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Restauration
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Le Viscos à Saint-Savin

Jean-Pierre Saint-Martin, un VRP du terroir

Inquiet quant à l'avenir des établissements ruraux, Jean-Pierre Saint-Martin s'est engagé dans une démarche de promotion touristique. Pour défendre la gastronomie de son terroir, il propose à sa clientèle des stages de cuisine dans son restaurant et multiplie les actions de communication.

Dans son restaurant Le Viscos à Saint-Savin, Jean-Pierre Saint-Martin remplit en quelque sorte un rôle de "promoteur du monde agricole local". Le chef, qui a repris l'affaire familiale créée en 1840, veut "déclencher le déclic de la gourmandise" tout en faisant la promotion des produits de son terroir, celui des Hautes-Pyrénées. Pour cela, il s'est entouré d'un réseau de "fournisseurs complices" de sa région pour mieux "communier avec elle" au travers de sa cuisine qu'apprécie une clientèle fidèle, drainée de la Côte Basque jusqu'à Toulouse et parfois au-delà. Selon Jean-Pierre Saint-Martin, "le grand Sud-Ouest est une terre porteuse qui inspire le respect des choses". Les restaurateurs doivent être l'un des vecteurs du développement touristique de cette région. Pour cela, le chef a décidé de s'investir dans une démarche pédagogique et propose des vacances intelligentes pour découvrir autrement les plaisirs de la table. Jean-Pierre Saint-Martin s'est rapproché d'un tour-opérateur pour monter des forfaits vacances articulés autour de la gastronomie locale. Un premier produit "Sport et gastronomie dans les Pyrénées" a été lancé et complété depuis quelques années par des stages de cuisine dans son restaurant. Cette première offre touristique a été étendue à des découvertes naturalistes pendant lesquelles les participants, accompagnés d'un garde forestier, parcourent la vallée du Lavedan qui entoure Saint-Savin pour y cueillir toute sorte d'herbes. Dès leur retour au restaurant, une mise en pratique concrète de la cuisine des herbes relaye leur approche de la faune et de la flore locales.

Des clients anglais
La démarche de Jean-Pierre Saint-Martin a rapidement séduit une clientèle essentiellement étrangère. Mais elle a surtout permis à l'établissement de combler efficacement la perte de fréquentation en saison creuse. "Grâce à la liaison aérienne Londres-Lourdes, dont l'aéroport est à quelques kilomètres, nous avons bénéficié d'un apport important de clientèle anglaise. Nous accueillons pendant les vacances scolaires de printemps et d'automne, des groupes de 15 à 20 personnes qui viennent suivre des stages de cuisine. La durée varie d'un week-end à une semaine", précise Jean-Pierre Saint-Martin. Dans ces zones de montagne où l'activité en restauration reste très saisonnière, le chef reconnaît qu'il est parfois difficile de remplir la salle. Tout comme il est compliqué d'assumer seul en cuisine les pics de fréquentation, d'autant que très peu de jeunes sont prêts à quitter les grandes villes toutes proches pour venir faire leur vie en milieu rural. "Pourtant les jeunes ont réellement, dans ce type d'établissement, la possibilité d'acquérir une polyvalence. Ils communiquent directement avec le chef. Le travail en zone rurale suppose qu'il faille hypothéquer la majeure partie de ses moyens financiers et une vie privée où le rôle de l'épouse est prépondérant." Aussi pour maintenir son activité en zone de montagne, Jean-Pierre Saint-Martin n'a pas hésité à se rapprocher "du monde des médias et participer à de nombreuses émissions de télévision ou de radio. Je crois beaucoup à l'action et à l'événement". Le chef, qui multiplie aussi ses déplacements à l'étranger pour participer et organiser des manifestations, n'a guère besoin de faire de la publicité directe. Le filon de la communication qu'il a su saisir l'aide plus que jamais à faire vivre sa région, à s'investir pour elle, tel un VRP de la gastronomie locale.

En 1987, Jean-Pierre Saint-Martin a fait une infidélité à sa région en partant travailler à Indianapolis dans un restaurant français.

"La gastronomie est  un langage universel qui raconte une région. Cette expérience aux Etats-Unis m'a permis d'échapper à une cuisine stéréotypée. De la Dordogne à la Côte Basque, beaucoup de tables proposent un même type de plats emblématiques de nos terroirs : foie gras, confit de canard...
Il faut sortir de cette routine et les faire évoluer. Le bon compromis est d'essayer de coller aux effets de mode tout
en gardant sa personnalité."

Se défendant de faire une cuisine passéiste, Jean-Pierre Saint-Martin utilise ses produits traditionnels souvent servis tels quels dans les assiettes comme produits de base et les agrémente à son goût. Ainsi, à la carte du Viscos, le client retrouve une Garbure allégée au foie poêlé, un Confit de canard fondant aux pieds de porc et cèpes ou encore un Foie poêlé aux épices accompagné d'un sorbet de maïs et de blinis à la touradisse.

  Jean-Pierre Saint-Martin propose des vacances intelligentes pour découvrir autrement les plaisirs de la table.


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L'HÔTELLERIE n° 2672 Hebdo 29 Juin 2000


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