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Combattre l'ESB

Lionel Jospin annonce un nouveau dispositif de sécurité alimentaire

En raison de la psychose provoquée dans l'opinion publique par la crise de la vache folle ou de l'ESB (encéphalie spongiforme bovine), et pour tenter d'enrayer celle-ci, Lionel Jospin a annoncé mardi 14 novembre, lors d'une conférence de presse, 7 mesures pour renforcer le dispositif de sécurité sanitaire.

1. L'utilisation des farines animales est suspendue
"Le gouvernement a décidé de suspendre l'utilisation des farines de viande et d'os dans l'alimentation des porcs, des volailles, des poissons, ainsi
que des animaux domestiques",
a déclaré Lionel Jospin.
Cette suspension fera l'objet d'un arrêté qui doit être publié dès mercredi 15 novembre au Journal officiel.

2. Poursuite des mesures de retrait des tissus à risque
Dans la continuité des mesures engagées pour le retrait des tissus à risque, il est prévu de "mettre en œuvre le retrait des colonnes vertébrales
de la chaîne alimentaire"
. "Ce qui là encore ne peut se faire du jour au lendemain, compte tenu de la réglementation communautaire et de l'organisation de la découpe dans les abattoirs et chez les bouchers."
En outre, le gouvernement a décidé d'interdire la côte de bœuf non détalonnée et le T-bone, conformément aux recommandations de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), et d'exclure les vertèbres de bovins de la fabrication de gélatine et de suif.

3. Des contrôles renforcés
Sous l'autorité des préfets, les contrôles de l'ensemble de la chaîne alimentaire seront renforcés, non seulement dans les entreprises de fabrication d'alimentation du bétail mais aussi dans les abattoirs. A cet effet, Lionel Jospin a annoncé la création de 300 postes de vétérinaires- inspecteurs, techniciens- vétérinaires, et agents administratifs, ainsi que 150 postes de médecins, pharmaciens-inspecteurs, inspecteurs et contrôleurs du travail, et pour finir, 25 postes d'ingénieurs sanitaires.

4. Le dépistage de l'ESB renforcé
Le dépistage de l'ESB par des tests biologiques sera étendu.
Il sera pratiqué de façon aléatoire sur des bovins entrant, dans la chaîne alimentaire.
En outre est prévue la définition d'un "cahier des charges d'un test plus sensible et dont les conditions de réalisation permettraient de la généraliser à grande échelle et dans les meilleurs délais".

5. Retrait de la chaîne alimentaire de certaines catégories de bovins
C'est sur la base des résultats du programme de tests menés depuis six mois que le gouvernement étudiera l'intérêt sanitaire de mesures de retrait spécifique de certaines catégories d'animaux de la chaîne alimentaire.

6. Renforcement des mesures de précautions et de sécurisation pour la santé de l'homme
Les mesures de précaution pour éviter la transmission de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (version humaine de la maladie de la vache folle) seront renforcées, notamment par une plus grande sécurisation concernant les matériels médicaux et les produits sanguins.

7. Augmentation des crédits pour la recherche
Les crédits affectés à la recherche sur le prion, agent responsable de l'ESB et de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, seront augmentés. De l'ordre
de 70 millions de francs à l'heure actuelle, ils passeraient à 210 millions de francs dès l'année prochaine.

Pourquoi supprimer les farines animales ?

Suspectées de véhiculer la maladie de la vache folle, les farines animales ont été bannies en France de l'alimentation des bovins (bœufs et vaches) en 1990 et de l'alimentation des ovins (moutons, agneaux) depuis 1994. Le renforcement de la surveillance de l'ESB, accentué par la campagne de dépistage post mortem de cette maladie, a révélé un nombre croissant de cas de vache folle en France. En effet, depuis le début de l'année 2000, 96 cas d'animaux atteints par cette maladie ont été détectés contre 30 l'année dernière, bien que tous ces animaux soient nés après 1990, date d'interdiction des farines animales. Pas de doute, ces animaux ont consommé des farines animales, malgré l'interdiction. Le ministère de l'Agriculture estime que ces animaux sont probablement victimes de "contaminations croisées accidentelles" entre les filières d'aliments pour bovins (sans farines animales) et les filières d'aliments pour porcs, volailles, poissons, lapins, chevaux, toujours autorisés, eux, à contenir des farines animales. Pour éviter ces contaminations croisées au cours de la fabrication des aliments pour animaux, ou lors de l'utilisation des aliments dans les exploitations agricoles, une seule solution s'imposait : la suppression totale de l'utilisation de farines animales pour l'alimentation des animaux quels qu'ils soient. Ce qui vient d'être fait.

