Ce financier lillois possède ou gère à présent trois hôtels à Dunkerque, un à Villeneuve d'Ascq (près de Lille), et un troisième à Paris. Il ne compte pas s'arrêter là.
Le 23 octobre 1999, Guy Destombes reprenait le fonds de commerce de l'hôtel-restaurant du Beffroi à Gravelines près de Dunkerque (40 chambres, 3 étoiles), une création de la ville qui y a perdu beaucoup d'argent mais garde les murs de l'établissement. Le 14 décembre suivant, il reprenait en centre-ville de Dunkerque l'Hôtel Welcome (40 chambres, 3 étoiles). Le 1er février, il reprenait la totalité de l'Hôtel du Lac en périphérie (66 chambres, 3 étoiles), un hôtel qui a d'abord porté l'enseigne Novotel, devenu un Mercure, réhabilité en 1995 dans une opération de défiscalisation par un groupe d'investisseurs locaux emmené par les Lillois Jean-Claude Kindt et Guy Destombes. Il gère aussi en contrat de management le 2 étoiles le Morphée à Villeneuve d'Ascq (68 chambres), la ville nouvelle de Lille-Est depuis juin 1997. Il est associé à 50/50 avec la Slih des Lillois Jean-Claude Kindt et Hubert Verspieren dans l'Holiday Inn Resort Picardy du Touquet (88 chambres, 4 étoiles). Il vient de signer pour un 50 chambres à rénover rue des Messageries à Paris, à deux pas de la gare du Nord et de la Maison du Nord-Pas-de-Calais, et étudie un nouveau projet à Lille. "L'hôtellerie me passionne", affirme-t-il. Venu de la banque, spécialisé dans le conseil financier immobilier, il a investi avec grand succès, associé à un jeune ingénieur, dans une start-up nommée Logan dédiée à l'informatique immobilière, et se lance à présent à une échelle intéressante dans l'hôtellerie. Guy Destombes n'a toutefois pas encore constitué de holding coiffant ses activités dans ce domaine.
Le pôle dunkerquois mérite le détour
A Dunkerque, où il reste intéressé par d'autres opportunités, il entend prendre le
leadership du créneau 3 étoiles. Le marché ne permet guère de monter plus haut. A
Paris, l'idée est manifestement de créer un repère nordiste... A Lille, Guy Destombes
voyant 400 à 600 chambres se créer dans les deux ans en haut de gamme vise plutôt le 2
étoiles. Il y est encouragé par le taux d'occupation élevé du Morphée, un hôtel
"où nous sommes parvenus à créer une ambiance, et où les commerciaux en visite
d'affaires à Lille aiment à se retrouver", commente-t-il. Le pôle dunkerquois
mérite le détour, et avec l'aide de son attaché commercial directeur du Morphée, Gaël
Castelain, il cherche à créer de nouveau une ambiance en réseau, et veut accrocher
l'enseigne Best Western sur les 3 établissements. Cet homme d'affaires n'aime guère
payer avant d'avoir vu. Or le droit d'entrée à Best Western est faible, et le gros de la
redevance se paye sur les apports de la marque vraiment constatés. Les 3 hôtels ont des
profils bien différents. Le Welcome est un hôtel de centre-ville, assorti d'un
restaurant-brasserie au thème alsacien, et d'un bar ouvert en journée, longtemps aimé
des étudiants. Il a besoin d'investissements. Le groupe Destombes le modifiera
profondément. Les travaux débutent cet été. Toutes les chambres seront reprises,
quelques chambres club seront aménagées et une belle suite sera réalisée à
l'emplacement du logement de direction, à l'intention notamment des gens du spectacle qui
rentrent à Paris ou vont dormir à Lille après leur tournée à Dunkerque. La réception
sera entièrement refaite, le bar, lui, plus confidentiel muni d'un billard, restera
ouvert à une clientèle extérieure, mais sans être un semi-café comme aujourd'hui. Le
restaurant va passer sous le nom de L'Ecume Bleue avec pour thème la mer, thème mieux
adapté à Dunkerque, estime le nouveau propriétaire avec une formule buffet
intermédiaire entre la brasserie et le restaurant bourgeois. L'objectif est un restaurant
d'affaires à prix moyen proche de 120 F hors taxes.
L'usine à séminaires
L'Hôtel du Lac, bien adapté aux séminaires et événements, inauguré en 1994 après un
investissement lourd, a besoin de peu de rafraîchissements ou adaptations. La séparation
lourdement contentieuse avec la marque Mercure est un épisode du passé. Si le marché le
permet, un étage supplémentaire sera construit d'ici à cinq ans avec 20 chambres
supplémentaires et une grande salle plénière. Le Beffroi de Gravelines est à la fois
placé très près de grands établissements industriels et bien situé pour recevoir une
clientèle touristique de passage ou en shortbreak, en particulier britannique. Le
rafraîchissement des chambres débute ce mois d'août. La restauration est "déjà
un premier succès", estime Guy Destombes. Il existait un restaurant à tendance
gastronomique et une brasserie. Les deux sont fondus en un depuis peu. Il sert 65 repas
par jour en formule buffet à 110 F hors taxes de prix moyen. "La décoration, à
mon avis, est déterminante. Nous sommes passés à des tons chauds sur les murs, avec un
éclairage très étudié, un plancher et des maquettes de navires", explique
l'investisseur. Le bar style irlandais et la réception seront améliorés plus
légèrement. Pour le Beffroi, c'est l'épilogue qu'on espère fructueux d'une histoire
qui a donné des cauchemars aux élus et à leurs permanents.
La haute conjoncture industrielle, les records de trafic du port et l'effet autoroute A 16
(l'autoroute littorale) permettent à un groupe hôtelier de débuter sur de meilleures
bases qu'au milieu de la décennie précédente. Mais les prix moyens restent parmi les
plus faibles de France dans leur catégorie. Un véritable développement hôtelier dans
cette agglomération dunkerquoise de plus de 200 000 habitants repose sur de nouvelles
implantations industrielles et tertiaires, et sur le développement du tourisme
d'affaires. La reconstruction du casino pourrait être un atout, mais la concurrence est
rude.
A. Simoneau
Chiffres express Le Morphée de Villeneuve d'Ascq en contrat de management réalise un TO de 80 % à 280 F HT de prix moyen. C'est un hôtel-bureau profitable. Le Welcome, acquisition et investissements compris, reviendra à 250 000 F la chambre. Le groupe vise environ 6 MF de CA en 2001 à 300 F HT de prix moyen la chambre standard et 400 F la chambre club. La suite sera négociée. Au restaurant, le ticket moyen avoisinera les 100 F HT. L'hôtel emploie 11 personnes. Le Beffroi table sur 5 MF de CA avec 11 à 12 personnes pour un investissement de 2,50 MF HT et 55 couverts/jour à 100 F HT (un budget déjà réalisé, voire dépassé). Les chambres sont attendues à 280 F HT de prix moyen. L'Hôtel du Lac réhabilité en 1994 représente un investissement global de 220 000 F HT la chambre y compris les espaces séminaire et restaurant. Il emploie plus de 20 personnes pour un CA global de 10,6 MF. Le TO moyen atteint 62 % pour un prix moyen de l'ordre de 340 F HT. |
Guy Destombes (à droite) et ses collaborateurs de l'Hôtel du Lac. Déjà leader en 3
étoiles à Dunkerque, présent à Lille et à Paris.
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L'HÔTELLERIE n° 2677 Hebdo 03 Août 2000