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Envergure conclut un accord de réduction du temps de travail

Le numéro 2 européen frappe un grand coup dans le domaine social en appliquant de manière dégressive la mise en place des 35 heures hebdomadaires. Parallèlement, il va muscler son développement.

A propos de la réduction du temps de travail : "Je n'ai, bien sûr, pas voté la loi sur les 35 heures ! Mais une fois cette nouvelle disposition entérinée, pourquoi donc tergiverser ? Car, qu'on le veuille ou non, nous devons bel et bien finalement nous adapter à cette nouvelle législation." Frantz Taittinger, p.-d.g. d'Envergure, 2e groupe hôtelier en Europe (900 établissements dont 177 en filiales et 500 en gestion), est plutôt du genre à rester discret. Pourtant, il a décidé aujourd'hui de prendre haut et fort la parole. "Notre entreprise a trop souvent, y compris de la part de l'Umih, été considérée comme étant en retard socialement", déclare-t-il légèrement agacé. En signant le 6 juin dernier - dans les locaux du Syndicat français de l'hôtellerie qui a joué le médiateur dans cette affaire, avec les principaux syndicats de salariés (CFDT, CGT, CGC) - un accord d'entreprise sur la réduction du temps de travail (la RTT), le numéro 2 européen renverse cette fois-ci la vapeur, prouvant sa volonté d'avancer.

"Je ne vois pas comment nous pouvions agir autrement. D'autant que si notre profession souhaite attirer les jeunes, mieux vaut pour elle réviser ses plages horaires", explique le p.-d.g. d'Envergure. Et d'ajouter : "La profession souffre à l'heure actuelle d'une forte pénurie de main-d'œuvre. Or, nous disposons tous de très peu de marge de manœuvre pour augmenter les salaires. Bien utilisée, la réduction du temps de travail peut, elle, constituer un bon moyen de stabiliser nos équipes tout en en séduisant d'autres."

Accord dégressif

Concrètement, l'ensemble des filiales appartenant au groupe Envergure ainsi que les établissements gérés par ses soins (soit quelque 670 établissements et 7000 salariés) appliqueront donc les 39 heures hebdomadaires dès le 1er janvier 2001. "Je conseille d'ailleurs à nos franchisés de réfléchir eux aussi très sérieusement à cette décision", précise Frantz Taittinger.

Reste que l'entreprise a refusé de jouer les démagogues préférant conclure un accord dégressif pour parvenir aux fameuses 35 heures. "Nous nous sommes en effet accordé un peu de temps pour mener à bien cette diminution du temps de travail", confesse Stéphane André, directeur général adjoint d'Envergure. "Nous passerons ainsi à 39 heures le 1er janvier 2001, 37 heures le 1/01/2004, puis à 35 heures dès le 30 juin 2005. Le temps de travail effectif demeurera fixé à 39 heures hebdomadaires dans l'entreprise. Mais, les salariés bénéficieront en revanche de jours de congé supplémentaires (16)."

Une durée de réflexion et une manière de travailler que le numéro 2 européen estime indispensable pour parvenir à revoir et corriger correctement le fonctionnement de ses unités ainsi que le contenu des produits proposés à la clientèle. D'ailleurs, l'ensemble des gérants concernés par cette décision va bénéficier de l'aide des dirigeants afin de mettre en place la réduction du temps de travail. "Nous allons travailler au cas par cas, afin d'arrêter de fabriquer des produits qui nécessitent trop de personnel", indique le p.-d.g. du groupe. "Il faudra effectivement modéliser des schémas d'organisation avec chacune de nos équipes. L'agroalimentaire sera probablement un élément au cœur même de nos réflexions", explique Stéphane André.

Une centaine d'hôtels supplémentaires par an

Cette décision "sociale" arrêtée et dont le coût est estimé à 1,5 point du chiffre d'affaires HT, Envergure va parallèlement mettre les bouchées doubles en termes de développement. "Nous souhaitons accroître notre parc (toutes marques confondues) d'une centaine d'établissements par an", confie ainsi Frantz Taittinger. La compagnie demeure toutefois, en la matière, extrêmement dépendante de la société mère, à savoir la société du Louvre. Qu'à cela ne tienne ! Le numéro 1 de l'hôtellerie économique en France semble véritablement vouloir défendre sa cause. Après avoir récemment présenté une stratégie de développement musclée à la Société du Louvre, il table sur une réponse favorable dès les premiers jours de juillet concernant une proposition d'investissement oscillant entre 2 et 3 milliards de francs. Outre la croissance organique, Envergure n'exclut pas évidemment un développement externe tant en France qu'à l'étranger. "Cela nous permettra de prendre plus rapidement pied dans certains pays", indique Frantz Taittinger. De grandes ambitions qui vont néanmoins nécessiter la mise en place d'une équipe de professionnels du développement. Celle-ci devra être constituée d'ici à la fin de l'année.

C. Cosson

Frantz Taittinger, p.-d.g. d'Envergure : "Bien utilisée, la réduction du temps de travail est un élément qui peut permettre de stabiliser nos équipes tout en en séduisant d'autres."


Ventilation du chiffre d'affaires consolidé d'Envergure
 


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L'HÔTELLERIE n° 2672 Hebdo 29 Juin 2000


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