Chartes, certifications, labels
Yves Bargain, hôtelier-restaurateur au Mont-Dore, président des Logis de France du Puy-de-Dôme, crie "au fou", "au secours". Il voudrait comprendre où mène l'avalanche actuelle de chartes, certifications, labels, engagements et contrôles en tout genre.
Yves Bargain, Hôtel du Parc au Mont-Dore, aborde le sujet calmement, même s'il bouillonne intérieurement. "Nous sommes submergés par les labels et les contrôles de toutes sortes. Y a-t-il une autre profession dans notre pays avec autant de vérifications que la nôtre ? Contrôles de sécurité, d'hygiène, clients mystère et audits : rien ne manque à la panoplie. Quant aux chartes, c'est l'avalanche. La région Auvergne a lancé son label Qualité Auvergne. Cela s'ajoute à ce qui existait déjà au niveau de certaines chaînes volontaires telles les Logis de France ou les Relais & Châteaux. Maintenant, l'assemblée permanente des chambres de commerce et d'industrie se penche sur son propre texte. D'autres régions, groupements, ou associations de toutes sortes ont inventé ou veulent inventer leurs propres règles. Que va-t-il falloir appliquer dans une zone géographique donnée ? Une charte régionale, locale, générale, nationale, associative, d'une chaîne ? Tout le monde vise le bien-être, le bonheur des clients. Mais est-ce que ce dernier va s'y retrouver dans cette armée de réglementations, d'engagements, de sigles, de logos ? Je ne le crois pas. Et ne l'oublions pas : ce sont les clients qui nous font vivre. Alors je crie au fou et au secours en même temps."
Reprendre les choses à la base
Sur la diversité et le nombre des chartes, Yves Bargain ajoute : "La grande
majorité est payante, d'un coût relativement élevé, et certaines sont même
renouvelables tous les ans. Devinez qui sont les vrais et les seuls bénéficiaires de ces
systèmes ? Ceux qui réalisent les audits, tout simplement ! En parallèle, personne
n'explique, ne démontre ce que tel ou tel engagement, telle ou telle réglementation va
apporter concrètement tant aux clients qu'à nous-mêmes. Tous ces gens qui veulent
prendre soin de nous me font penser aux médecins du théâtre de Molière. De plus, il
faut respecter la liberté de chacun. Nombreux sont les professionnels à ne pas vouloir
de chartes : on ne peut pas faire boire un âne qui n'a pas soif." Aussi, Yves
Bargain préconise, pour simplifier l'armée des labels et autres chartes, de reprendre
"les choses à la base. Le classement des hôtels en étoiles a besoin d'un grand
dépoussiérage. Il n'a suivi ni l'évolution du marché, ni celle des professionnels.
Maintenant, il faut absolument proposer un confort minimum dans toutes les chambres en
rapport avec ce que les gens ont chez eux. En partant de là, retrouvons des bases saines,
compréhensibles pour tous et par tous. Et si les professionnels, les hôteliers pouvaient
être associés aux discussions, cela serait encore mieux. Je ne lance pas un cri de
guerre. Je ne cherche pas la révolution. Je pose seulement une poignée de questions, et
j'aimerais que l'on m'apporte quelques réponses. J'aimerais savoir où nous allons
atterrir et tenter de comprendre tout ce charivari".
P. Boyer
"Les seuls bénéficiaires de ces chartes sont ceux qui réalisent les
audits", s'insurge Yves Bargain.
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L'HÔTELLERIE n° 2701 Hebdo 18 Janvier 2001
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