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Le gigantisme hôtelier

Des résultats prometteurs

Alors que les Etats-Unis ne cessent de nous éblouir par le gigantisme de leurs hôtels, le Vieux Continent reste encore timide face à de telles dimensions. Malgré des investissements conséquents au départ, les résultats sont impressionnants et prometteurs.

 
L'hôtel-casino Paris-Las Vegas compte 2 916 chambres, 18 salles de conférences, et 14 restaurants !

Depuis quelques années, on voit s'implanter, ici et là dans le monde, des hôtels de taille gigantesque qui constituent de véritables cités urbaines. Aujourd'hui, ces établissements, baptisés "mégahôtels" sont en vogue et leurs ouvertures se succèdent. Mais quels établissements peuvent prétendre à ce titre ? Dans le monde, on dénombrerait à peine une vingtaine d'établissements de plus de 1 000 chambres. Si on veut voir les hôtels les plus imposants et les plus complets, il faut se rendre aux Etats-Unis. La ville de Las Vegas, par exemple, qui regroupe à elle seule 90 hôtels, soit plus de 115 000 chambres (1/5 du parc hôtelier français), dénombre une belle poignée de mégahôtels qui alignent plusieurs milliers de chambres chacun. En Europe, ces hôtels sont encore peu nombreux et leur capacité est moindre. Situés dans les grandes capitales européennes, ils appartiennent généralement à des chaînes hôtelières haut de gamme, et ne comptent pas plus de 1 500 chambres. En France, les mégahôtels se concentrent essentiellement dans la capitale avec Le Méridien Etoile (1 025 chambres), le Concorde La Fayette (1 000 chambres), le Sofitel Paris Forum rive Gauche (782 chambres) ou encore sur le parc de Disneyland Paris qui regroupe environ 5 500 chambres au total sur quelques établissements. Ailleurs on commence à trouver des mastodontes hôteliers comme resorts à part entière dans les Caraïbes ou en Asie.

Une destination complète
Il fallait s'en douter, les mégahôtels plaisent à un certain type de clientèle. Offrant pléthore de services et de produits, ces hôtels sont devenus des destinations touristiques très complètes qui ont tout pour retenir le touriste ou le congressiste. Il faut dire qu'on y trouve de tout. Des exemples américains impressionnent avec des galeries de boutiques, des activités ludiques, des piscines, des salles de jeux, des salles de spectacle, des dizaines de restaurants à thème, des chambres spacieuses et confortables, des salles de sports, un centre de remise en forme, etc. La variété est plus modeste en France, mais imposante tout de même. "Nous avons 3 restaurants qui proposent de la cuisine française et étrangère et nous servons jusqu'à 1 500 couverts par jour", déclare Bernard Granier, directeur général de l'établissement Le Méridien Etoile, à Paris. Les mégahôtels sont également une immense destination de congrès nationaux et internationaux : "Le centre de congrès, adossé à l'hôtel, équilibre notre activité. C'est une prestation à part entière, complémentaire à l'hébergement", explique Max Jean, directeur général du Sofitel Paris Forum rive Gauche. La maîtrise de l'ensemble de ces prestations attire une clientèle mixte. En Europe, la cible prioritaire des mégahôtels est la clientèle d'affaires (individuelle et groupes) car les grandes capitales, notamment Paris et Londres, sont dynamisées par l'organisation de congrès ou de grosses conventions. Parallèlement, les hôtels pratiquent un marketing de destination musclé qui permet d'attirer une clientèle étrangère, très présente dans les mégahôtels (près de 80 % pour le Concorde La Fayette). Les hôtels s'attachent également à rechercher des cibles de clientèles ponctuelles en fonction de la saisonnalité pour garantir un équilibre d'activité sur toute l'année.

