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De la vache folle au mouton fou

Nouvelles recommandations de l'Afssa

Vendredi 16 février 2001, Martin Hirsch, directeur de l'Afssa, proposait de nouvelles mesures de précaution pour la viande ovine. Ces recommandations, faites quelques jours avant l'ouverture du Salon International de l'Agriculture, sèment la panique chez les éleveurs et au niveau du gouvernement.

Pour les experts de l'Afssa, il faut désormais interdire l'utilisation des boyaux, de la rate et des amygdales d'ovins quel que soit leur âge. Ils recommandent également l'interdiction pour la consommation humaine du crâne, de la cervelle, des yeux, de la moelle épinière des ovins âgés de 6 mois contre 12 jusqu'alors. Ces recommandations, qui s'appuient sur un rapport du Comité interministériel sur les maladies à prions, sont intervenues moins de 24 heures après l'avis du Comité scientifique directeur pour la Commission européenne qui préconise de mettre au point des tests rapides de détection et d'intensifier la surveillance des troupeaux. Il faut savoir que certains moutons ont été nourris avec des farines animales ; il n'est pas exclu qu'un certain nombre d'entre eux ait été contaminé par la maladie de la vache folle et puisse éventuellement la transmettre à l'homme par voie alimentaire. De surcroît, il a été démontré que l'agent de l'ESB chez le mouton diffuse plus largement que chez le bovin. Dimanche dernier, Jacques Chirac, lors de sa visite d'inauguration au Salon International de l'Agriculture, a condamné les experts de l'Afssa "pour leur déclaration irresponsable oscillant entre bêtise et mauvais goût". Jean Glavany, ministre de l'Agriculture, qui a refusé d'engager une polémique à ce sujet avec le chef de l'Etat, a néanmoins souligné "qu'il fallait accepter la règle du jeu, qui veut que l'Afssa soit indépendante". Il a également déclaré qu'il voulait "prendre le temps d'étudier la recommandation de l'Afssa avant de faire connaître sa décision dans les jours et les semaines qui viennent".

Des tests spécifiques pour l'ESB chez les ovins
En fait, à ce jour, il n'a jamais été démontré que des moutons élevés dans des conditions naturelles d'élevage aient été atteints d'ESB. Mais, en l'état actuel des connaissances, il n'est pas possible de distinguer les moutons atteints de tremblante de ceux frappés d'ESB. "Et si, explique le professeur Dominique Dormont qui dirige le Comité d'experts, la transmission de l'ESB aux ovins et aux caprins était démontrée par les études en cours, il conviendrait alors de procéder à l'abattage total des troupeaux atteints d'ESB. Par ailleurs, la démonstration expérimentale récente de l'infectuosité du sang de mouton contaminé par l'ESB rendra probablement difficile ou impossible une gestion du risque essentiellement basée sur la définition de matériaux à risque." Cela veut dire que la politique de précaution dernièrement recommandée par l'Afssa devra être revue. Actuellement, certains tests de dépistage de l'ESB utilisés chez les bovins pourraient également identifier les maladies à prions chez les ovins sans pour autant distinguer l'ESB de la tremblante, maladie reconnue à ce jour comme étant non transmissible à l'homme. D'autres tests en cours d'évaluation pourraient différencier les deux maladies. Leur développement dans les mois à venir devrait éclairer la situation.

La fin des merguez ?
L'interdiction des boyaux d'ovins, si elle est décidée, bouleverserait encore le monde de la charcuterie. Les boyaux de mouton sont en effet largement utilisés pour les enveloppes de merguez, chipolatas, saucisses de Strasbourg et de Francfort. Ces boyaux représentent un marché de 75 000 tonnes par an. Deux solutions de remplacement sont possibles : importer des boyaux de pays indemnes d'ESB comme l'Australie ou utiliser du collagène, mais sa production est insuffisante.
B. G.

Viande bovine, le Contrat de transparence RHF

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L'HÔTELLERIE n° 2706 Hebdo 22 Février 2001