Sur le vif
Une pétition de plus de 1 000 signatures, et des complications techniques ont fait renoncer l'enseigne américaine de fast-food à s'installer au cur du IVe arrondissement de la capitale.
Envoyé mercredi à l'AFP
(Agence France Presse), le communiqué de presse de la chaîne de restauration rapide
McDonald's a annoncé l'abandon de son projet d'installation dans l'ancien hammam de la
rue des Rosiers, au centre du quartier juif historique de Paris. "La direction de
McDonald's France, qui étudiait l'implantation d'un restaurant rue des Rosiers à Paris
dans le IVe arrondissement, a décidé, après consultation des autorités locales, de ne
pas donner suite, en raison des difficultés techniques rencontrées pour assurer
l'intégration du projet rue des Rosiers", pouvait-on y lire. Une victoire pour
les riverains, la mairie du IVe arrondissement, l'Association de sauvegarde de la rue des
Rosiers ainsi que les commerçants.
Situé au numéro 4, l'ancien hammam, occupé actuellement par le Hammam Café,
représentait pour la société de fast-food un emplacement idéal : à savoir, un
quartier très fréquenté et un site aménageable rapidement. Mais la ténacité des
détracteurs a eu raison de la promesse de vente signée entre McDonald's et la société
d'exploitation du hammam.
Protéger l'âme du quartier
Aux dires des professionnels de la restauration de la rue des Rosiers, l'implantation de
McDonald's représentait davantage une menace pour l'âme du quartier que pour leurs fonds
de commerce. "McDonald's n'est pas un concurrent pour moi", explique
Marianne, propriétaire du restaurant Chez Marianne qui propose, outre une restauration en
salle, une formule de vente à emporter (et à succès) de falafels chauds. Elle poursuit
: "La clientèle, il faut s'en occuper tous les jours, fast-food ou pas. Il faut
faire attention à la fraîcheur, à la décoration. C'est cela qui est vraiment
important. Le problème de McDonald's se situait à un autre niveau : il s'agissait de
protéger l'âme de notre quartier." Même son de cloche de Jo Goldenberg, le
célèbre restaurateur : "Nous voulions éviter l'apparition de jeunes
banlieusards désoeuvrés, la dévalorisation du quartier." Nicolas
Secondi, trésorier de l'Association du quartier des Rosiers renchérit : "Plus
que la concurrence directe de l'enseigne américaine sur les autres professionnels, nous
craignions les retombées indirectes : les problèmes des détritus, une mauvaise image de
la rue. Les gens qui viennent manger ici recherchent un quartier spécifique avec une
mémoire et une culture très marquées que des enseignes telles que McDonald's pourraient
diluer."
L. Anastassion
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L'HÔTELLERIE n° 2671 Hebdo 22 Juin 2000