L'Ecrin, Le Chat et La Diligence à Honfleur
La famille Blais quitte Paris en 1974 pour le Calvados, à Villerville d'abord puis à Honfleur. Audace et enthousiasme ont apporté à cette tribu un succès qui lui permet aujourd'hui d'être à la tête de trois hôtels dont un avec restaurant.
La famille Blais est atteinte du virus de la restauration. Lucette, la mère, est propriétaire de L'Ecrin, un établissement 3 étoiles qu'elle dirige encore à 73 ans avec une incroyable énergie. Ses fils sont également de la partie. Jean-Luc est chef à l'Hostellerie Le Chat et sa femme Martine gère la partie hôtel qui compte 23 chambres classées 3 étoiles. Quant à Gilles, il gère La Diligence, un hôtel 3 étoiles de 24 chambres et un bar à 200 m du vieux bassin de Honfleur. La devise du clan des Blais est : "Faites-vous plaisir." Tout a commencé au début des années 70. Lucienne et Henri Blais avaient une boulangerie-pâtisserie à la porte de Clichy à Paris mais ressentaient l'appel du grand air. C'est finalement en 1974 qu'ils décident de faire le grand saut et partent pour Villerville, une des stations de la Corniche Normande, là où se trouvent les plus grandes moulières d'Europe. Ils reprennent l'hôtel-restaurant Bellevue. L'affaire marche bien. Les enfants se lancent et se forment chacun à sa façon. Jean-Luc poursuit des études en économie tout en découvrant la cuisine auprès de Christian Billaud, le chef réputé du Bellevue. De son côté, Gilles est moins décidé. Il participe aux raids Citroën et devient p.-d.g. d'une société d'import-export qui a son siège à Bangkok. Il parcourt l'Afrique et l'Asie, mais revient régulièrement à Villerville. Au début des années 80, une nouvelle opportunité se présente, cette fois, à Honfleur.
Au fil des opportunités
Une grande maison de caractère du XVIIIe siècle est en vente à un prix intéressant.
Dès la première visite, Lucienne Blais a le coup de foudre. Elle trouve le lieu idéal
pour l'installation d'un hôtel, l'établissement dont elle rêve. Les banquiers sont bien
un peu réticents car la maison se trouve à l'écart du Honfleur touristique, dans une
petite rue. Avec 3 MF d'investissement, le pari était audacieux mais il est gagné avec
brio. L'Ecrin bénéficie aujourd'hui d'une clientèle de fidèles dont beaucoup
d'étrangers, Britanniques, Hollandais, Belges, Américains, mais aussi d'artistes qui
apprécient autant la qualité de l'accueil que la discrétion et la beauté des lieux. En
fait, le rachat de L'Ecrin marque le début de l'histoire qui lie la famille Blais à
Honfleur. Quelques mois après l'installation à L'Ecrin, un autre établissement est mis
en vente dans cette ville, un ancien relais de postes, Le Bras d'Or, presque une ruine.
Qu'à cela ne tienne : "Chez nous les décisions sont collégiales, il ne faut pas
avoir peur." La famille Blais l'achète, remettant à plus tard sa remise en
état. Et voilà qu'une autre opportunité se présente, le rachat des parts de la
société de l'hôtel-restaurant Le Chat, un des plus beaux emplacements de Honfleur, face
à l'église Sainte-Catherine et son curieux clocher. Pas d'hésitation. Le Bellevue est
vendu, la famille Blais regroupe ses forces sur Honfleur. Comme le disent, avec une
admiration certaine, Jean-Luc et Gilles Blais "notre mère est un vrai moteur, et
en plus elle a le génie de la décoration". Des investissements importants -
près de 6 millions de francs - sont engagés chez Le Chat. La sécurité de
l'établissement est entièrement revue. Le bâtiment, formé d'anciennes hallettes,
présente en effet de nombreux niveaux, demi-étages ou autres... Rien que pour cela, la
famille dépense 700 000 francs. Rapidement, cet hôtel-restaurant remporte les suffrages
de la clientèle. Restait à aménager l'ancien relais de postes, rebaptisé La Diligence.
Des ruines est sorti un hôtel d'esprit original, mélangeant style thaïlandais et
normand.
Collégialité
Gilles et Jean-Luc Blais n'en démordent pas. Cette réussite est due à l'esprit de
famille, même après le coup dur qu'a été la disparition d'Henri Blais, en 1992. En
fait, chacun gère son affaire, mais cela reste malgré tout commun. Comme le dit Jean-Luc
Blais : "Il s'agit d'une sorte de collégialité." C'est informel sans
doute mais aussi très efficace. On se sent bien dans les murs anciens des différents
établissements de la famille Blais. Le taux d'occupation de L'Ecrin par exemple avoisine
les 65 à 70 % en moyenne sur l'année et 100 % en saison. Cette SA affiche un chiffre
d'affaires d'environ 4 MF, le personnel étant composé d'un directeur, de 3 femmes de
chambre, d'un serveur et d'un gardien de nuit. La Diligence (SARL) est aujourd'hui aux
mains de Teeraya Blais, épouse de Gilles aidée de 2 femmes de chambre et d'un serveur.
Son chiffre d'affaires est d'environ 2,60 MF pour un taux d'occupation moyen de 60 %. Cet
établissement est d'ailleurs en cours d'agrandissement. Quant à l'hôtel-restaurant Le
Chat (SA), il atteint 6,5 millions de francs avec un restaurant qui peut accueillir
jusqu'à 110 personnes. Des affaires prospères certes, mais aussi, et surtout, le plaisir
de bien faire ce que l'on aime : "De quoi nous plaindrions-nous ? insistent
Gilles et Jean-Luc Blais. Nous vivons dans un cadre agréable et un environnement qui
nous plaît et en plus nous faisons des rencontres toujours enrichissantes."
Gilles et Jean-Luc Blais, respectivement gérant de La Diligence et chef à
l'Hostellerie Le Chat, devant L'Ecrin à Hontfleur.
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L'HÔTELLERIE n° 2661 Hebdo 13 Avril 2000
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