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Editorial
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Drôle d'image

Doit-on vraiment considérer comme une victoire, quand on est restaurateur, la décision du Conseil d'Etat qui tend à soumettre la restauration collective au taux normal de TVA ? Les restaurateurs tireront-ils nécessairement parti de l'augmentation, non garantie d'ailleurs, du tarif des repas de la restauration collective si son taux de TVA grimpe à 19,6 % ? Alourdir la charge de l'autre, sous prétexte de concurrence déloyale, n'allègera aucunement la charge des restaurateurs qui, dans cette opération, n'ont certainement rien à gagner en termes d'image ! Pourquoi nier le fait que les clients de la restauration collective sont les mêmes que ceux de la restauration commerciale et que c'est d'un type de prestation à l'autre qu'ils aiment aller et que, peut-être, les tarifs bas du secteur de la collectivité ont ces dernières années permis à la restauration commerciale d'augmenter ses ventes sur certains sites. Parce que la restauration collective habitue les consommateurs à ne plus manger chez eux, ils ont pris le pli, au fil des années, de se faire des petits plaisirs, pour changer de cadre, et de s'offrir régulièrement un déjeuner autre part qu'à la cantine, dans un restaurant proche de leur lieu de travail. Parce que c'est exceptionnel, ils acceptent plus volontiers de dépenser plus, et les restaurateurs en tirent parti. En augmentant les tarifs des cantines, qui resteront de toute évidence à des niveaux de prestations moins coûteux que la restauration commerciale, on fait disparaître purement et simplement cette possibilité de fréquentation de la restauration commerciale. Le seul gagnant dans l'histoire sera l'Etat qui par cette mesure touchera au titre de la TVA des sommes beaucoup plus importantes mais qui n'en baissera pas pour autant le taux de la TVA sur la restauration commerciale !
Les restaurateurs qui ont choisi ce combat s'isolent au sein de la grande famille qu'est celle de la restauration. Ils ont choisi un combat d'arrière-garde qui ne peut, dans un premier temps, que ternir leur image mais qui risque, quand des combats devront être menés sur le plan syndical pour défendre des intérêts communs à la restauration commerciale et collective, de mener à des règlements de comptes qui n'auront rien de dynamique pour ce secteur. A voir maintenant quelle sera la position des politiques qui, ne l'oublions pas, auront contre toute attente le dernier mot.

PAF


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L'HÔTELLERIE n° 2659 Hebdo 30 mars 2000

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