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Côte d'Azur

La réduction du temps de travail ne séduit pas les hôteliers

La plupart des hôteliers de la Côte d'Azur ne se sont pas encore engagés dans une véritable démarche de réduction du temps de travail. Quelques établissements planchent sur ce chantier, mais sans précipitation.

Le Majestic à Cannes avait pourtant donné l'exemple au printemps 1998 en entreprenant une réduction du temps de travail, mais il n'a pas été suivi. Les rares grandes enseignes qui lui ont emboîté le pas - comme le Radisson à Nice, depuis le 1er octobre dernier - refusent tout simplement d'évoquer le sujet. Dans un département où près de 70 hôtels comptent plus de 20 salariés, la frilosité est à son comble. Le passage de 44 à 43 heures avait déjà perturbé bien des organisations. La nouvelle circulaire, publiée en juin et prévoyant que les 39 heures de présence seraient payées 35 heures, n'a guère apaisé les esprits méditerranéens. Les conséquences de la réduction du temps de travail sur les coûts sont sur toutes les lèvres. Pour expliquer leur position, les professionnels de l'hôtellerie évoquent la concurrence d'autres pays moins en avance en matière de droit du travail. 65 % des clients des hôtels du département sont des étrangers, une part qui peut même atteindre 90 % dans certains établissements. "Il sera sans doute impossible de reporter les coûts de la réduction du temps de travail sur le client, explique Michel Tschann, chargé de communication pour le Syndicat des hôteliers de Nice-Côte d'Azur. Notre problème fait sourire les tour-opérateurs étrangers qui se contentent de comparer les prix entre les différentes destinations. La législation du travail ne rentre pas dans leurs critères."

L'intéressement comme solution
Quant à Jean-Paul Cordero, président du syndicat, il émet de sérieuses réserves sur une véritable création d'emplois directs, excepté au niveau du travail saisonnier. "En revanche, nous assisterons vraisemblablement à un recours massif à la sous-traitance, notamment dans le service des chambres." En termes de solutions à envisager pour palier le manque à gagner chez les salariés, le principe de l'intéressement est à l'étude. Du côté du Syndicat des hôteliers comme de la Confédération des professionnels indépendants de l'hôtellerie, on accepte la réduction du temps de travail (elle pourrait même revaloriser la profession) si elle est assortie d'une réduction sensible des charges. "C'est la seule issue pour la petite hôtellerie, ou bien nous n'éviterons pas la catastrophe, insiste Jean-Paul Cordero. Nous voulons bien jouer le jeu, mais reconnaissons que cette loi est scélérate et trouvons des solutions efficaces avant la chute libre !" Quant à l'idée même des primes, elle est rejetée d'emblée. Enfin, la profession mise fort sur la baisse de la TVA, lui permettant ainsi de "s'engager sur un plan de création d'emplois et sur le renforcement de la formation, tout en luttant contre les effets de la mondialisation et de l'implantation des grandes chaînes internationales".


Des hôteliers azuréens qui justifient leur réticence par la concurrence des pays voisins moins en avance en matière de droit du travail.

Le Majestic, pionnier de la réduction du temps de travail

30 CDI créés, soit 10 % de son effectif pour ce maillon du groupe Lucien Barrière. La décision relève en fait d'un changement intervenu à l'Assemblée nationale.
En août 1997, les négociations sont engagées avec les salariés du Majestic. La direction demande un aménagement du temps de travail en fonction de l'ampleur de l'activité (exemple : lors du Festival de Cannes, les horaires sont de 48 heures hebdomadaires réparties sur 6 jours, le reste du temps ils passent à 8 heures quotidiennes sur 4 jours).
L'accord est alors signé pour 7 ans. Les salaires n'ont subi aucun changement. Le personnel a majoritairement approuvé les nouvelles conditions au cours d'un référendum, avec 153 avis favorables contre 10 défavorables et 3 nuls.
Les cas particuliers sont traités en commission. Ainsi pour les cadres, un système de capitalisation des heures supplémentaires a été créé, assorti d'une sensibilisation à mieux gérer son temps de travail. Quant à la direction, elle tire son épingle du jeu en limitant l'emploi des extras, en gagnant l'exonération, sur l'ensemble du personnel, de 40 % des charges patronales pour la première année, puis de 30 % pour les 6 suivantes.
En fait, la direction du Majestic estime selon ses propres termes que cette réorganisation du temps de travail a permis "un renforcement de la qualité du service".
Autre atout : la réforme est arrivée simultanément avec le projet de création de 41 chambres supplémentaires, ce qui nécessitait forcément des embauches.


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L'HÔTELLERIE n° 2659 Hebdo 30 mars 2000

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