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Cantal

Le pari de relancer un château-hôtel

Tout a débuté par un coup de cœur pour le Château de Salles à Vézac dans le Cantal. Jean-François Liess et Roland Pasquier ont relevé le défi. 4 ans plus tard, c'est un succès commercial qui nécessite cependant des investissements supplémentaires pour renforcer et développer les points forts de l'établissement.

L'ancien château de guet du XIe siècle avait été transformé par un architecte en hôtel de 8 chambres sans restaurant. Au bout d'un an, l'aventure se terminait avant de repartir de plus belle. Un financier alsacien domicilié en Suisse, Jean-François Liess, tombe amoureux de la forteresse. Il appelle Roland Pasquier, son ami, qui travaille dans la région marseillaise. Il est depuis 18 ans dans le métier : bar, restauration, hôtellerie. Il lui demande de se pencher sur le Château de Salles, à Vézac, à 7 kilomètres d'Aurillac dans le Cantal... L'établissement est racheté et rénové. Coût : 10 millions de francs. Tout d'abord, le nombre de chambres passe de 8 à 18, dont 6 dans un bâtiment annexe. Une véranda illumine et agrandit la salle transformée en restaurant. "L'architecte était opposé à cette transformation parce que cela ne se fait pas dans la région", se souvient Roland Pasquier, le gérant. En juin 1996, c'est l'ouverture et une vingtaine d'emplois créés. "Et trois ans plus tard, une grande partie des salariés travaille toujours ici", souligne avec satisfaction Isabelle Pasquier. Pour souder l'équipe, et comme le 3 étoiles est fermé de mi-novembre à mi-avril, la plupart des employés partent ensemble effectuer la saison d'hiver. "Cette année, direction la Suisse, pour un hôtel de 115 chambres", explique-t-elle.
Bien sûr, compte tenu des investissements, l'affaire ne dégage pas encore de bénéfices. "Nous travaillons bien et beaucoup mais en fin de saison, le bilan demeure négatif."

Six millions de francs pour capter les séminaires
Cependant, le propriétaire de l'établissement, Jean-François Liess, n'est pas déçu. Il envisage même d'injecter six millions de francs de plus dans l'établissement : rajouter 12 chambres dans une grange en contrebas, une piscine couverte, une salle de sport et une salle de banquets avec son parking. "Nous avons une bonne clientèle de banquet. Nous avons organisé 2 mariages la première année d'activité, 14 l'année suivante et une vingtaine en 1999. Pour cette année, il ne reste que deux samedis de libres en juin", détaille Isabelle Pasquier. "Jusqu'à présent, nous jonglions avec les possibilités du château pour organiser des repas de famille selon le nombre de couverts. Avec la nouvelle salle, tout se déroulera dans un endroit spécifique, sans créer la moindre gêne pour la clientèle de l'hôtel", explique Roland Pasquier. Ces travaux visent aussi à développer les séminaires pour allonger la saison. Les taux d'occupation, 80 % en juillet et en août, oscillent entre 50 et 60 % les autres mois d'ouverture. "Régulièrement, des séminaires nous échappent. Il nous fallait une capacité supérieure pour nous positionner dans ce créneau. Avec 30 chambres en final et nos nouveaux équipements, nous aurons de bons atouts", ajoute le gérant. Commencés en novembre, les travaux doivent être terminés pour la réouverture en avril prochain.

Séjour moyen : cinq nuits
Avec une clientèle étrangère à 30 % (Allemagne, Suisse, Belgique, mais aussi des Parisiens ou des gens du Sud), "qui vient se mettre au frais et fuir la surpopulation estivale de la Côte d'Azur", l'Hostellerie du Château de Salles enregistre une durée moyenne des séjours élevée, de l'ordre de 5 à 6 jours. "Quand ils sont ici, les clients souhaitent rester et ils reviennent", souligne Isabelle Pasquier. Les petits "plus" jouent leur part d'attrait : salle de jeux pour les enfants avec consoles vidéo, parc de 8 hectares, piscine, jacuzzi, hammam, VTT à disposition. "Nous remarquons la hausse d'une clientèle un peu particulière : les pères divorcés en vacances avec leurs enfants", ajoute-t-elle. Un secteur à développer tout comme le créneau des golfeurs. Il existe à proximité 2 golfs : un 9 trous à Vézac et un 18 trous, le golf de haute-Auvergne, à quelques kilomètres. "Mais notre handicap principal demeure que nous manquions de voies d'accès rapide, par la route comme par les airs. Il faudrait des moyens pour rapprocher Paris d'Aurillac", soutient Roland Pasquier. C'est pourquoi un site Internet a été réalisé. Il est opérationnel depuis août dernier. "Il nous a permis d'accueillir un séminaire d'Australiens", se souvient Roland Pasquier.
P. Boyer


Isabelle et Roland Pasquier ont quitté la région marseillaise pour reprendre la direction du Château de Salles. "Nous allons démarcher tous azimuts pour lancer les séminaires."

Hostellerie du château de Salles en chiffres

Ouvert 7 j/ 7 de mi-avril à mi-novembre, l'établissement réalise un CA de 4,5 millions de francs. Classé en 3 étoiles, il propose 18 chambres et suites (de 450 à 1 100 F). 12 doivent être créées pour cette saison. Le Château de Salles sert 12 000 couverts. Thierry Guillot, chef de cuisine, vient de Bourgogne, d'un restaurant étoilé au Guide Rouge. Il propose des menus de 120 à 260 F, avec un menu surprise à 340 F et une carte de 70 à 120 F avec la Côte de bœuf de salers pour deux personnes à 220 F. Le Château de Salles appartient à la chaîne des Châteaux et Hôtels de France.


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L'HÔTELLERIE n° 2660 Hebdo 6 Avril 2000

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