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Des hôtels qui marchent

Les services sur autoroute en France souffrent d'une image plutôt moyenne, auprès des automobilistes français notamment : prix élevés, problèmes de sécurité, qualité médiocre de l'accueil et de la restauration... Face à ces préjugés, comment les hôtels d'autoroute s'en sortent ? Pas si mal surtout grâce à la clientèle étrangère.

Regroupant 25 établissements et 1 463 chambres (0,25 % du parc français en nombre de chambres, le marché des hôtels d'autoroute apparaît relativement marginal. Malgré leur nombre restreint, les unités en service rencontrent un vif succès. Il faut dire que l'offre hôtelière sur autoroute se situe sur les axes les plus fréquentés, à savoir les autoroutes Paris-Rhin-Rhône et les autoroutes du Sud de la France. Le marché se partage entre deux groupes - déjà spécialistes de la restauration concédée - Elior et Autogrill (respectivement 42 % et 21 % du parc total en nombre de chambres) qui franchisent leurs hôtels sous des enseignes connues. "N'ayant pas réellement d'expérience en la matière, les sociétés d'autoroute ont privilégié, à la fin des années 70, l'ouverture d'hôtels plutôt haut de gamme. Les 4 unités Mercure (d'anciens Sofitel Jacques Borel d'origine), encore en service aujourd'hui, datent d'ailleurs de cette époque. Petit à petit, elles se sont aperçues que leur clientèle, qui ne s'arrêtait qu'une seule nuit, recherchait des hôtels plus économiques, d'où l'apparition d'établissements 2 étoiles par la suite", précise-t-on à l'Association nationale des restaurants et hôtels d'autoroute (ANRHA). A l'heure actuelle, bien que les sociétés d'autoroute n'aient pas de réelle politique de développement en matière d'hôtellerie, il semblerait que des ouvertures d'unités superéconomiques, de taille relativement modeste (30 chambres environ) tendent à se développer à l'avenir. Cela dit, la plupart des besoins sont pour le moment satisfaits sur l'ensemble des axes autoroutiers français.

Une clientèle spécifique

Toute nouvelle création hôtelière serait désormais liée à une augmentation significative du trafic sur les nouveaux axes. Car il faut bien le reconnaître, la demande hôtelière sur autoroute est à l'image de son offre, relativement marginale. Tout d'abord, la clientèle y est principalement d'origine étrangère. "Nous recevons près de 85 % des touristes étrangers chaque année, dont la plupart sont originaires d'Europe du Nord. Il faut dire que ce sont eux qui ont le plus de trajet à couvrir. Beaucoup vont passer leurs vacances en Espagne. Après une journée de route, ils viennent se reposer une nuit dans notre hôtel, puisqu'il est à mi-parcours", remarque Guy Camredon, directeur de l'hôtel du Village Catalan (A9, secteur de Perpignan). "Les étrangers fréquentent volontiers nos hôtels car le prix des chambres est moins élevé que dans leur pays. Et je pense aussi que c'est davantage dans leur mentalité que de s'arrêter sur l'autoroute", constate cet autre hôtelier installé sur une aire de l'autoroute du soleil. "Les Français, quant à eux, ont plus d'a priori sur les tarifs, la sécurité et le bruit qu'ils croient à tort plus gênant dans un hôtel d'autoroute qu'ailleurs !", poursuit-il. Contrairement aux idées reçues véhiculées notamment par le prix du carburant, le prix des chambres sur autoroute n'est pas prohibitif comparé à l'hôtellerie classique. Toutes catégories confondues, le tarif en chambre double sur autoroute ressort environ 3 % plus cher que dans l'ensemble des hôtels en France. Cet écart est principalement dû aux charges d'exploitation qu'un hôtel situé sur une aire d'autoroute doit supporter : un droit d'entrée qui varie entre 300 000 et 900 000 F pour un contrat de 25 ans, une redevance sur le chiffre d'affaires HT de l'ordre de 3 % chaque année, et des frais d'entretien pour les parties communes de l'aire qui sont compris entre 18 000 et 30 000 F par an.

Des plannings difficiles à gérer

Autre spécificité des hôtels sur autoroute : la gestion des plannings. En dehors de quelques touristes étrangers très prévoyants, la plupart des clients ne réservent pas leur chambre. "Dès la nuit tombée, beaucoup de clients arrivent à l'improviste après avoir ressenti un coup de fatigue. Pour ne pas s'endormir au volant, ils préfèrent venir se reposer quelques heures dans l'hôtel", remarque la directrice de l'hôtel Ibis de Montpellier-Fabrègues (A9). Ce phénomène contraint les hôteliers à être ouverts 24 h/24 et 365 jours par an avec les répercussions que l'on imagine sur les prévisions et sur la gestion du personnel. "Pour établir nos prévisions, nous nous basons sur les résultats des années précédentes", précise Philippe Launay du Mercure de Mâcon-Saint-Albain (A6). "Pour le personnel, nous fonctionnons avec une équipe de base et nous faisons appel à des extras ou à des saisonniers lors des pics de fréquentation", remarque Patrice Hebral, responsable des deux unités Côté France sur l'aire de Beaune-Tailly (A6). Malgré toutes ces spécificités, l'ensemble des hôteliers présents sur autoroute s'y sent bien. Les quelques désagréments existants sont vite oubliés face aux excellents taux d'occupation réalisés (résultats autour des 70 % annuel, voire supérieurs à 80 % pour les unités superéconomiques) et à la mine ravie des automobilistes qui repartent reposés de leur bref séjour.
G. M.

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L'HÔTELLERIE  n° 2691 L'Hôtellerie Économie 09 Novembre 2000