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Gonesse

La désolation...

Un peu plus d'une semaine après le terrible accident du Concorde à Gonesse, provoquant la mort de 114 personnes, la colère des riverains a succédé à la peur. Professionnels et bénévoles manifestent leur compassion et font preuve d'une belle solidarité. Ainsi, certains hôteliers, qui se sentent directement concernés par ce drame, organisent une quête pour venir en aide aux propriétaires de l'Hôtelissimo, entièrement détruit dans cet accident. L'établissement voisin, Les Relais Bleus, a quant à lui été épargné, mais il doit supporter de lourdes pertes financières.

Pascal et Michèle Fricheteau, les propriétaires et gérants de l'Hôtelissimo à Gonesse (Val-d'Oise), n'oublieront pas l'après-midi du 25 juillet 2000. A 16 h 44, le Concorde d'Air France, exploité par le tour-opérateur allemand Deilmann, s'écrasait sur leur hôtel, et tuait quatre personnes. Deux "miraculées" ont pourtant réussi à sortir des flammes. Michèle Fricheteau n'a pas eu le temps de voir la chute de l'appareil, alors qu'une cliente britannique s'échappait, elle aussi, sautant par la fenêtre de sa chambre du premier étage. La gérante de l'hôtel, choquée, brûlée au visage et aux bras, a souhaité assister à la cérémonie organisée dès le lendemain à proximité du lieu du crash, pour rendre un dernier hommage aux victimes.

D'importantes conséquences financières
L'établissement Les Relais Bleus, situé à quelques mètres de l'Hôtelissimo, a quant à lui été épargné. Mais les retombées sont catastrophiques. "L'hôtel était complet au moment où le Concorde s'est écrasé. Un cordon de sécurité a été mis en place par les forces de l'ordre, avec des méthodes peu courtoises. Nous sommes en réquisition judiciaire. Nous n'avons plus d'électricité, nous fonctionnons avec un petit groupe électrogène pour avoir de la lumière. Les clients, très compréhensifs (des groupes de touristes hollandais et polonais) ont été expulsés. Ils ont dû passer la nuit ailleurs, pour enfin récupérer leurs bagages le lendemain", explique Patrick Tesse, le directeur de l'hôtel. Les conséquences de cet événement sont multiples. L'ensemble du personnel est encore sous le choc. "J'ai tenu le coup jusque-là, même si j'ai vu arriver le Concorde sur moi... mais il n'est pas question que je faiblisse", ajoute-t-il. Parallèlement à cela, les inquiétudes portent sur la prise en charge ou non des assurances, notamment en ce qui concerne la perte d'exploitation, et sur l'avenir de l'établissement qui voit aujourd'hui sa clientèle fuir. "Je comprends la réaction des agences de voyages et des tour-opérateurs avec qui nous travaillons, qui ont annulé tous leurs séjours jusqu'en octobre, mais cela me met en grande difficulté", poursuit le directeur. Les prévisions de chiffre d'affaires pour le mois d'août correspondent au montant des pertes actuelles, soit 400 000 francs. En septembre, Patrick Tesse évalue à 200 000 francs les pertes occasionnées, en octobre, il n'en sait encore rien. Il faut dire que la concurrence s'est fortement développée sur cette zone depuis 1992 : "Nous avions un taux d'occupation élevé au début de notre activité, mais une surcapacité provoquée par la construction de milliers de chambres à Roissy-Village, et Goussainville entre autres, ne nous a pas permis de tenir le cap. Nous avons du mal à faire face à des tarifs qui frisent l'insolence." Le 28 juillet,
la levée de la réquisition judiciaire devait être effective quelques jours plus tard, avec l'ouverture des principaux axes routiers. Alors que la majorité des accidents survient à proximité des aéroports, le choix d'une assurance est primordial pour les professionnels exerçant leur activité sur une zone à risque. Le ministre des Transports, Jean-Claude Gayssot, a d'ailleurs promis de prendre une décision avant la fin de l'été concernant l'allégement du trafic aérien, bien trop dense à l'heure actuelle à Roissy. Plusieurs solutions sont envisageables, parmi lesquelles l'aménagement d'un aéroport déjà existant (en Picardie), la construction de pistes supplémentaires à Roissy, ou encore la création d'une nouvelle structure à une centaine de kilomètres de Paris. Le délicat problème des nuisances sonores devrait alors être largement abordé par les riverains et les professionnels concernés...
C. Charpentier

 

L'Hôtelissimo...
Inauguré l'année dernière, l'Hôtelissimo était un hôtel indépendant 2*, de construction récente (40 chambres, parking et salle de réunion). L'hôtel, construit en bois, chaleureux et agréable, accueillait une clientèle d'affaires, notamment à l'occasion
des salons qui se tiennent régulièrement au parc des expositions de Paris-Nord Villepinte. Une équipe de deux cuisiniers, deux stagiaires et deux serveuses composait le personnel de l'établissement. Le restaurant proposait entre autres un menu à 120 francs, un autre gastronomique à 180 francs, ainsi qu'une formule buffet.
Il ne reste malheureusement que des ruines...

Une solidarité spontanée
Afin de venir en aide aux propriétaires de l'Hôtelissimo, aux employés, ainsi qu'à leurs proches, une quête est organisée à l'initiative du personnel de l'hôtel Marriott Paris Champs-Elysées : "Les assurances devraient rembourser, mais nous souhaitons leur apporter une première aide, au cas où ils seraient dans le besoin momentanément." Les deux hôtels de la région parisienne du groupe, le Renaissance Paris Hôtel La Défense et le Courtyard By Marriott à Neuilly-sur-Seine, vont également y participer. Une belle leçon de solidarité, motivée peut-être par la prochaine ouverture d'un hôtel du groupe à Roissy en 2002.


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L'HÔTELLERIE n° 2677  Hebdo 03 Août 2000


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