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Alpes

Millésime 2000 très contrasté pour la saison estivale

Record d'affluence à Paris et sur la Côte d'Azur et résultats très mitigés pour les Alpes françaises. Directement affectées par une météo médiocre, les Alpes ont connu une fréquentation touristique en baisse pour la troisième année consécutive.

Cet été, en Haute-Savoie, le taux de remplissage dans l'hôtellerie annonçait des chiffres moroses se situant sous la barre des 50 %, en recul de 2 points par rapport à 1999. En Isère, à peine la moitié des hébergements est occupée. En juillet, où il a plu 21 jours sur 31, le bilan dans les zones de basses vallées et villes n'a pas été mauvais, équivalent ou même supérieur à l'an dernier, la clientèle renonçant à se rendre en altitude. La restauration semble également avoir obtenu d'assez bons résultats dans ces zones. "Mais la chute dans l'hôtellerie, constate Jacques Jond, président de la Fagiht, a été très forte en montagne, jusqu'à 50 % dans certains cas."
La saison avait pourtant bien commencé avec une fréquentation en hausse en mai et juin. Le taux d'occupation moyen pour l'ensemble des hôtels de l'Isère a atteint à cette période 57 %, soit une hausse de 3 points par rapport à 1999 *. Près d'un tiers des nuitées environ est réalisé par des touristes étrangers plus nombreux que l'an dernier. Cet engouement d'une clientèle internationale est dû, semble-t-il, aux efforts de promotion de la région, mais n'a pas pu pondérer les effets de la désaffection de la clientèle française. Le mois de juillet a débuté tardivement et n'a pas été rattrapé par le mois d'août.
Ce terme "rattraper" irrite profondément les hôteliers-restaurateurs. "Dans ce métier, on ne fait pas de stocks. Le report est impossible. Ce qui est perdu est perdu", explique Patrick Combre, restaurateur au Plein Sud à Val-Thorens. Même sentiment à l'Hôtel du Commerce à Thônes où Jean-Michel Faber, nouvellement installé avec son frère, déplore une saison très difficile. "Juillet a été catastrophique, en août nous avons eu un bon taux de remplissage de l'hôtel, mais les clients ont délaissé le déjeuner, préférant pique-niquer pour profiter du beau temps enfin revenu."
Les situations demeurent néanmoins contrastées selon les établissements, leur taille, leur confort, leur situation et leur mode de commercialisation. L'hôtellerie de luxe a réalisé une excellente saison. Les hôteliers de Megève ont
encore une fois fait le plein d'une riche clientèle internationale, et ceci malgré les conditions climatiques. A Annecy, Marc Veyrat est complet sur plusieurs semaines. "A Chamonix, la fête des guides a connu un succès sans précédent cette année", annonce Jean-Paul Morand, propriétaire de l'hôtel Mont Blanc. Cependant, ces quelques privilégiés ne doivent pas faire oublier l'immense majorité des hôteliers-restaurateurs indépendants, de plus en plus en proie au découragement.

Une morosité très perceptible
Ainsi, dans les Alpes du Nord, 20 % d'entre eux seraient prêts à vendre leur établissement en meublés selon un sondage de la Fagiht. "Les charges financières s'alourdissent et deviennent intenables", explique son président. Pour Jacques Jond, l'hôtellerie saisonnière est gravement menacée. "Paris n'est pas la France et si le tourisme se porte très bien dans la capitale, ce n'est pas le cas partout. Nos cris d'alarme ne semblent pas être entendus en haut lieu. Pourtant, les indices sont significatifs. La Plagne et Les Menuires ne comptent déjà presque plus d'hôtels." Dans les stations de Courchevel et Méribel, certains hôteliers négocient avec des tour-opérateurs anglais pour assurer leur remplissage.
Autre paramètre à prendre en compte, la fermeture du tunnel du Mont-Blanc qui a fait perdre une belle clientèle italienne. Le mode de consommation a aussi changé. La plupart des clients français, mais surtout étrangers, sont en effet de passage pour une ou deux nuits. La pratique de la pension a presque disparu, la demi-pension séduit de moins en moins au profit de la chambre seule, souvent même sans petit-déjeuner. Ce qui tend à démontrer, si besoin est, que les touristes veulent de plus en plus rester libres de leurs choix, et peut être essayer de réduire leurs dépenses au coup par coup. Beaucoup d'hôteliers de la région tentent de modifier leur offre pour répondre à ce nouveau comportement très "nomade". La famille Trincaz, qui tient Les Cornettes à la Chapelle d'Abondance depuis trois générations, organise des balades en montagne. Cette formule connaît un grand succès auprès des clients. Mais, beaucoup d'hôteliers reculent devant ces nouvelles contraintes qui alourdissent encore leurs charges.
Cependant, le mois de septembre s'annonce assez bon avec un taux de réservation en hausse de 12,5 %. Si ces données se concrétisent, l'hôtellerie de montagne présentera des résultats médiocres quant à l'hôtellerie de plaine. Elle devrait enregistrer une légère hausse de la fréquentation par rapport à l'année précédente.

F. Tari


Hôtel du Commerce à Thônes.


* Source : Comité départemental du Tourisme de l'Isère. 


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L'HÔTELLERIE n° 2684 Hebdo 21 Septembre 2000


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