Actualités

Editorial
_________

Dernier bastion

Outrecuidance que de faire aujourd'hui une remarque désobligeante sur la faiblesse de la représentativité féminine au sein des instances patronales des hôtels, cafés, restaurants ? Peut-être mais tant pis...
C'est vrai, dans le cadre des congrès, l'assistance paraît particulièrement équilibrée, les femmes y sont plutôt bien, voire très bien, représentées.
Il y a celles qui s'agitent dans tous les sens, à l'écoute du moindre souffle présidentiel, attentives au moindre rictus, elles pensent à tout, essayent de tout prévoir : ce sont les secrétaires, les conseillères administratives, les juristes, celles qui savent presque tout sur tout mais qui ne délivrent leurs secrets qu'au président, quand il veut bien les entendre, les consulter. Et puis il y a les autres, les discrètes, les attentives, à l'écoute des exposés techniques, même après les déjeuners qui font tant somnoler la gent masculine, celles qui réagissent avec un sourire convenu, habituées depuis longtemps aux forfanteries des propos des élus, aux promesses d'élection, à l'autoproclamation d'efficacité, à l'autosatisfaction, celles qui savent relativiser la portée des projets d'action, des projets de révolte, fomentés au cours de réunions où les esprits s'échauffent vite. Ce sont les mêmes qui savent combien les tons changent une fois les politiques arrivés au sein des assemblées, combien les discours agressifs avant se font plus ronds, plus chaleureux, plus consensuels après... et combien l'agitation est à son comble quand arrivent les photographes, chacun poussant l'autre pour préserver une place de choix aux côtés d'un ministre ô combien souriant. Ces femmes de l'ombre, celles qui savent tout et ne disent rien même si elles n'en pensent pas moins sont les épouses bien sûr. Celles qui font tourner les affaires quand les conjoints sont à l'autre bout du département, voire de la France, pour une remise de médaille ou une commission paritaire. Elles savent mieux que les élus, trop éloignés du quotidien de leurs affaires, comment les charges ont évolué ces dernières années, combien il est devenu difficile de recruter, comment renégocier avec les banques, renforcer la commercialisation, contacter les TO. Précises, efficaces, elles ne cessent de combattre au sein des entreprises, souvent dans l'ombre de leur présidentiel époux, pour que le discours des hommes fasse impression. Elles ne sont dupes de rien, juste un peu fatalistes pour certaines, voire soumises pour d'autres. Autant dire que leur expertise serait de toute évidence précieuse aux instances patronales. Chasse gardée, le monde du syndicat professionnel est celui des hommes, parce que celui des pouvoirs et des honneurs. A l'heure de la parité, de l'élection de Tarja Halonen à la présidence de la Finlande, de l'exploit de Laurence de La Ferrière, de la candidature d'Hillary Clinton au poste de sénateur, aucun n'a admis ces femmes en leur sein à des postes à responsabilités alors que ce sont elles qui assurent au quotidien la pérennité des entreprises.
Bouderaient-elles les instances syndicales parce qu'elles les trouvent trop peu efficaces à leur goût ou tout simplement parce qu'elles ne sont pas persuadées qu'une fois élues, en leur absence pour mission syndicale, leurs époux soient à même de gérer seuls aussi bien qu'elles leur entreprise ?
PAF


Vos commentaires : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts

L'HÔTELLERIE n° 2653 Hebdo 17 Février 2000

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration