Témoignages
Ce n'est certainement pas un hasard si dès le mois de septembre, près de 60 établissements s'étaient inscrits pour participer à l'opération de promotion du tourisme provençal en Californie. La plupart des professionnels, qui sont allés cette année rencontrer les opérateurs du tourisme à Chicago, veulent absolument renouveler l'opération à Los Angeles en janvier 2001. Tous ont tiré parti de ce voyage : de nouveaux clients, une meilleure manière d'appréhender le marché américain, la création de nouveaux produits, chacun y a trouvé un nouveau dynamisme. Rencontres.
L'Hostellerie Bérard
René Bérard
Sandra Bérard ne manque pas d'humour et est pleine d'enthousiasme et de dynamisme : "Chicago ? C'est Marseille en plus grand ! " Habituée des Etats-Unis, elle est pourtant revenue avec une idée neuve de la métropole des bords du lac Michigan. "Contrairement à New York où les gens sont très blasés, là-bas, le public a encore envie de faire des découvertes, et le potentiel économique est très grand." La directrice commerciale de l'Hostellerie Bérard (3 étoiles, La Cadière d'Azur, Var) a effectué le voyage avec ses parents, pour une quinzaine très intense. Son père, René, a d'abord partagé les cuisines du restaurant Les Nomades, le Relais Gourmand du centre de Chicago, pour concocter le dîner d'une soirée de gala. Il a ensuite enchaîné l'enregistrement de six émissions télévisées sur une chaîne spécialisée en cuisine. Parti de La Cadière d'Azur avec son livre de recettes en poche, traduit en anglais pour l'occasion, il a enfin profité de son séjour pour trouver un revendeur aux Etats-Unis. "Ce type de déplacement nous permet de prendre des parts de marché sur une clientèle individuelle de très bon niveau, explique Danielle Bérard, la mère. Nous ne sommes pas un 4 étoiles. Il faut se déplacer pour montrer que nous pouvons faire du cousu main. Les Américains sont séduits : ils sont accueillis par une famille avec une histoire et ne sont pas qu'un numéro sur un registre. Cela, les grosses entités ne le font pas. Par contre, il faut faire bien attention de mentionner toutes les caractéristiques de l'établissement : certains s'imaginent que nous ne connaissons pas encore la climatisation."
Jouer à fond la carte de la Provence
Dans la métropole de l'Illinois, les Bérard ont misé à fond sur la carte de la
Provence et du terroir. "Ce que nous avons compris, c'est que cette clientèle
aime 'jouer au Français', poursuit Danielle Bérard. Nous donnons
directement sur la place du village, où ils peuvent aller boire le pastis, faire le
marché, flâner chez les brocanteurs. Nous essayons de leur parler en français quand
c'est possible. Ça flatte ceux qui connaissent quelques mots..." Cette politique
marche si bien que les hôteliers sont parfois eux-mêmes surpris par les demandes de
leurs clients d'outre-Atlantique. "A notre retour, un couple nous a appelés : ils
voulaient marier leur fille à La Cadière, et nous ont demandés de tout organiser. Ils
se sont déplacés avec quelques dizaines d'invités, et ont fait un vrai mariage
provençal avec apéro sous les platanes, bénédiction par le curé à l'église, même
s'ils avaient amené leur pasteur avec eux..." La famille Bérard a pu aussi
rencontrer une clientèle d'affaires, ce qui s'est concrétisé par un séminaire
effectué par des cadres de la société Avon. Ils préparent maintenant leur séjour pour
l'opération Marseille-Los Angeles. "Je n'y suis jamais allée, mais je sais que
nous sommes déjà très attendus, avance Sandra Bérard. Aujourd'hui, les
Californiens, et notamment les riches retraités, représentent déjà notre plus grosse
clientèle américaine. En plus, la côte du Pacifique nous rapproche d'un marché
émergent pour nous, celui de l'Asie."
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L'HÔTELLERIE n° 2694 Hebdo 30 Novembre 2000