Concentration en restauration
Alors que différents groupes étrangers, dont certains Anglo-Saxons, étaient en lice pour la reprise de la chaîne Bistro Romain, c'est finalement Jean-Paul Bucher qui a remporté le morceau. Les 63 restaurants à l'enseigne Bistro Romain sont donc maintenant partie intégrante du groupe Flo. Une transaction de 470 millions de francs qui sera financée par dette. Une opération neutre pour le bénéfice net par action en 2000 et relative dès 2001.
Huit ans après le rachat des restaurants Hippopotamus, puis celui des Amanguier transformés en Petit Bofinger, pour ne parler que de la restauration, le groupe Flo consolide encore ses positions sur le créneau de la restauration commerciale. Avec l'acquisition de l'enseigne Bistro Romain, conclue le 12 mai dernier, il renforce sa présence sur l'avenue parisienne des Champs-Elysées (3 restaurants), sans compter les 15 Bistro Romain situés dans des centres commerciaux en région parisienne et en province. "Bistro Romain, c'est un réseau de pas-de-porte exceptionnel qui bénéficie d'une très forte notoriété spontanée", se félicite Jean-Paul Bucher, p.-d.g du groupe Flo. Sur Paris, l'opération représente 18 restaurants complémentaires à ceux déjà détenus par Flo.
Cuisine méditerranéenne
Alors que le plan général d'intégration ne sera connu qu'au mois de septembre, les
premières questions pointent : évolution de la carte, des prix, avenir du personnel. Ces
dernières années, favorisant le développement hors Paris, la qualité de la prestation
proposée par Bistro Romain n'avait pas été privilégiée, le prix d'appel bas
permettait de remplir les restaurants. Un des premiers dossiers que compte ouvrir
Jean-Paul Bucher est celui de la qualité de la prestation, "pour faire de la
restauration méditerranéenne de qualité, accessible au plus grand nombre avec un ticket
moyen d'environ 120 francs. Nous allons faire profiter la chaîne de notre expérience de
restaurateurs".
Quant aux 1 800 employés de Bistro Romain, ils n'auraient aucun souci à se faire, selon
leur nouveau patron. "On garde les gens. Flo a besoin cette année de trouver 150
à 200 personnes pour compléter les effectifs, sans compter 500 créations d'emplois",
explique-t-il.
Avec dorénavant 168 établissements, plus les 45 franchisés pour Flo Prestige, le groupe
Flo se positionne dans les 4 premiers groupes en France en termes de chiffre d'affaires.
Autant dire que sur le créneau de la restauration commerciale, avec service à table, Flo
devient le leader français. En 1999, Bistro Romain a réalisé un chiffre d'affaires de
600 millions de francs et un résultat net de 18 millions de francs dont le groupe Flo
estime qu'il sera porté à 25 millions de francs dès la fin de l'exercice 2000. De plus,
doté d'une puissance d'achat de 600 millions de francs, Flo va pouvoir massifier
davantage ses achats, sans aller jusqu'à une intégration verticale, et accroître ses
économies d'échelle sur les prix. De même, la logistique et le back-office devraient
être menés en synergie à Paris comme en province.
"Aubergiste dans l'âme"
Six mois de négociations pour que la préférence aille à un groupe français pour une
passation de pouvoir et d'outil de travail entre deux fondateurs des premiers groupes de
restauration française, nul doute que dans le choix de Roland Pozzo di Borgo, créateur
de Bistro Romain en 1982 mais aussi président du Comité des Champs-Elysées, la
préférence n'a pas été anodine. En cédant son groupe à Jean-Paul Bucher, il le
maintient dans le périmètre national.
Que de chemin parcouru depuis l'arrivée à Paris d'un jeune alsacien, plein de passion et
de fougue ! Cuisinier bien décidé à s'installer dans la capitale, il ouvre au cur
du mois de mai 1968, son premier établissement : la Brasserie Flo, cour des Petites
Ecuries à Paris (cf. encadré). Depuis, on connaît le chemin parcouru : 30 000 repas
servis chaque jour sur l'ensemble des marques. Un développement continu depuis 30 ans :
"Je suis au départ un restaurateur indépendant, constatant que les
concentrations, étaient inéluctables, j'ai choisi d'être acteur au sein de la
restauration et j'ai pris le virage de cette concentration explique Jean-Paul Bucher, mais
je reste un aubergiste dans l'âme. Je veux des clients heureux de venir et de revenir
manger dans mes restaurants, je cherche à fournir une bonne qualité de prestation dans
le créneau gastronomique et populaire. Ces concentrations doivent nous donner les moyens
de faire vivre nos salariés dans de bonnes conditions, et j'espère qu'elles nous
permettront encore de faire mieux entendre la voix des restaurateurs. Cette dimension
internationale nous permettra peut-être une reconnaissance, sur le plan économique, des
pouvoirs publics qui restent sourds à nos appels quand on évoque la nécessité d'une
baisse de la TVA et des charges sociales. Pourtant ces mesures sont essentielles pour les
plus petits indépendants, aussi bien sûr."
L. Anastassion
Avec le rachat de Bistro Romain, le groupe de Jean-Paul Bucher se place dans les 4
premiers groupes de la restauration française commerciale.
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L'HÔTELLERIE n° 2666 Hebdo 18 Mai 2000