Taux de TVA des cantines devant le Conseil d'Etat
Faute de pouvoir obtenir une baisse du taux de la TVA sur la restauration, la FNIH avait déposé l'année dernière un recours devant le Conseil d'Etat pour dénoncer l'avantage fiscal dont bénéficie la restauration collective qui applique un taux de TVA à 5,5 %. Le commissaire du gouvernement lui a donné raison. Position confirmée par une décision du Conseil d'Etat rendue le 27 mars.
On se souvient l'année dernière de la guerre qu'André Daguin, au nom de la FNIH, avait déclarée à la restauration collective, aux cantines, qu'il accusait de concurrencer d'une manière déloyale la restauration commerciale par la qualité de la prestation qui était offerte aux clients à des tarifs beaucoup plus bas que dans la restauration commerciale. A grands coups de pages de publicité prises dans les principaux journaux quotidiens, la riposte avait été rapide de la part des grands groupes de restauration collective. Mais le dossier suivait son cours puisque la FNIH avait déposé un recours devant le Conseil d'Etat pour dénoncer le mécanisme qui permettait à ce secteur de la restauration de bénéficier du taux réduit, contrairement à la restauration commerciale à laquelle on ne cesse de refuser cet avantage.
Approche juridique contre opinion publique
En vertu de textes de 1942 et de 1943, les cantines, tant scolaires que d'entreprises, ont
toujours bénéficié en France de cet avantage d'autant que les entreprises prennent le
plus souvent en charge, pour leurs salariés, une partie du coût de la prestation. C'est
dire qu'aujourd'hui la combinaison de ces avantages et la concurrence qui existe au sein
des entreprises de restauration collective font que les prestations de restauration
offertes dans le cadre de la collectivité ont un excellent rapport qualité/prix qui ne
plaide pas vraiment en faveur de la restauration commerciale, celle-ci se situant sur ce
niveau d'offre et devant, pour la même prestation, facturer beaucoup plus cher dans la
mesure où ses charges sont beaucoup plus lourdes.
Le Conseil d'Etat a donc suivi l'analyse du commissaire du gouvernement en demandant
l'annulation des textes de 1942 et de 1943. Pour motiver son jugement, la haute
juridiction met en évidence la non-conformité du régime fiscal de la restauration
collective avec les dispositions du droit communautaire. Dispositions qui réservent
l'exonération de TVA aux activités de prestation de service dont le caractère est "étroitement
lié à l'assistance sociale et à la sécurité sociale". Ce qui conduirait
alors la restauration collective à perdre son régime dérogatoire. Une analyse qui se
borne à un stade purement juridique et qui ne tient pas compte d'une prise de position
politique contraire de la part de Bercy, en raison de la portée d'une telle mesure
auprès de l'opinion publique. On imagine mal les salariés accepter sans réagir une
telle augmentation du prix des prestations. La pression auprès du gouvernement pourrait
alors amener celui-ci à intervenir auprès de la Commission européenne pour maintenir
l'autorisation d'appliquer le taux réduit au secteur de la restauration collective. Une
bataille qui ne fait que débuter... Reste à savoir maintenant si une augmentation du
taux de TVA sur la restauration collective changera vraiment quelque chose aux problèmes
que rencontrent les restaurateurs depuis plusieurs années...
Le malheur des uns ne fait pas forcément le bonheur des autresL'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) se félicite que le
Conseil d'Etat ait fait droit à sa demande ainsi qu'à celle du SNRPO (Syndicat national
de la restauration publique organisée) visant à l'annulation des textes ministériels
qui exonèrent de TVA les bénéficiaires des cantines et restaurants d'entreprise. En
effet, la restauration traditionnelle et de cafétérias, représentée par l'Umih et le
SNRPO, souhaite depuis plusieurs années que l'ensemble de la restauration consommée hors
domicile soit placée sur un pied d'égalité fiscale. |
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L'HÔTELLERIE n° 2659 Hebdo 30 mars 2000