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L'événement
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André Daguin, président de l'Umih

"Nous allons faire passer ce métier à la modernité"

C'est à Orléans du 27 au 29 novembre prochain qu'aura lieu le 2e congrès de l'Umih (Union des métiers et des industries hôtelières). Les prochaines élections au sein des cinq branches seront sans surprise. Les candidats aux postes à pourvoir n'auront en effet pas d'adversaire. Son président, André Daguin, donne les grandes lignes de sa politique.

 
Pour André Daguin, les prochaines années seront celles de la modernité.

Propos recueillis par Lydie Anastassion et Sylvie Soubes

L'Hôtellerie : Le prochain congrès de l'Umih a lieu à Orléans, pourquoi ce choix et quel en sera le thème ?

André Daguin : Parce qu'Orléans a tous les avantages de Paris et tous les avantages de la province. Et que la ville est au milieu d'une région très peuplée syndicalement, avec une pénétration syndicale qui atteint près de 40 %. C'est aussi le symbole de la réunification syndicale. Ce congrès est le premier congrès qui sera organisé vraiment par l'Umih, qui verra l'élection du premier directoire de la fusion. Il y aura des gens de toute origine. Cela veut dire que l'amalgame est fait. Nous considérons que notre rôle, dans la mandature qui arrive, est de faire entrer ce métier dans la modernité. Ça veut dire qu'il faut se méfier du corporatisme, et en tout cas, ne pas le confondre avec le respect des traditions et des usages de notre métier. Il faut que nous soyons les acteurs d'un secteur d'activité qui est le 4e employeur privé de France. Mais qui est très divers. C'est à la fois sa force et sa faiblesse. Si on veut avoir autant de représentation syndicale qu'il y a de diversité dans ce métier, on est mort. Si on se met à avoir autant d'organisations syndicales que d'associations, notre voix ne sera pas entendue. La modernité, ça veut dire que nous sommes capables de privilégier ce qui nous rapproche aux dépens de ce qui nous sépare. Il ne faut pas dire qu'on va gommer ce qui nous sépare. Ce qui nous rapproche, c'est le législatif, le réglementaire et le fiscal. Vous avez remarqué que je laisse la promotion, les contacts avec la presse, tout ce travail d'images aux associations, aux entreprises et à leurs groupements. Nous avons en charge des entreprises en but à des réglementations excessives, un système fiscal intenable. Il faut que notre organisme soit capable d'exercer une veille réglementaire, fiscale et juridique pour traiter les problèmes en amont.

L'H. : En dehors des élections de branches, allez-vous aborder les 35 heures ?

A. D. : Après les élections, nous débattrons en effet de la réduction du temps de travail. Nous allons faire trois propositions aux congressistes et c'est eux qui décideront laquelle nous défendrons en commission mixte. Je ne peux pas vous dire encore quelles seront ces propositions, mais je peux vous dire que nous ne sommes pas opposés à la réduction du temps de travail. Si nous y étions opposés, notre personnel irait faire 39 ou 35 heures, mais ailleurs. D'autre part, il faut savoir que la marge finale des entreprises indépendantes se situe autour de 2 % en moyenne. Ce n'est pas nous qui le disons, c'est le ministère du Tourisme. On ne peut pas, dans les conditions actuelles, ni augmenter les salaires, ni réduire le temps de travail. Il faut que nos conditions de travail se rapprochent le plus possible du droit commun sans pour autant casser l'entreprise.

L'H. : Allez-vous également en profiter pour faire le bilan de la manifestation parisienne du 16 octobre dernier et des manifestations qui l'ont précédée en province ?

A. D. : De cette manifestation, j'en tire d'abord qu'elle a été tenue par un service d'ordre de qualité organisé par l'Umih. La preuve : on est passé devant un McDo et il n'a reçu qu'un œuf ! Cette manif s'est bien déroulée. Nous avons investi 150 000 F, il faut le savoir, ça coûte une manif ! Mais nous avons réussi à mettre dans Paris quelques milliers de gars sans casser une vitrine. Quant au rendez-vous, cela fait des mois que j'en demande un avec Bercy. Trois semaines avant, j'ai dit à Monsieur Fabius, ce jour-là (le 16 octobre), on sera dix mille, il serait bon que vous nous receviez. Là encore, il n'y a pas eu de réponse de Bercy. Pas de réponse. Ni oui, ni non. Malgré cette déception, les mobilisations préalables, les mobilisations consécutives, ont fait que tous les RG de France ont fait leur rapport. Maintenant, on sait à Matignon que ça chauffe de tous les côtés.

L'H. : Vous aviez dit, lors de cette manifestation, qu'elle n'était qu'un début. Quelles consignes avez-vous donné depuis à la base ?

