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Roissy-en-France

Le parc hôtelier va s'accroître sur la plateforme CDG

Avec la progression constante du nombre de voyageurs, l'arrivée de Federal Express et le lancement d'une troisième piste, de nouveaux projets hôteliers vont voir le jour sur l'aéroport parisien. Entretien détaillé avec André Toulouse, président de la Communauté de communes de Roissy-Porte de France.

Propos recueillis par Pascal Blondel - Horwath Consulting France

L'Hôtellerie :
Avant de rentrer dans le vif du sujet, pourriez-vous expliquer en quelques mots ce qui se cache derrière la Communauté de communes Roissy-Porte de France ?

André Toulouse, président de la Communauté de communes Roissy-Porte de France :
La Communauté de communes, créée en 1994, émane de l'association en 1989 de 32 communes de l'est du Val-d'Oise, réunies pour élaborer le schéma local de développement. Aujourd'hui, la Communauté regroupe 11 communes entourant l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, au nord de Paris. Cela représente 27 000 habitants pour 7 000 ha, 950 entreprises (incluant les entreprises présentes sur la plateforme aéroportuaire mais aussi sur le territoire de Roissy-en-France) soit 55 000 emplois au niveau de la plateforme et 16 000 pour le reste de la Communauté.
Le schéma directeur a fixé certaines règles que la Communauté est tenue de respecter. Ses terrains sont complémentaires et bien situés (bordure d'autoroute...). Nous travaillons aussi à la requalification des zones industrielles déjà existantes mais vieillissantes.
Pour éviter la compétition au sein de la Communauté, nous avons établi un taux intercommunal de taxe professionnelle unique de 8,62 % qui nous permet d'optimiser les propositions aux entreprises sans générer de rivalités. Lorsqu'une entreprise s'installe sur la Communauté, nous devons aussi gérer l'adéquation entreprise-habitat-communes de manière à reverser une partie des recettes perçues à la commune accueillant de nouveaux habitants mais pas l'entreprise elle-même. C'est une pratique intéressante permettant d'alléger le coût par habitant pour les communes les plus résidentielles de la Communauté.

L'H. :
Quel rôle tient la Communauté ?

A.T. :
La Communauté participe auprès du conseil général au financement des voiries. Fin 2201, la Francilienne permettra d'ailleurs aux Val d'Oisiens d'accéder plus facilement à la plateforme aéroportuaire. Certaines communes étant enclavées, un des rôles de la Communauté est également de les aider à se développer.

L'H. :
Quel est le potentiel de développement en termes de surface et d'emplois ?

A.T. :
La surface des zones d'activité restant à développer est d'environ 400 hectares, bien desservis avec de nouvelles infrastructures routières telle que la Francilienne, et ferroviaires avec le TGV et le RER. Ces hectares vont être écoulés sur des dizaines d'années. Le nombre précis d'emplois futurs est difficile à estimer, mais on peut imaginer, compte tenu du tissu urbain actuel, que le sud de la Communauté accueillera plus de main-d'œuvre (sociétés demandeuses comme les laboratoires...) que le nord qui se destine plus à l'accueil de larges structures logistiques nécessitant moins de personnel.
Nous avons aussi lancé une politique de formation de manière à pouvoir répondre aux demandes des entreprises qui restent insatisfaites car il n'y a pas suffisamment de personnel formé. Ainsi, la Communauté a mis en place un centre de ressources (mars 1998) qui présélectionne les demandeurs d'emploi correspondant aux offres faites par les entreprises. Car aujourd'hui, sur 2 000 propositions, seulement 15 % d'entre elles sont couvertes. Il s'agit d'un investissement à long terme.

L'H. :
Sur la plateforme de CDG, le parc hôtelier est conséquent (voir tableau ci-dessous), et pourtant on parle de nouveaux projets intégrant plus de 1 300 chambres supplémentaires, soit une hausse de 30 % de l'offre existante (environ 4 400 chambres). Y a-t-il une politique cohérente de développement au sein de la plateforme et comment se prennent les décisions ?

