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A Sophia-Antipolis (06)

Mediathel Tulip Inn commande
200 tableaux à l'une de ses salariés

Elle aime la restauration pour le contact, mais son truc, c'est la peinture. Une passion que Flore Matahri partage avec son patron, également artiste à ses heures. L'année dernière, il lui demande de réaliser un tableau pour chacune des 100 chambres, ainsi que pour les couloirs et salles de séminaires.

Flore Matahri travaille depuis un an comme serveuse au restaurant Le Bellet du Mediathel Tulip Inn 3 étoiles à Sophia-Antipolis, quand le directeur lui demande de peindre 200 tableaux 55/60 cm. Cette commande est destinée à décorer les 100 chambres de l'établissement qui viennent d'être rénovées et les parties communes. La jeune femme de 29 ans aime la restauration pour le contact humain, mais sa véritable passion reste la peinture. Originaire de la Roche-sur-Yon, elle alterne depuis une dizaine d'années des formations artistiques avec les saisons hôtelières entre Nantes, la Suisse et la Corse. Après un cours décisif en 1999 avec une artiste peintre reconnue, sa gouache prend de l'altitude. Lui-même passionné de peinture, le directeur de l'Hôtel, Joseph Otoff, ne s'y trompe pas. Flore reste salariée du Mediathel tout à fait normalement mais la rémunération de ses tableaux se fait sous son statut d'artiste libre. "Il ne faut rien mélanger, souligne Flore. Pour que cela fonctionne, il faut une confiance et une estime réciproques dès le départ. Et ensuite, répondre sur les deux tableaux aux exigences professionnelles." La jeune femme n'a jamais ressenti aucune animosité de la part de la quarantaine de salariés permanents du restaurant de l'hôtel. "Chacun ou presque a eu droit à un petit tableau. Et puis, ils étaient contents pour moi. Lorsque j'ai commencé à peindre pour l'hôtel, je travaillais à mi-temps et je pouvais me consacrer à la peinture jusqu'au soir, chez moi. Je ne passais pas davantage de temps sur le lieu de mon travail."

200 francs par tableaux

Depuis, Flore a choisi pour des questions purement pratiques de travailler dans un autre établissement. Ce qui n'a pas posé de problème. "Le directeur du Mediathel ne m'a jamais rien reproché et nous avons poursuivi notre contrat sereinement. D'ailleurs dans un climat conflictuel, je n'aurais pas pu continuer à peindre." Vendus en exposition entre 800 et 1 000 francs, certains tableaux de Flore ont atteint 1 500 francs aux enchères. Pour le Mediathel, la jeune fille a fixé son prix à 200 francs par unité, compte tenu de la quantité commandée, matériel à fournir en plus. "Le tarif défie toute concurrence, sourit Flore, mais c'est moi qui l'ai proposé, car mon ancienne direction m'a toujours facilité les choses. Joseph Otoff paye les frais rubis sur l'ongle." Flore peint en moyenne une quinzaine de tableaux par mois. Vus par des milliers de clients de l'hôtel, ils soulèvent de nombreuses questions. "Nous les informons avec plaisir, raconte le responsable de la réception, et nous ne manquons pas de le relater à Flore pour la stimuler." Avec un taux de remplissage de 65 % sur l'année, dont 60 % d'habitués et 40 % de passage, le Mediathel ne ferme qu'en hiver du vendredi soir au samedi soir. Ce sont essentiellement les sociétés de la zone tertiaire qui le remplissent. Les touristes ne représentent pas plus de 10 % de la clientèle (venus essentiellement de Hollande, pays natif du directeur). Quant au restaurant Le Bellet, il possède une capacité d'accueil de 200 personnes et assure une centaine de couverts par service. Prochainement, Joseph Otoff prévoit un vernissage géant réunissant les 200 tableaux de Flore dans la salle principale de l'hôtel, juste avant de les répartir, y compris dans ses propres bureaux. De son côté, l'artiste devrait se lancer dans une prospection auprès d'autres hôtels. Son nouvel employeur a déjà donné son accord pour la laisser présenter ses œuvres dans sa salle en expo-vente.