La profession joue aujourd'hui
son va-tout. Du succès ou de l'échec des négociations sur la réduction du temps de
travail dépendra l'avenir de milliers d'entreprises et de millions d'emplois. Les
mentalités en la matière ont évolué ces derniers mois d'une façon d'autant plus
étonnante que le patronat ne laissait pas imaginer, il y a seulement un an, qu'il
pourrait aussi rapidement accepter la remise en cause de l'organisation du travail et donc
de la réduction du temps de travail dans les CHR. Les employeurs sont aujourd'hui
conscients que l'écart qui existe entre les conditions de vie de leurs salariés et
celles des autres secteurs ne peut être qu'un handicap au développement de leurs
affaires, de leur activité. Les difficultés qu'ils rencontrent chaque jour pour recruter
du personnel en est la parfaite illustration. C'est bien de ces difficultés qu'a été
motivée l'évolution de leur position vis-à-vis de la réduction du temps de travail.
Reste à savoir maintenant si c'est pour arriver à 39 heures hebdomadaires ou à 35
heures, comme la loi l'impose au niveau du régime général, que les partenaires sociaux
trouveront un accord.
Il est aujourd'hui frappant de constater que, contrairement à ce qui était déclaré
voici encore quelques mois, plus aucun représentant patronal ne remet en cause la
nécessité d'une rénovation des codes qui régissent les rapports entre salariés et
patrons au sein des hôtels, cafés et restaurants, et il semble presque acquis qu'il
n'existe plus de représentant patronal pour refuser, dans l'absolu, l'idée d'arriver à
35 heures hebdomadaires dans les CHR. Alors, pourquoi continuer à bloquer les
négociations et se positionner en deux camps, ceux qui établissent un calendrier pour
arriver à 35 heures et... ceux qui se contentent de s'arrêter à 39 heures ? Parce que
leurs divergences ne reposent aujourd'hui plus que sur un seul point : la crédibilité de
la parole du gouvernement, la crédibilité des engagements de l'Etat, la crédibilité
des hommes et des femmes politiques. En effet, ceux qui veulent aller le plus loin en
proposant un calendrier pour aboutir à 35 heures en 2008, mettent en avant une clause
suspensive qui annulerait tout accord si l'Etat ne mettait pas en place un plan
d'allégements de charges propre au secteur des CHR. Ils croient encore à la parole de
l'Etat et de ses représentants, contrairement à ceux qui refusent aujourd'hui de
s'engager sur 35 heures parce qu'ils n'accordent plus aucun crédit à la parole du
gouvernement. Difficile de leur reprocher d'avoir de la mémoire et de ne pas avoir
oublié les promesses que l'Etat n'a jamais tenues dans d'autres circonstances, notamment
en matière d'exonération des charges sur les avantages en nature. Autant dire que si
aucun accord n'aboutit, les hommes et femmes politiques en porteront une lourde part de
responsabilité. Cette crise de confiance envers l'Etat est grave et inquiétante, elle
paralyse tout un système, obérant ainsi que l'évolution économique et sociale d'un
secteur particulièrement dynamique en termes d'emploi. Plus que jamais, cette attitude
montre que les politiques doivent se remettre gravement en cause dans leur manière
d'être, d'agir, de décider, de gouverner.
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2701 Hebdo 18 Janvier 2001