Saint-Malo
'Saint-Malo, les plus grandes marées d'Europe'. Avec ce slogan, la cité corsaire entend accroître son activité touristique hors saison en plein développement. Les professionnels jouent le jeu.
Le visuel de la publicité se
divise en deux. A gauche de la photo, il est 9 h 01, la mer est haute. A droite il est 15
h 59, la mer s'est retirée laissant apparaître le sable, les algues... Au fond, la cité
corsaire et un titre : 'Saint-Malo, les plus grandes marées d'Europe'. Ce visuel
fait partie intégrante de la nouvelle campagne de promotion de la cité malouine,
déclinée durant 15 jours au mois de janvier en région parisienne (40 % de la clientèle
française de Saint-Malo) et dans le Grand Ouest. Cette campagne, d'un budget de 500 000
F, se caractérise par des panneaux 4 x 4, des distributions de documents dans 200
brasseries parisiennes, de la publicité dans le TGV, un document édité à 50 000
exemplaires, etc. "Les plus grandes marées du monde sont au Canada alors en
attendant d'aller les voir, autant venir à Saint-Malo", commente Jean-Claude
Weisz, directeur de l'office de tourisme, partenaire dans cette opération de la ville, de
la CCI et de l'Association de promotion de Saint-Malo. De janvier à avril 2001, on compte
en effet onze grandes marées (coefficient supérieur à 100) sur le site. Ce phénomène
naturel n'a rien de nouveau, mais il constitue un prétexte idéal afin de valoriser
l'image vivifiante, tonique et naturelle de la cité malouine. Une image percutante
lorsqu'il s'agit de promouvoir le tourisme hors saison. Car c'est bien là l'objectif des
professionnels de la cité corsaire, premier site touristique de Bretagne accueillant de 2
à 2,5 millions de visiteurs chaque année.
"Nous observons depuis deux ans un net accroissement du tourisme hors saison de
janvier à avril, précise Jean-Claude Weisz. En juillet dernier, nous avons perdu
20 000 personnes du fait du mauvais temps et de l'Erika. Mais ce déficit a été
rattrapé entre janvier et avril de la même année !" Selon les chiffres de
l'office de tourisme, de 1991 à 2000, la ville a connu une augmentation de fréquentation
de près de 60 000 personnes de janvier à avril. L'an dernier, près de 100 000 visiteurs
sont passés à l'office de tourisme sur la même période. Il faut donc surfer sur cette
vague et ancrer Saint-Malo dans les habitudes, "créer un réflexe hors
saison/Saint-Malo. Nous correspondons tout à fait à la vogue d'un certain tourisme,
pédestre, cyclo..., plus proche de la nature, du sport. Saint-Malo représente la santé,
les bords de mer, l'énergie". La clientèle ciblée hors saison habite au plus
à 3 heures de la ville (dans cinq ans, le TGV reliera directement Saint-Malo à Paris en
2 h 15), fait partie des CSP + au pouvoir d'achat plus conséquent. Le directeur de
l'office de tourisme n'hésite pas non plus à souligner qu'il s'agit là "d'une
clientèle intéressante avec davantage de motivation que celle d'été. Elle ne vient pas
ici pour la plage mais pour découvrir". La clientèle étrangère, les anglais
particulièrement, n'est pas oubliée à condition de lui proposer des formules sur trois
jours. "Il faut savoir qu'environ 1,2 million de passagers transite chaque année
par Saint-Malo", remarque Jean-Claude. Weisz. Le développement du hors saison
s'avère de plus pertinent pour les professionnels, notamment les
hôteliers-restaurateurs, puisqu'il permet d'amoindrir les risques saisonniers comme on
l'a vu en Bretagne l'an dernier.
Les professionnels jouent le jeu
Autour de cette idée, l'ensemble des professionnels a donc été mobilisé afin
d'uvrer dans le même sens. Faire venir les touristes est une chose, encore faut-il
qu'ils ne trouvent pas portes closes en pénétrant intra-muros ! "Les
professionnels ont été un peu pris de vitesse, mais ils ont bien joué le jeu",
puisque l'on compte, parmi les partenaires de l'opération Grandes Marées, 34 hôtels
(sur les 125 de la cité) et 13 restaurants. Certains hôteliers proposent notamment des
nuits gratuites et des restaurateurs concoctent un menu spécial Grandes Marées. Diverses
animations restent également ouvertes hors saison telles l'Aquarium, les musées..., et
les visiteurs peuvent par ailleurs goûter aux joies de nombreuses activités. En mars par
exemple, le club de kayak de mer propose des initiations telles que la pêche à pied, le
char à voile... Le cotre Renard (petit navire à un seul mât), dernier navire corsaire
de Robert Surcouf, emmène ses passagers naviguer pendant toute une journée.
Reste cependant que pour cette année "nous n'avons pas réussi à boucler des
forfaits. C'est assez compliqué, il faut harmoniser les tarifs, trouver le vecteur de
commercialisation, etc. Mais c'est un enjeu pour 2002". Les hôteliers pourront
également, à la fin de cette campagne, en connaître les retombées puisqu'un sondage
sera réalisé sur la fréquentation hôtelière.
O. Marie
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L'HÔTELLERIE n° 2707 Hebdo 1er Mars 2001