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Editorial
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A deux vitesses

Depuis deux ans maintenant, l'écart ne cesse de se creuser entre les entreprises des CHR. Parce que les groupes ont eu les premiers les moyens de profiter de la reprise, ils ont su rénover leurs établissements pour redynamiser le marché, mais surtout, ils ont en même temps choisi d'investir dans leurs équipes, dans les ressources humaines. Rien d'étonnant à ce que, à l'heure où le marché de l'emploi est de plus en plus tendu, ils soient les premiers là encore à tirer leur épingle du jeu. Ce sont eux qui attirent le plus facilement les jeunes, ce sont eux qui offrent dans l'ensemble les niveaux de rémunération les plus élevés, et ce sont encore eux qui, les premiers, se sont engagés dans un processus de réduction du temps de travail. Autant dire que, si rien ne se passe dans les années qui viennent chez les indépendants, ceux-ci auront les pires difficultés à continuer à faire fonctionner dans des conditions normales leur(s) maison(s). D'autant que les niveaux de rémunération sont de plus en plus attractifs dans d'autres secteurs, la moyenne, en mensuel brut d'un salarié à temps complet, se situant, dans le secteur concurrentiel, à 14 180 francs alors qu'il est de 11 000 francs dans l'hôtellerie-restauration (La rémunération des salariés en 1999 - Dares, janvier 2001). Comment, dans de telles conditions, réussir à attirer des professionnels compétents et à les fidéliser dans un secteur qui connaît, tant sur le plan social qu'au niveau des rémunérations, de tels écarts en fonction des entreprises ? Les professionnels indépendants en sont aujourd'hui parfaitement conscients et c'est la raison pour laquelle la mise en place de la loi sur la réduction du temps de travail les déstabilise au plus haut point. Ils savent que ce sont ceux qui offriront les meilleures conditions de vie à leurs salariés qui attireront les collaborateurs les plus compétents. Un planning de mise en place progressive de cette réduction du temps de travail, en fonction de la taille des entreprises, ne fera que creuser encore l'écart qui existe entre les salariés de grosses structures et les autres. Les plus petits établissements supportent, comparativement aux plus gros, des charges fixes beaucoup plus lourdes, leur activité étant forcément limitée par leur taille. Parce qu'il n'y a qu'un seul marché, il est normal d'imposer les mêmes règles à tous, mais ne pas tenir compte des contraintes que doivent supporter les plus petites structures, c'est à terme signer leur arrêt de mort. Les marges sont aujourd'hui insuffisantes pour la plupart de ces entreprises pour assumer le coût d'une réorganisation, d'une réduction du temps de travail, sans parler bien sûr de revalorisation des rémunérations. Seul un choix politique peut sauver tout un pan de l'hôtellerie-restauration. Des décisions peuvent être prises pour les plus petits établissements, qui obtiendraient alors, à travers des allégements de charges de quelque sorte qui soit, les moyens d'aligner les conditions de vie de leurs salariés sur celles qui sont définies par le droit commun.
Malheureusement aujourd'hui, la seule chose que l'on accorde aux petits établissements, c'est du temps pour réduire le temps de travail... Du temps pour mieux mourir...

PAF


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L'HÔTELLERIE n° 2711 Hebdo 29 Mars 2001


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