A.T. :
A l'origine, c'est la commune de Roissy-en-France qui a favorisé l'implantation d'hôtels par l'aménagement de son plan d'occupation des sols (POS) et de ses terrains. Nous estimons que l'hôtellerie est une industrie non polluante offrant beaucoup d'avantages (pas de trafic, clients se promenant à pied dans le village, commerçants satisfaits...). Mais si nous favorisons sa venue, ce sont les investisseurs qui décident en dernier ressort. L'économie étant favorable, 7 nouvelles CDEC viennent d'être accordées car CDG connaît, comme à l'époque de sa création, un nouveau départ grâce à la 3e piste et l'arrivée de Federal Express. En outre, la progression des voyageurs a toujours été constante, même pendant la crise, et s'est accélérée depuis 3-4 ans (17 % entre 98 et 99 !). Ce rapide développement surprend tout le monde. Ainsi, le nombre de vols annoncé pour 2007 sera atteint en 2001.
La commune contrôle tous les projets relatifs à une nouvelle implantation sur son territoire et donne son approbation (mise en place d'un règlement : quota de 50 % de parkings souterrains, type d'enseigne, hauteur... cahier des charges important). Reste que c'est la SAPR (Société d'Aménagement du Parc de Roissy) qui reçoit et gère les demandes des chaînes. Lorsqu'un projet prend une tournure sérieuse, elle vient nous trouver pour nous le présenter. Cette pratique fonctionne bien et le relationnel avec les hôteliers est excellent.

Parc Roissy (hors ADP)
Class. Hôtels Chambres  
4 étoiles 7   2 167 50 %
3 étoiles 4   639 15 %
2 étoiles 3   1 133 26 %
1 étoile 2   432 10 %

L'H. :
En combien de temps ce développement va-t-il se réaliser ?

A. T. :
Ce nouveau développement conséquent (+ 30 % de chambres sur la zone) va s'étendre jusqu'en 2002-2003. Les enseignes qui arrivent sur le parc de Roissy sont nouvelles (Dorint, Country Inn, Suitehotel, pour 630 chambres), mais d'autres comme Accor font le forcing pour occuper le terrain. Quand le groupe français nous a présenté son projet de 4 hôtels sur Paris Nord II (Suitehotel, Ibis, Etap Hôtel, Formule 1, pour 700 chambres), ils nous ont présenté des statistiques montrant un déficit de 2 500 chambres sur la zone.
Pour nous, l'hôtellerie est un baromètre par rapport à l'économie. Le démarrage a repris voilà 3 ans (un TO de 90 % en 99). Les hôteliers présents accueillent positivement les nouveaux arrivants, car ils tiennent compte des développements en cours. Villepinte va sortir 50 000 m2 supplémentaires d'espaces d'exposition. L'offre existante est très concentrée sur CDG, mais il y a aussi la zone de Saint-Witz (nord) avec un Novotel et 2 nouveaux permis de construire pour un Mercure et un Etap Hôtel.

L'H. :
Quelle est votre relation avec Aéroport de Paris (ADP) ?

A.T. :
Sur CDG, ADP est souverain et est concurrent de la Communauté. Mais son problème, c'est qu'il ne vend pas ses terrains, il les loue, ce qui contrarie certains investisseurs. Par conséquent, en proposant des terrains à la vente, la Communauté gêne ADP. Les projets hôteliers dans la zone ADP sont maintenus secrets. Tous les hôtels de la plateforme sont fléchés, excepté ceux qui sont en dehors car ADP protège ses hôteliers (pas de publicité sur ADP, pas de bus). Il nous a fallu 12 ans pour obtenir une sortie directe de l'autoroute sur la commune. Les voitures devaient faire un long périple, difficile d'accès, non fléché. Aujourd'hui, quand on vient du nord, l'accès est toujours un problème. Par l'insuffisance des liaisons routières ou ferrées, seulement 16 % de Val d'Oisiens travaillent sur la plateforme.

L'H. :
Vous êtes au Mipim depuis plusieurs années. Ce rendez-vous des professionnels de l'immobilier vous a-t-il beaucoup apporté ?

A. T. :
Présents au salon depuis le début, notre objectif premier était surtout d'être identifiés par rapport à CDG/ADP, l'Etat n'ayant jamais mis en valeur notre situation, bien au contraire. Ce salon nous a apporté une notoriété vis-à-vis de clients internationaux. Mais nous pensons aussi que l'Ile-de-France est un ensemble qui doit se vendre en fédérant ses ressources pour concurrencer les régions étrangères présentes depuis des années au Mipim. Voilà pourquoi, après plusieurs années d'attente, l'ensemble des responsables de la Région et des organismes de développement se sont fédérés pour être sur un espace unique et pouvoir ainsi offrir une offre complémentaire aux entreprises. Aujourd'hui, nous récoltons nos 5 années d'investissement : nous avons notre clientèle, nous allons lui proposer des terrains définis (surface, prix...) et lui proposer de régler les problèmes administratifs. La Communauté est l'interlocuteur unique à la portée du chef d'entreprise et du demandeur d'emploi. Notre rôle : les unir.


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L'HÔTELLERIE n° 2659 Hebdo 30 mars 2000

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