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Grand Hôtel Mercure

Le réveil de Roubaix

Les Roubaisiens commencent à y croire. Leur centre-ville renaît par le remodelage physique, l'intensité commerciale, les nouvelles technologies, et la culture de masse comme les Ballets du Nord. Optimisme au Grand Hôtel Mercure, une franchise en essor.


Le restaurant de l'hôtel, un monument rococo avec une vaste verrière ouverte sur l'avenue Jean-Baptiste Lebas.


A la réception du Grand Hôtel Mercure de Roubaix, Denis Tudal, directeur (à droite)

Des ruines industrielles de la capitale du textile, devenue capitale du chômage en 30 ans de fermetures dans la filière, renaît aujourd'hui dans le giron de Lille un pôle urbain à forte personnalité qui trouve un nouveau développement dans différentes niches. La personnalité de Roubaix provient d'abord de sa morphologie. De ses briques et pierres, de ses châteaux industriels et bourgeois érigés aux temps de la splendeur, mais aussi des quartiers populaires quand la réhabilitation est intervenue à temps. Elle provient aussi de cet improbable mariage forcé entre les gens du Nord, qu'ils soient d'ancienne souche locale, héritiers des travailleurs immigrés de Flandre belge, et les couches successives d'immigration européenne puis du Maghreb et d'ailleurs. Et elle est le fruit du développement économique commencé dans la distribution et la vente à distance (Redcats ex-groupe Redoute, les 3 Suisses dans la commune voisine de Croix et leurs satellites) depuis très longtemps, poursuivi aujourd'hui dans de nouvelles niches : les magasins d'usine et le dégriffé avec L'Usine et Mc Arthur Glen, les start-up Internet, la vente au téléphone, les services à la personne, l'implantation française de l'opérateur belge de téléphonie Belgacom, etc. Voici quelques années, les élus ont attiré à Roubaix le centre national chorégraphique des Ballets du Nord, devenu l'un des arrêts du circuit européen des amateurs. Ils ont créé un festival, les Transculturelles en novembre, qui joue sur le côté métis de la ville. Ils inaugurent un musée de l'Art et de l'Industrie qui puise ses sources dans le patrimoine régional.

De 37 à 63 % de TO
Mais quand le patron de la Métropolitaine d'Hôtellerie, Jean-Claude Kindt, remet en 1996 les clés du Grand Hôtel Mercure au crédit-bailleur ISM (groupe Lyonnaise Dumez), cet enthousiasme n'est pas encore de mise. L'hôtellerie européenne n'est pas encore sortie de la crise, et l'hôtel-restaurant de 93 chambres, très bien placé avenue Jean-Baptiste Lebas, entre Hôtel de Ville et gare SNCF, plafonne à 37 % de taux d'occupation. En août 1996, ISM charge l'un de ses experts, Patrick Chiche, d'auditer l'hôtel. Il s'y intéresse tant qu'il demande et obtient la gestion pour le compte d'ISM jusqu'en juillet 1998. A cette date, la conjoncture s'est redressée, l'hôtel s'est refait un nom localement, et il en devient le plein responsable, avec un montage financier que la baisse des taux a sans doute rendu moins pénalisant. Patrick Chiche reste franchisé Accor à l'enseigne Grand Hôtel Mercure, crée un bureau de consultant à Paris, et exploite à présent trois franchises Nuits d'Hôtel à Saint-Quentin (02), Marseille et Montpellier. A fin septembre cette année, le Grand Hôtel Mercure de Roubaix, classé 3 étoiles, pointait à 58 % de TO moyen sur l'année 2000, et compte tenu des mois favorables restant à courir, devrait terminer à 63 % environ, escompte son directeur Denis Tudal. Les prix sont affichés de 420 à 620 F en junior suite, les prix moyens tourneront de 330 à 340 F.
Il a fallu pour cela investir. L'hôtel est une superbe et emblématique construction datée de 1904, pleine de classe, et aussi pleine de problèmes de fonctionnalité. La rénovation complète de la monumentale salle de restaurant, des 200 m2 de salons et des chambres et zones publiques, se termine après 6 MF de dépenses, pour moitié financée par crédit-bail d'ISM, et pour moitié par autofinancement- les premiers travaux engagés par la gestion précédente non compris. Une rénovation complète, mais toujours à reprendre dans les détails pour cause d'ancienneté de l'immeuble.

Le poids des tour-opérateurs
L'hôtel est complet quatre jours par semaine les 'bons mois' de l'année. Il vit en semaine d'une forte clientèle corporate amenée par Redcats et Auchan en particulier, et d'autres professionnels, ainsi que de quelques clients amenés par Lille Grand Palais et l'office de tourisme de Lille. En week-end et en congé, les tour-opérateurs et autocaristes sont maîtres du terrain, travaillés en direct et avec l'OT de Roubaix. Les arguments de vente de l'hôtel sont la situation d'étape sur la route Nord-Sud pour les Allemands du Nord, les Scandinaves, les Ecossais, son charme, la proximité de Lille à moindre coût, et l'attractivité commerciale et culturelle de Roubaix. La clientèle française, diffuse, est encore faible. La nouvelle personnalité de la ville est encore méconnue. La restauration vit le midi de la clientèle roubaisienne et le soir des clients de l'hôtel avec un taux de captage de 80 %. S'y ajoutent séminaires et animations locales. Autodidacte très expérimenté en restauration d'hôtel dans la région parisienne, Denis Tudal s'est depuis le début fortement impliqué dans la vie locale. Il veut mettre à profit l'architecture emblématique de l'hôtel, et son histoire mêlée à celle de toutes les grandes familles industrielles roubaisiennes pour y ancrer une partie du renouveau, encore timide, mais prometteur d'aujourd'hui. Les premiers résultats sont là. L'hôtel a trouvé sa rentabilité, et c'est déjà beaucoup. A noter qu'il est le seul dans sa catégorie à Roubaix, l'autre grand porteur étant un Ibis de taille très proche. A l'échelle de la métropole Nord, il enrichit le jeu dominant d'Accor.
A. Simoneau zzz36v

Les Orgues de Roubaix
Le Mercure, Mc Arthur Glen et Les Orgues de Roubaix se sont associés dans un paquet touristique comprenant nuit d'hôtel, shopping et soirée café-concert 1900 dans un étrange décor. A 200 m à pied de l'hôtel, Martin Lehmann, artiste lyrique de formation, a aménagé pour recevoir à l'aise 300 personnes un café-restaurant équipé d'orgues mécaniques du facteur anversois Mortier, totalement remis en état, et de quelques autres curiosités sonores du même ordre. Les Orgues ont ouvert fin septembre. La salle et le bar sont plutôt sobres et élégants, presque zen en bois clair et fer forgé noir. Mais le volume sous-plafond, et le côté monumental des orgues n'en ressortent que mieux. Un public varié du troisième âge aux jeunes cadres curieux du passé, vient voir et entendre un spectacle 1900 et années suivantes (jusqu'à Claude François), en passant par Caf'Conc, french cancan, style Mayol et music-hall. Martin Lehmann chante lui-même entouré de huit à quatorze artistes. Les Orgues attendent surtout des groupes, à raison de 150 francs par personne pour 50 clients au moins. L'entrée individuelle est fixée à 250 francs, repas et une boisson comprise. Le lieu fonctionne le week-end et en semaine sur commande. Les cibles touristiques étant proches, le Grand Hôtel Mercure et Les Orgues de Roubaix font cause commerciale commune, avec Peggy Vaillant, attachée commerciale à la recherche de groupes pour l'un comme l'autre. L'investissement atteint 4,5 MF, l'hôtel y est impliqué. Mieux vaut s'activer à la commercialisation.

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L'HÔTELLERIE n° 2694 Hebdo 30 Novembre 2000

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