Conflits sociaux à Paris
Depuis le 6 janvier, une grève paralyse le restaurant. Lundi, la direction a proposé la mise en place d'une prime de qualification.
Mardi matin, les 80 salariés
grévistes, encadrement compris, du restaurant Pizza Hut (groupe Tricon) situé boulevard
des Italiens à Paris, ont entamé leur 11e jour de grève. Ils dénoncent un "ras
le bol de la précarité" et réclament de la "considération de la part
de leur employeur". Tous les jours, ils se relaient devant les portes du plus
grand restaurant de l'enseigne en France. Dimanche dernier, José Bové, le leader de la
Confédération paysanne, est venu leur apporter son soutien.
"En fait d'hôtesse de table, je suis polyvalente. Je touche à tout pour un
salaire minimum." Mohamed, leader en cuisine et employé depuis 13 ans,
renchérit : "Je ne suis rien. Je fais la cuisine, mais aussi du nettoyage. Les
plannings bougent tout le temps. Les gens ne restent pas." Soutenu par la CGT, FO
et CGC, le mouvement demande une augmentation de 42,02 francs à 45 francs des salaires
des hôtes et des hôtesses de table, de 42 à 52 francs pour les équipiers de cuisine et
de 46 francs à 55 francs pour les responsables d'équipes, l'attribution d'une prime
d'ancienneté et de fin d'année pour tout le personnel, la renégociation de l'accord
signé sur la RTT, le remboursement intégral des taxis, le versement d'un 13e mois après
une année d'ancienneté, ainsi que la majoration des heures de nuit de 150 % à partir de
23 heures. Enfin, les salariés souhaitent que soit renégocié l'accord sur la réduction
du temps de travail, pourtant signé le 1er mai 2000 et instaurant, selon la direction,
une réduction du temps de travail de 10 % sans perte de salaire.
+ 5 % du Smic
Ces revendications tombent au moment des négociations salariales annuelles. Lundi, la
direction a proposé la mise en place d'une prime de qualification de 2,10 francs par
heure travaillée, soit 5 % du Smic horaire (42,02 francs). "Cette prime sera
accordée systématiquement au bout d'un an d'ancienneté. Elle est distincte du salaire,
si bien que les employés bénéficieront toujours des avancées du Smic. Elle sera
renégociée tous les ans", expliquait mardi matin Patrick Dehais, conseiller en
ressources humaines pour Pizza France (exploitant de Pizza Hut). Il refuse de parler de
précarité : "Tous les gens embauchés signent des contrats à durée
indéterminée, et ils bénéficient d'une période de formation d'un mois environ 'en
doublure'. De plus, 40 % des assistants et des managers sont issus de la promotion
interne." "Il n'y a eu aucune avancée", constatait Hacène, assistant
manager au restaurant de Belle-Epine, peu convaincu par cette proposition. A l'heure où
nous bouclions notre journal, les salariés et la direction étaient de nouveau en
discussion.
L. Anastassion
Tous les jours, les salariés organisent un piquet de grève.
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L'HÔTELLERIE n° 2701 Hebdo 18 Janvier 2001