes à 1 000. Pour répondre à la demande du consommateur, les buralistes doivent stocker de plus en plus de références, sachant que le traité de gérance impose un certain nombre de références. Des consommateurs qui sont aussi de plus en plus volages dans leur acte d'achat fait qu'il est très difficile pour un buraliste de prévoir ce qui va être vendu ou invendu. Nous réfléchissons avec Altadis pour améliorer la fluidité des stocks, mais c'est assez complexe.

L'H. :
La profession est syndiquée à plus de 92 %. Comment ressentez-vous ce taux exceptionnel de syndicalisation et quels sont les grands dossiers en cours de la confédération ?
M. A. :
Il est vrai que nous bénéficions d'un maillage exceptionnel et d'organisations locales exemplaires. Pourquoi un aussi fort taux de syndicalisation ? Je pense qu'il y a deux raisons à cela. La première, c'est que nous vendons tous les mêmes produits à un prix identique. La seconde, c'est que nous sommes dans un monopole et que la confédération cherche à apporter toujours plus de services à ses adhérents. C'est une organisation syndicale qui participe également toujours à l'animation du réseau. Quant aux dossiers, il y en a plusieurs. Celui qui prend forme ces jours-ci concerne l'euro. Nous avons mis au point une formation de 1 jour qui a démarré le 17 avril et qui se terminera le 30 novembre. Cette formation qui tournera en région porte sur tous les aspects pratiques : rendu de monnaie, moyens de paiement, comment établir les nouvelles marges, les problèmes d'arrondis, etc. Nous avons opté pour une formation ludique avec des jeux de rôles pour mieux comprendre et se mettre en situation. Cette formation sera suivie d'une campagne au sein des établissements. Il faut savoir que 1 Français sur 2 se dit préoccupé par l'arrivée de l'euro. La campagne prendra notamment la forme d'une affiche sur laquelle sera inscrit 'Ici, l'euro, c'est transparent'. Dès le 1er janvier 2002, le rôle du buraliste sera d'aider et de sécuriser les Français. n

© Le Losange

Actuellement, 1 carte de téléphone prépayée sur 2 est vendue par le réseau.


La gestion des stocks est actuellement une difficulté majeure pour le secteur.


Les tabacs sont associés principalement aux cafés et au secteur presse.

 

Les mots-clés du secteur

Les douanes
Depuis le 1er janvier 1993, la direction générale des Douanes et Droits indirects gère le monopole de vente au détail du tabac. Les buralistes ont donc les douanes comme administration de tutelle, celle-ci disposant d'un pouvoir disciplinaire en cas de
non-respect du traité de gérance.

Traité de gérance
C'est un contrat qui lie le buraliste aux douanes. Il assure au débitant la concession de la vente du tabac sur un emplacement déterminé.

Monopole fiscal
Celui-ci a été établi par décret impérial le 29 décembre 1810 (complété par le décret
du 12 janvier 1811). L'article 568 du Code général des impôts précise que "le monopole de vente au détail est confié à l'administration qui l'exerce par l'intermédiaire des débitants désignés comme ses préposés et tenus
à redevance"
.


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L'HÔTELLERIE n° 2714 Supplément Licence IV 19 Avril 2001


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