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La place des PME dans un monde
de géants

Alain Dhaussy, quatrième génération de brasseurs à Hordain près de Valenciennes dans le Nord, sera à Bierexpo comme il était à Dunkerque ou à Arras quelque temps auparavant.

Cet homme ne manque pas une bonne occasion, pas une bonne foire au nord de Paris pour présenter sa famille de bières La Choulette : en bouteille bouchée liège de 75 cl, peut-être trop marquée "vin", des bières de dégustation de 7,5°, une blonde (ronde et légèrement amère à la fois), une ambrée forte de malt aromatique, et une aromatisée framboise, primée à Montréal. Il complète sa gamme de bières : la Bière des sans-culottes (une blonde plus légère, plus houblonnée) et La Tour d'Ostrevant (forte ronde et marquée de goût avec ses 8,3°), avec cette année une millénaire très équilibrée entre rondeur et amertume mais robuste (9 °) sans le paraître au palais. Attention à la sortie de table.
Cette gamme est significative d'un effort d'innovation intense, sans pour autant sortir de la tradition brassicole nordiste. Les produits sont de qualité reconnue. Comment expliquer alors que la production de la brasserie ne dépasse pas les 4 000 hl, entre artisanat et industrie ?

Fonds de commerce "à la chine"
En comptant une activité de distribution complémentaire, l'entreprise emploie dix à douze personnes pour 8 MF de CA. Sans doute La Choulette ne disposait-elle pas au départ d'un fonds de commerce "à la chine" (la vente porte à porte dans le Nord), ni de volumes de brassage comparables à ceux de la Brasserie Jeanne d'Arc ou de Brasseurs de Gayant. Sans doute Alain Dhaussy n'a-t-il pas (encore ?) réussi un coup de pub comparable aux succès de la Ch'ti de Castelain, ou de la Jenlain de Duick. Sans doute comme tous ses collègues, est-il confronté à la même quadrature du cercle : comment percer dans un système de distribution fondamentalement fermé sur lui-même, en clair sans contrats en nombre suffisant ni réseau intégré ? Mais l'entreprise vit, avec des charges surveillées et maintenues au plus juste, et poursuit son travail d'innovation. "J'ai repris l'affaire à mon père en 1977, et en 1985, il n'était pas évident que nous existerions quinze ans plus tard", estime Alain Dhaussy. L'affaire contribue à la perpétuité d'une certaine idée de la brasserie en Flandre et en Hainaut. "L'époque est à la fois difficile et favorable. Nous profitons de l'intérêt pour les produits notés terroir, précise Alain Dhaussy, mais nous ne pourrions pas gérer de nombreux contrats."

A la recherche de partenariats
Ce type de PME est donc toujours à la recherche de partenariats intelligents avec les distributeurs et à travers eux avec les cafés. A éviter, les grossistes qui veulent absolument vendre cher, sans espoir de faire un peu de volume. Même de grande qualité, la bière n'est pas un produit de luxe. Quelques adresses sont les bons ambassadeurs de La Choulette, comme le Café de la Fontaine à Verlinghem ou l'Orangerie de Valenciennes. Alain Dhaussy propose aussi des fûts de trente litres à côté de ses bouteilles de format Champagne. Mais il faut les trouver. Ce brasseur aime son métier, mais lorsqu'il s'agit de se tourner vers la vente en CHR, il se demande, parlant de lui comme de ses collègues même plus grands : "Ne sommes-nous pas des gêneurs ?" Et quand on regarde la politique de lancement de produit de PME comme Gayant et Duyck, et l'évolution effective de leurs ventes comparées en GMS et en CHR, force est d'admettre qu'il y a du vrai là-dedans.
A. S.


Une blonde, une ambrée et une arômatisée framboise composent la gamme La Choulette


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L'HÔTELLERIE n° 2655 Hebdo 2 Mars 2000

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