Finale du concours des MOF à Strasbourg
On compte désormais 126 lauréats en cuisine depuis la création des MOF en 1924. A Strasbourg, 18 nouveaux noms sont venus s'ajouter à la liste. La promotion 2000 est identique à celle de Nice, en 1996...
Reportage de Jean-François Mesplède à Strasbourg
En coulisses, le débat
était d'actualité : devait-on ou non désigner de nombreux lauréats à cette finale du
MOF ? Certains étaient partisans de jouer la portion congrue, d'autres d'ouvrir plus
largement les portes de la maison à de jeunes et talentueux cuisiniers. Il eut été
dommage en effet que ceux là même qui ont profité hier d'une large ouverture des
portes, se découvrent aujourd'hui fervents d'un minimalisme forcené en matière de
distinction. Rien de tout cela au bout du compte puisque dix-huit nouveaux lauréats
pourront arborer une veste au col bleu-blanc-rouge.
En fait, Paul Bocuse et Joël Robuchon n'ont jamais été pour la fixation de quotas. Et
qu'à partir du moment où de bons ouvriers avaient bien fait leur travail, ils devaient
en être récompensés par un diplôme très recherché. Sans galvauder l'esprit d'un
concours porté à bout de bras par deux hommes dont il ne viendrait à personne l'idée
de contester le professionnalisme (1), il est bon d'en ouvrir les portes. C'est le
meilleur moyen d'en dépoussiérer l'image et d'évacuer une bonne fois pour toutes ces
relents de rumeurs qui flottaient encore il n'y a pas si longtemps.
Jamais encore, et sans doute parce que les règles de transparence et de régularité
désormais édictées sont respectées, il n'y a pas eu autant de candidats à...
l'investiture. Et depuis que Joël Robuchon a pris la présidence, le concours n'a été
aussi difficile, avec un thème dévoilé quelques jours à peine avant la finale. Ceci
expliquant sans doute cela, certains membres du jury n'ont pas vu que la perfection dans
le travail des finalistes. Mais pour avoir vécu l'événement en direct, nous pouvons
voir que de nombreux plats envoyés étaient de qualité. Dignes en tout cas de figurer à
la carte de beaucoup de restaurants... ce qui resitue un concours trop longtemps hors du
temps, dans sa réalité.
Il s'agit en fait de couronner des professionnels de qualité qui, parés du titre
officiel le plus recherché de la cuisine française, sauront donner l'exemple et
justifier leur promotion. Il était donc tout à fait juste d'offrir à dix-huit membres
éminents d'une nouvelle génération de cuisiniers qui a son mot à dire, la possibilité
de porter haut les trois couleurs de la cuisine française.
(1) Parmi les membres du jury dégustation présidé par Roger Vergé, figuraient, entre autres, Emile Jung, Antoine Westerman, Freddy Girardet, Alain Senderens, Dominique Toulousy, Pierre Orsi, Eric Briffard, Jean-Marc Delacourt, Michel de Matteis...
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Gros plan Le lieuLa finale s'est déroulée sur 3 jours au lycée d'enseignement hôtelier et de
tourisme Alexandre Dumas, implanté sur le site de Strasbourg/Illkirch depuis 1974, après
avoir été en centre-ville. Sa capacité est alors passée de 300 à 1 300 élèves
préparant tout ce qui existe en formation d'hôtellerie-restauration et BTS tourisme. Le
plus gros lycée hôtelier de France emploie 145 enseignants et 65 personnes pour
l'encadrement et l'administratif. Le concours La notation en cuisine Le choix |
Le palmarès Dix-huit nouveaux MOFDidier Anies (Le Cagnard, à Cagnes-sur-Mer) ; Frédéric Anton (Le Pré Catelan, à
Paris) ; Gilles Blandin (Aux Armes de Champagne, à L'Epine) ; Eric Bouchenoire (chez
Joêl Robuchon) ; Philippe Etchebest (Château Grand Barrail, à Saint-Emilion), Franck
Ferigutti (Bourgoin-Jallieu) ; Dominique Fonseca (Le Ritz, à Paris) ; Luc Gamel (Vista
Palace Hôtel, à Roquebrune-Cap- Martin) ; Philippe Jego (La Cassolette, à
Schweighouse-sur-Moder) ; Philippe Joannes (Lenôtre, à Paris) ; Patrick Juhel (Hôtel
Inter-Continental, à Paris) ; Franck Leroy (Le Bristol, à Paris) ; Jean-Luc L'Hourre
(Auberge des Abers, à Lannilis) ; Christophe Muller (Restaurant Bocuse, à Collonges) ;
Franck Petagna (Hôtel du Palais, à Biarritz) ; Gilles Poyac (Présidence du Sénat, à
Paris) ; Eric Robert (groupe ESCF Ferrandi, à Paris) ; Benoît Violier (restaurant
Philippe Rochat, à Crissier). |
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L'HÔTELLERIE n° 2666 Hebdo 18 Mai 2000