Le sujet est polémique, et enseignants comme jeunes professionnels ont été très
nombreux à réagir aux affirmations de Claude Izard sur la qualité de l'enseignement
technique, sur la compétence des professeurs et sur la motivation des jeunes. C'est dire
combien rien n'est simple, combien le sujet est sensible et combien, contrairement à ce
que certains professionnels affirment, enseignants et élèves des écoles hôtelières
sont impliqués dans les métiers de l'hôtellerie-restauration. Une implication qui, trop
souvent, est mêlée à une certaine amertume devant l'incommunicabilité persistante que
de nombreux professionnels et enseignants entretiennent depuis longtemps. Des hommes et
des femmes plus ouverts, enseignants comme professionnels, ont à titre personnel su faire
le chemin pour aller vers l'autre, ils ont vu combien ensemble ils pouvaient faire des
choses constructives tant pour la profession que pour ces jeunes qui, au sortir de
l'adolescence, cherchent à trouver leur voie. Une démarche qui demande un réel effort,
qui fait preuve d'une remarquable ouverture d'esprit et qui malheureusement reste trop
souvent discrète. S'intéresser à la formation des jeunes, c'est s'intéresser à
l'avenir de son secteur d'activité, c'est savoir se remettre en cause, c'est savoir
écouter, partager, comprendre : c'est faire preuve de générosité. Certains
professionnels s'investissent quotidiennement à leur niveau pour que la motivation des
jeunes qu'ils ont sous leur responsabilité soit forte, pour qu'ils trouvent dans les
métiers de l'hôtellerie-restauration un épanouissement. Malheureusement, d'autres, et
ils sont nombreux, refusent de s'investir dans cette mission qui reste étrangère à
leurs centres d'intérêt... d'ailleurs ils sont souvent les premiersà ne pas comprendre
la désaffection des jeunes pour ces métiers... En face, il se trouve des centaines
d'enseignants disponibles, enthousiastes, qui ne cherchent qu'à former le mieux possible
leurs élèves pour leur permettre d'intégrer un secteur professionnel qui, s'il permet
des évolutions de carrière remarquables pour certains, n'est pas pour autant un secteur
facile à appréhender, il faut le reconnaître.
Des enseignants qui aimeraient souvent pouvoir avoir des relations professionnelles plus
simples, plus fréquentes, plus faciles avec les hôteliers, les restaurateurs, les
cafetiers, des enseignants qui aimeraient voir plus souvent ces professionnels venir
parler de leur quotidien aux élèves, des difficultés qu'ils rencontrent au sein de
leurs entreprises mais aussi des joies qu'ils ont à faire ce métier. Des enseignants qui
auraient tout à gagner à partager avec les professionnels ce lourd poids qu'est la
formation des jeunes dans un secteur qui demande tant d'abnégation et de passion à ceux
qui le choisissent. Des rencontres qui ne pourraient que dynamiser des élèves qui se
cherchent, et bousculer les enseignants incompétents. Mais pour y arriver, encore
faudrait-il que des deux côtés l'attitude change enfin et que cesse cette manie de
toujours considérer que tout ce qui ne va pas est obligatoirement de la faute de
l'autre...
PAF
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L'HÔTELLERIE n° 2661 Hebdo 13 Avril 2000
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