Une organisation sur mesure
Aux Etats-Unis, rien n'est fait à demi-mesure et notamment, à Las Vegas, si l'on veut croiser quelques-uns de ces paquebots hôteliers posés sur le sable du Nevada : 5 000 chambres pour le MGM Grand, 4 000 chambres pour l'Excalibur ou encore 4 500 chambres pour le Luxor, sans citer le Paris, le Bellagio, le Venetian parmi les plus récents. En France, les chiffres sont plus modérés : l'hôtel Newport Bay Club, à Disneyland, un des plus grands hôtels de France, dispose de 1 100 chambres. Bien sûr, l'organisation de ces structures n'est en aucun cas comparable à celle que l'on connaît dans les hôtels classiques. Elle est configurée et structurée en fonction de la taille de l'établissement. Les moyens financiers et humains ramenés au nombre de chambres sont proportionnellement doublés, parfois triplés, et certains chiffres sont éloquents. "A titre d'exemple, nous utilisons près de 60 000 draps par mois, ce qui représente un budget mensuel de blanchisserie d'un million de francs", explique Olivier Jacquin, directeur commercial du Concorde La Fayette. Les mégahôtels abritent par ailleurs des dizaines de métiers différents, que l'on ne rencontre pas dans l'hôtellerie habituelle. Ces postes concernent les secteurs technique et électronique, et les métiers d'artisans. "Au sein de l'établissement, nous avons des peintres, des menuisiers, des plombiers ; finalement, c'est une véritable usine d'entretien !", commente Bernard Granier.

Le fonctionnement d'une ville
La plupart de ces grands hôtels disposent également d'une équipe de sécurité en place 24 h/24 pour la protection des clients mais également pour le contrôle, des locaux en cas d'incendie... Pompiers, vigiles, détectives, physionomistes quand un casino est intégré, infirmières, etc. D'autre part, toutes les fonctions sont représentées au sein de chaque département. La spécialisation des services et leur coordination s'avèrent indispensables au bon fonctionnement des mégahôtels. "Les dimensions de l'hôtel étant particulières, nous devons adapter notre structure de façon à optimiser les résultats", ajoute Olivier Jacquin. Sur le plan social, les mégahôtels se gèrent comme de véritables industries. Le nombre élevé de salariés dans ces hôtels - entre 4 000 et 10 000 personnes à Las Vegas par hôtel-casino et entre 600 et 1 000 employés dans les mégahôtels français - nécessite que le personnel soit bien représenté. Même si ce n'est pas toujours simple, la direction tente d'instaurer une bonne relation avec les employés. "Je revendique avant tout la transparence et le dialogue social", commente Max Jean. Pour autant, depuis ces 20 dernières années, les mégahôtels ont été fréquemment victimes de grèves et de mouvements sociaux, parfois coriaces. Peu de gros porteurs y ont échappé. "D'une manière générale, leur personnel est plus protégé et travaille dans de meilleures conditions qu'ailleurs", explique un responsable syndical.

Des résultats impressionnants
Les normes de création et d'investissement des mégahôtels ne sont pas comparables avec celles que l'on connaît dans les hôtels plus classiques. En attendant, les professionnels sont tous d'accord sur un point : quand l'hôtel fonctionne bien, il peut être franchement rentable. Les mégahôtels parisiens tournent à près de 80 % de taux d'occupation annuel, combiné avec un prix moyen chambre de l'ordre de 700 à 1 000 francs. "Nous obtenons près de 300 000 nuitées par an et servons 1 000 petits-déjeuners par jour", déclare Olivier Jacquin. Les mégahôtels tutoient le gigantisme. D'autre part, le yield management se pratique dans tous les grands hôtels, qui ont été les premiers à adopter ce principe. Sur le plan commercial, les mégahôtels peuvent faire pousser des cris d'inquiétude à n'importe quel hôtelier étourdi par le nombre de chambres à remplir. Mais, ces grands établissements disposent d'une très grande souplesse tarifaire et leur taille leur permet justement de travailler avec plusieurs dizaines de segments de clientèle différents : congressistes, groupes de tourisme, hommes d'affaires, séminaires, touristes, équipages aériens, venant de tous les continents du monde. Pour parvenir à un remplissage satisfaisant, leur adossement à un grand groupe hôtelier les aide. Mais, chaque hôtel dispose aussi de sa propre force de vente, avec des commerciaux spécialisés par marché. Mais plus que tout, la localisation d'un mégahôtel fait sa chance. Les grandes métropoles, carrefours d'un tourisme de loisirs et d'affaires, offrent ces possibilités. On n'est donc pas près de voir un hôtel de 2 000 chambres se monter en Auvergne ou dans le Limousin ; qu'on se le dise dans les CDEC.
M. G.

« Ces hôtels sont devenus des destinations touristiques très complètes »


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L'HÔTELLERIE  n° 2669 Supplément Economie 08 Juin 2000


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