Changement de cap
Parce que constamment monopolisés dans leurs affaires, accaparés par leurs soucis de gestion, les restaurateurs, cafetiers et hôteliers sont nombreux à ne pas avoir pris conscience de l'évolution de leur environnement tant sur le plan humain qu'économique. Aujourd'hui que l'activité a repris, ils sont d'autant plus démunis pour trouver du personnel qu'ils continuent à avoir le même rapport avec le recrutement qu'hier.
Pendant longtemps, les gens ne recherchaient qu'une chose : avoir un travail, et ce, un peu à n'importe quel prix. Les conditions de travail, la reconnaissance, la valorisation, n'étaient que des 'cerises sur le gâteau' qu'ils savaient certes apprécier quand ils les trouvaient dans l'entreprise dans laquelle ils travaillaient, mais qui ne conditionnaient en rien le choix des entreprises tout au long de leur carrière. Conditions et rythmes de travail étaient d'ailleurs à peu de chose près un peu les mêmes partout.
Aujourd'hui, les choses ont bien changé et les distorsions qui existent entre les
entreprises du même secteur sont fortes. Evolution de carrière mais aussi conditions de
travail, confort, niveaux de rémunération, organisation du travail, qualité des
rapports humains peuvent aller du meilleur au pire. Parce que les besoins en personnel
sont forts, les salariés ont maintenant le choix, aussi n'hésitent-ils plus à placer
leur niveau d'exigence bien au-delà de la rémunération pour déterminer leurs critères
de choix. Cuisines mal installées, trop anciennes, mal aérées, mauvaise répartition
des tâches, médiocre organisation du travail, équipement insuffisant, absence de
potentiel de développement, piètre qualité des rapports au sein des équipes, manque de
considération, sont autant de facteurs qu'ils prennent en compte et qui les amènent à
changer d'entreprise à chaque fois qu'ils les rencontrent. Pris au dépourvu devant le
phénomène d'instabilité qui les dépasse, les employeurs, parce qu'ils n'en comprennent
pas toujours les raisons, s'enferrent dans leurs erreurs de recrutement. Pressés, ils
embaucheront le premier venu, débordés, ils ne sauront pas lui consacrer le temps
nécessaire à son intégration dans l'équipe, pour lui expliquer comment fonctionne la
maison, ce que l'on attend de lui. Angoissés, ils réagiront violemment face à une
incompétence due le plus souvent à cette absence d'intégration. Pendant ce temps,
rentabilité de la maison et qualité de la prestation s'en ressentiront alors que
d'autres, attentifs à la qualité des relations dans l'entreprise, sauront beaucoup mieux
tirer leur épingle du jeu. Autant dire qu'il y a danger aujourd'hui pour tous ceux qui
n'ont pas encore compris qu'il faut remettre définitivement en cause la manière de
communiquer au sein de l'entreprise.
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2705 Hebdo 15 Février 2001