Laurence Turbec devait fêter ses 28 ans le 20 mai
prochain, son entourage se souviendra d'elle comme une jeune femme gaie, dynamique et
pleine de projets. Parce que pour gagner sa vie au cur de la Bretagne, elle
travaillait dans un fast-food, Laurence ne fêtera pas ses 28 ans. Elle est morte dans
l'attentat qui visait ce que certains se plaisent depuis des mois et des mois à dénoncer
comme étant le symbole de l'impérialisme américain : McDonald's. Quelques jours
auparavant, en Haute-Loire, l'inauguration du McDonald's de Vals-Près-le-Puy avait été
perturbée par une centaine d'agriculteurs membres de la Confédération paysanne dont le
leader le plus charismatique n'est autre que José Bové. Ils dénonçaient ce jour-là
l'installation de la marque dans leur région, et voyaient dans cette manifestation "un
symbole fort dans un département qui se veut tourné vers une agriculture respectueuse de
l'environnement et des agriculteurs". De quels agriculteurs et de quelle
agriculture parlaient-ils ? McDo consomme pour près de 2 milliards de francs de salade,
de buf de lait et de blé français !
Régulièrement, dans leurs discours, les leaders syndicaux, agriculteurs et
restaurateurs se plaisent à dénoncer, qui la "mal bouffe", qui "les
méfaits de la mondialisation" prenant à tour de rôle McDo comme bouc
émissaire. Il est facile et toujours très populaire avec quelques bons mots comme
certains en ont le secret de monter des agriculteurs ou des restaurateurs contre un nom,
contre un symbole et ce d'autant plus que la marque est forte et populaire auprès du
public. Facile mais dangereux aussi de haranguer les foules contre quelqu'un. Qu'ils
soient agriculteurs ou restaurateurs, tous n'ont pas la capacité de relativiser ces
discours de haine, ces discours de guerre dans lesquels on appelle à partir en croisade
contre ces symboles de mal bouffe ! Des discours qui sans le vouloir bien sûr autorisent
les plus inconscients à passer à l'acte et banalisent la violence qui s'y attache. Qui
peut prétendre au monopole de la mal bouffe aujourd'hui dans notre pays ? En quoi un
sandwich aux rillettes serait-il diététiquement plus équilibré qu'un hamburger ? Que
cesse ce combat stérile et ô combien dangereux, que cesse cette manie de monter les gens
les uns contre les autres quand on est dans l'incapacité de résoudre les problèmes qui
sont soumis.
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2663 Hebdo 27 Avril 2000