A. D. : On leur a dit : allez libérer les autoroutes, allez souder les grilles des perceptions, allez déposer des poubelles devant les préfectures, mais pas d'insultes contre les politiques. Sauf peut-être contre ceux qui ont écrit et qui ont fait l'inverse de ce qu'ils ont écrit. Sachez que ce n'est pas fini. Il y a une cellule de crise au sein de l'Umih qui travaille d'arrache-pied, et je préfère vous dire qu'il va y avoir quelques manifs sérieuses, peut-être avant les municipales. Il y aura de nouvelles initiatives. Cela, c'est pour le haut du glaçon. En dessous, il y a les recours que nous avons déposés, dont un qui est particulièrement venimeux. Le 27 mars dernier, le Conseil d'Etat a enjoint le gouvernement de mettre un terme à la distorsion de concurrence entre les cantines concédées à des sociétés de restauration et la restauration traditionnelle. Le gouvernement a eu six mois pour le faire. Le 27 septembre, il ne s'est rien passé. Le 1er octobre, nous avons donc déposé un référé demandant une astreinte de 10 000 F par jour de retard. Nous attendons que le Conseil d'Etat statue.

L'Umih investit
C'est par un emprunt de 1,5 million de francs que l'Umih financera ses projets de rénovation et d'équipement informatique destinés
à mettre en place un service sur le Web. "Un beau projet", confie Jean Blat, ancien président de la FNIH.

L'H. : Comment la grève de l'Umih a-t-elle été vécue par les départements ? Etait-il vraiment judicieux de bloquer localement certains contacts et de risquer des tensions supplémentaires avec les administrations ?

A. D. : Mais c'était le but. Le but n'était pas fiscal, il était de créer des tensions. Quand il y a la grève des pilotes d'Air France, qu'est-ce qui se passe ? Quand il y a la grève de la SNCF, qu'est-ce qui se passe ? Vous ne voulez pas qu'on se serve des mêmes armes ? Je ne vois pas de quel droit nous serions nous, quand on nous traite mal, plus raisonnables que d'autres.

L'H. : A l'heure où l'on parle d'embellie économique, où la reprise touche aussi le secteur de la restauration et de l'hôtellerie, vos revendications en matière de TVA peuvent-elles être comprises du public ?

A. D. : Nous avons une reprise de notre chiffre d'affaires de l'ordre de 7 %. Nous avons une marge bénéficiaire de 2 % qui n'a pas bougé. Si on (N.D.L.R. : Bercy) veut maintenir toutes ces entreprises avec une marge aussi faible, c'est que l'on ne veut pas que le personnel et le client en profitent. Avec un taux de TVA ramené à 5,5 %, on baisse les prix et on embauche du personnel. Sans compter que l'on investit aussi.

L'H. : Vous nous avez dit que ce congrès serait celui de la modernité. Quelles propositions allez-vous développer ?

A. D. : Nous considérons que faire passer ce métier à la modernité, c'est se servir mieux et plus de l'informatique et du Net. On est en réseau dans la maison, on est en réseau avec quelques syndicats et la Toile est en train de s'étendre. Ça veut dire, qu'à terme, au lieu de fabriquer des tonnes de papiers, on va pouvoir faire passer directement à l'adhérent les renseignements, sans pour autant nuire aux syndicats départementaux. Deuxième chose, il y a dans toute la France une partie d'hôtels, hôtels-restaurants, cafés... appartenant à des gens qui arrivent aux bords de la retraite et qui n'ont pas pu vendre leur affaire. On réfléchit au moyen de faire racheter l'affaire par des jeunes exploitants. L'idée, c'est que le jeune qui achète puisse travailler en tandem avec les anciens pendant un certain nombre de mois, et que ces derniers partent avec quelques sous. On voudrait débarrasser les jeunes de tout ce que les Américains appellent le back office. Qu'ils puissent donner tout leur temps au client. Que, par petits groupes, ils puissent avoir une gestion organisée. La priorité, pour nous, c'est faire en sorte que les hôtels en général bien placés mais vieillissants, et aux mains de gens vieillissants, ne disparaissent pas. Notre deuxième projet concerne le petit indépendant, qui n'est pas capable d'être sur la scène de la réservation mondiale parce qu'il n'a pas le sou, parce qu'il n'a pas les compétences. Ce qu'on veut, c'est mettre en place un outil de réservations afin que tous les hôtels, tous les restaurants qui le souhaitent et qui le méritent, puissent être sur la scène mondiale.

Le programme du congrès
C'est au Zénith d'Orléans, en présence du ministre du Commerce et de l'Artisanat, Jacques Patriat, et de la secrétaire d'Etat au Tourisme, Michelle Demessine, que se déroulera ce congrès où la chambre syndicale de l'industrie hôtelière du Loiret, présidée par Bernard Quartier, attend 500 congressistes.
* Lundi 27 novembre : assemblées générales des saisonniers et des discothécaires.
* Mardi 28 novembre : discours d'ouverture, élections le matin, bilan des branches et résultats durant l'après-midi.
* Mercredi 29 novembre : tables rondes sur les questions d'actualité.

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L'HÔTELLERIE n° 2693 Hebdo 23 Novembre 2000


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