Arrière-pays niçois
C'est au détour d'une randonnée que les époux Novakovic ont découvert le petit village de Saint-Antonin et son café-restaurant. Après une expérience dans le bâtiment, ils ont choisi de tout recommencer.
A Saint-Antonin, le
café-restaurant du village était fermé depuis 2 ans et la dernière rénovation
remontait à... 30 ans. Un état des lieux qui n'a pas empêché Danielle, 52 ans
aujourd'hui, et Crest Novakovic, 41 ans, de subir le charme de ce village perdu des
Alpes-Maritimes, à près de 900 mètres d'altitude. Depuis près d'un an maintenant, le
couple y travaille seul, sans un jour de congé, et leur café-restaurant Chez Maria se
refait peu à peu une clientèle. Même si les habitants ont vu cette installation d'un
bon il, il n'était pas évident pour ce couple au patronyme d'origine serbe de
trouver sa place dans le village. Mais rapidement les 78 Antoninois leur ont fait
confiance. "Les patrons ont fait ce qu'il faut pour être appréciés,
explique Christian Meyffret, maire depuis 1987. Même si nous étions privés du centre
de vie, nous n'aurions pas apprécié la venue de n'importe qui, surtout pour tenir un
café-restaurant. Ils ont invité les villageois, et continuent à aller vers eux, à
avoir pour chacun un mot gentil, sincère." La mise en conformité réalisée, le
couple s'attache maintenant à un agencement qui leur permettra d'accueillir des
expositions et des soirées à thème, organisées une fois par mois, depuis les débuts.
Soirées orientales, costumées (avec un prix pour le meilleur déguisement), vernissages
d'expositions de peinture... à moins de 100 F, dîner, café et boisson compris.
L'annonce de ces manifestations paraît dans le journal local. "Nous tenons à
attirer le plus de monde possible, déclare Danielle, il faut non seulement se
faire connaître, mais aussi se renouveler, sinon aucune chance."
Situé à 17 km au-dessus de Puget-Théniers et de la RN 202 reliant Nice à Digne et
Grenoble, il n'est pas évident d'attirer les foules à Saint-Antonin, le passage étant
rare. Sur des nappes provençales, avec une vaisselle assortie dans les tons de jaune et
bleu, et des serviettes en tissu, Crest sert, alors que Danielle est en cuisine. Ils
proposent trois menus à 75, 98 et 175 F, en plus du déjeuner d'affaires à 60 F (café
compris). "On ne peut pas aller plus bas, et nous avons déjà du mal à tenir le
coup. Les ouvriers des chantiers préfèrent prendre leur panier, même dans la neige, et
les gens d'ici ne sortent que les samedis et dimanches. Ce sont avant tout des
agriculteurs et ils travaillent dur."
La concurrence des fermes-auberges
La seule concurrence vient d'ailleurs des fermes-auberges, de plus en plus nombreuses dans
le secteur. "La plus proche se trouve à 4 km, reprend Danielle, et c'est
elle qui a récupéré la majeure partie de l'ancienne clientèle. Face à leur TVA à 5,5
% et leur statut agricole... nous ne pouvons guère lutter !" Alors, Danielle
joue la carte de la bonne cuisine traditionnelle, "tout maison", y compris les
charcuteries et pâtés, avec possibilité de plats à la demande. En semaine, le maximum
est de 10 couverts par service, parfois aucun. En revanche, les samedis et dimanches
peuvent atteindre les 80 couverts.
Même si l'établissement ne dégage encore aucun bénéfice, le couple envisage la
création de 6 chambres d'hôtel, avec W.-C. et douche, qu'il proposerait à 220 F en
demi-pension (180 F pour un couple) et 300 F en pension complète (280 F pour un couple).
Si l'affaire prend tournure, ils souhaiteraient acquérir les murs. Pour l'heure, ils vont
passer en SARL et se posent des questions quant à la future période de fermeture
annuelle, car à chacune correspond un événement : le rallye de Monte-Carlo en janvier,
les randonneurs au printemps et en été, la chasse, les champignons et les châtaignes à
l'automne, le rallye d'Antibes en octobre ou novembre, et les fêtes de fin d'année. Si
le rallye de Monte-Carlo continue à passer par Saint-Antonin, en revanche, l'absence de
café-restaurant a fait dévier la route du rallye d'Antibes. Les Novakovic ont bon espoir
de l'y ramener !
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L'HÔTELLERIE n° 2677 Hebdo 03 Août 2000