Qu'appelle-t-on farines animales ?
Les farines animales sont des produits issus de la cuisson, par les équarrisseurs, de déchets d'origine animale (vaches, moutons, poissons, volailles) collectés dans les fermes, abattoirs, ateliers de découpe et de transformation de la viande, et boucheries. Les équarrisseurs les vendent aux fabricants d'aliments pour animaux qui les incorporent, à hauteur de quelques pour cent, dans les granulés pour animaux servis en compléments nutritionnels dans les élevages. Depuis 1996, on distingue deux types de farines animales : les farines animales à détruire (farines à haut risque de transmission de la vache folle) et les farines animales destinées à l'alimentation animale.
* Les farines à détruire (dites à haut risque) sont issues de cadavres d'animaux ramassés à la ferme, de vaches détectées comme folles, de bovins abattus après la découverte d'un cas d'ESB dans le troupeau, et de tous les organes de bovins et d'ovins classés dans la catégorie des MRS (Matériaux à risques spécifiés). Ces produits sont transformés en farines (pour des raisons techniques) avant d'être brûlés.
* Les farines destinées à l'alimentation animale (porcs, volailles, poissons, lapins, chevaux) sont fabriquées à partir d'animaux déclarés sains et dont les MRS ont été retirés. Ce sont ces farines qui viennent d'être interdites.

Qu'est-ce que la contamination croisée accidentelle ?
Les fabricants d'aliments pour animaux fabriquaient aussi bien des aliments pour ruminants (bovins) que pour non-ruminants (porcs, volailles, poissons...).
Le problème est que la plupart des fabricants n'avaient pas mis en place deux circuits différents et qu'ils produisaient dans les mêmes 'marmites', successivement, les deux types d'aliments. Résultat, on trouvait dans les aliments pour ruminants des traces de farines animales. Le service de répression des fraudes n'entamait une procédure judiciaire, que lorsqu'il détectait plus de 0,3 % de farine d'origine animale. Le problème est, qu'avant 1996, ces farines contenaient encore de la cervelle et de la moelle épinière, réputées contaminantes, et des cadavres d'animaux. En outre, l'obligation décrétée au niveau européen de chauffer jusqu'à 133 °C pour détruire les prions n'a été imposée qu'en 1998. Une autre source de contamination croisée accidentelle pouvait provenir des équarrisseurs qui produisaient, sur les mêmes sites, les farines à détruire et les farines pour l'alimentation animale.

Requiem pour le ris de veau
L'arrêté qui interdit la consommation du ris de veau est tombé. Il a été publié au Journal officiel du samedi 11 novembre 2000. Le ris de veau (thymus) fait désormais partie des MRS (Matériaux à risques spécifiés). Les inconditionnels du ris de veau pourront quand même continuer à se régaler avec les ris de veau importés exclusivement d'Argentine, d'Australie, du Chili, de Norvège, de Nouvelle-Zélande, et du Paraguay. Parce que, dans ces pays riches en pâturages, les animaux sont essentiellement nourris avec le lait de leur mère puis avec de l'herbe et des fourrages. Vous pourrez continuer cependant à proposer à vos clients de la cervelle de veau et de la tête de veau d'origine française. Cette dernière vous sera livrée sans les amygdales (nouvellement incluses dans la liste des MRS). Les intestins de veau viennent également d'être interdits. Les fabricants d'andouilles, d'andouillettes, saucisses, et saucissons avaient déjà pris les dispositions nécessaires. Les boyaux et la fraise de veau sont déjà remplacés par des boyaux de porc ou par du boyau collagénique fabriqué à partir du derme (peau des animaux).


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L'HÔTELLERIE n° 2692 Hebdo 16 Novembre 2000


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