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La formation continue ne peut résoudre le déficit de main-d'œuvre

Créée en 1975, l'Afec (Association de formation et d'enseignement continus) forme chaque année environ 12 000 personnes, des jeunes en contrat de qualification, en actions de découvertes ou en préqualification, ainsi que des adultes dans le cadre de stages conventionnés. Son cœur de métier est la restauration et l'hôtellerie. Rencontre avec son directeur général, Pierre Courbebaisse, vice-président national de la Fédération de la formation professionnelle, Syndicat professionnel des organismes de formation privée et président du centre information Gentiane pour l'Auvergne.

 
Pour Pierre Courbebaisse, "la formation continue ne peut pas résoudre le déficit de main-d'œuvre car elle est victime de la désaffection des candidats".

Propos recueillis par Lydie Anastassion

L'Hôtellerie : Pourquoi la formation continue n'est-elle pas une solution pour réduire la pénurie d'emplois ?

Pierre Courbebaisse : La formation continue ne peut pas résoudre le déficit de main-d'œuvre car elle est victime de la désaffection des candidats. Elle doit faire face à des problèmes de recrutement. La demande en formation a fortement régressé au cours des deux dernières années, de 25 % environ à l'Afec, sur 22 antennes régionales. Notre boutique d'informations pour les jeunes enregistre 2 500 visites par an contre 3 000 en moyenne les années précédentes. Quand les jeunes ont des problèmes d'emploi, ils se tournent vers l'hôtellerie et la restauration. Quand ils n'en ont pas, ils préfèrent travailler dans d'autres secteurs. Le problème de fond réside dans la mauvaise image de la profession : les horaires, la pénibilité du travail. Il faut être réaliste. Quand on annonce 43 heures par semaine, on ne mobilise personne. De plus, la restauration n'appartient plus à l'univers des jeunes. Le bien manger et le bien vivre ne sont pas dans leurs valeurs d'aujourd'hui et le 'sens' du travail a changé.

L'H. : Quels nouveaux messages les professionnels doivent-ils mettre en place ?

P. C. : L'information actuelle en France sur les emplois est trop institutionnelle pour tous les métiers. Les aspects négatifs sont amplifiés.
Et les aspects positifs sous-évalués. Il faut dire que la filière de l'hôtellerie et de la restauration est une filière de réussite. Pour cela, il faut apporter des témoignages. Les professionnels, les formateurs et les informateurs doivent se mettre d'accord sur une politique de communication de branche en direction des publics potentiels à cibler.
Je préconise une information de proximité, à dimension humaine, dont le message principal serait la réussite individuelle. Il faut aussi mettre en avant la mobilité. Aller se former en Europe, c'est valorisant. La mobilité permet d'acquérir des compétences linguistiques, la connaissance
de la clientèle étrangère et de nouveaux comportements.

L'H. : Quelle est la place de la formation ? Doit-elle aussi évoluer ?

P. C. : La formation continue peut mobiliser ou qualifier les gens dans les CHR, mais elle doit évoluer. Il faut accentuer la partie comportementale de la formation : la relation avec le client, le travail en équipe. Et laisser davantage aux entreprises le volet pédagogique car elles sont plus aptes à le faire par le tutorat. Les organismes de formation ont à entreprendre une démarche qualité et à se centrer sur une logique de service vis-à-vis des stagiaires. Il faudrait aussi recruter des professionnels formateurs dans les centres et revaloriser le statut des examinateurs. Je crois que les organismes de formation ont à jouer un rôle d'assainissement des terrains de stage : 'ils ont les jeunes'. Enfin, il devient urgent de mettre en place un système de validation des acquis. Les jeunes ne vont plus au bout de leur formation car ils sont embauchés avant. Ils trouvent du travail parfois sans formation. Ce qui risque à terme de favoriser une régression ou déperdition des qualifications pour notre branche.

L'H. : Quels seront les défis auxquels devra faire face la formation continue ?

P. C. : Il s'agit de toutes les nouvelles technologies éducatives comme les ressources télévisuelles, les formations en ligne, le multimédia, etc.
Pour l'instant, les contenus sont encore pauvres. Petit à petit, la formation s'effectuera, en partie, hors du temps de travail mais dans le cadre de a formation continue. C'est le co-investissement inclu dans la loi des 35 heures à adapter au cheminement professionnel et selon le rythme de travail de notre branche.

Afec
6, rue de la Pierre Levée
75011 Paris
Tél. : 01 53 36 88 44

Fax : 01 43 38 23 96


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L'HÔTELLERIE n° 2694 Hebdo 30 Novembre 2000


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