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Vendée

Le tourisme victime de l'Erika

Propos recueillis par Hugues Front

Depuis le 26 décembre, la pollution de l'Erika souille tout le littoral de la Vendée. Les stations les plus atteintes sont celles du Pays-de-Monts, et pire encore, celles de la Baie de Bourgneuf, Noirmoutier notamment, où trois ministres se sont déplacés : Dominique Voynet, Lionel Jospin, puis le 7 janvier, Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au Tourisme. Ce même jour, Philippe de Villiers, président du conseil général de la Vendée, prenait le pari que les plages seraient propres au printemps et qu'une grande campagne de communication le ferait savoir.
Mme Demessine a assuré que son administration sera de "toutes les commissions ministérielles pour que le tourisme soit pris en considération". Elle a annoncé qu'un important effort de communication était nécessaire pour "reconstituer une image globale". En revanche, on ne peut pas encore se prononcer sur le préjudice subi et à venir : "Il faut être sérieux dans l'évaluation. En matière de retombées touristiques, il n'existe pas de tradition." Michelle Demessine propose d'observer mois par mois le niveau des réservations. Joël Giraudeau, président de la Fédération hôtelière de Vendée, est plutôt d'accord avec ces différentes approches. Entretien...

L'Hôtellerie :
Le littoral vendéen est-il très affecté par la pollution ?

Joël Giraudeau :
Nous sommes moins touchés qu'en Loire-Atlantique où la pollution se mesure par nappes épaisses. Nous, c'est plutôt des galettes, et notre littoral n'est pas si rocheux. Il est moins compliqué de nettoyer nos plages. Dans quelques semaines on devrait avoir surmonté les problèmes.

L. H. :
Quelles sont les priorités aujourd'hui ?

J. G. :
Il faut nettoyer les plages tous les jours, recommencer aussi longtemps que nécessaire. Il faut que les pouvoirs publics s'engagent dans la durée. Puis il faudra convoquer les journalistes pour montrer et faire savoir que les plages sont propres. Il faudra des spots télévisés et de belles photos dans les journaux.

L. H. :
Les hôteliers souffrent-ils à ce jour d'un préjudice ?

J. G. :
Ceux qui souffrent aujourd'hui d'un préjudice direct sont les ostréiculteurs. Pour l'instant il n'y a pas de dommages pour notre profession. Y en aura-t-il ? On ne sait pas, mais il faut se préparer à cette éventualité. Il est trop tôt pour se faire une idée, ne serait-ce que sur la base de la comparaison des réservations. On le saura à la fin du mois. Il faut aussi penser qu'avec les sinistres et les conséquences de la tempête, les gens peuvent avoir actuellement plus de soucis que de projets de vacances.

L. H. :
Prenez-vous des dispositions par anticipation ?

J. G. :
Les démarches sont lancées : on va se réunir prochainement entre présidents des six syndicats professionnels des départements concernés - Charente-Maritime, Vendée, Loire-Atlan-
tique, Morbihan, Finistère - avec pour premier objectif de faire reconnaître notre secteur comme partie prenante ayant droit auprès du FIPOL (Fonds d'indemnisation des compagnies pétrolières) à des indemnisations. Il y aura aussi un regroupement des actions à un certain niveau avec la Fédération de l'hôtellerie de plein air. S'il advenait que les fonds du FIPOL étaient insuffisants, peut-être l'Etat fera-t-il pression sur Total pour un règlement amiable. Si ça ne suffit pas, on verra s'il faut aller en justice.

L. H. :
Individuellement, les professionnels sont-ils tenus à prendre des dispositions ?

J. G. :
Chaque établissement devra faire état de son préjudice personnel qui ne pourra être évalué qu'à la fin d'une saison au moins.

L. H. :
Etes-vous satisfait des réactions de Mme le secrétaire d'Etat au Tourisme ?

J. G. :
Elle a dit qu'il y aurait dans les prochains mois des fonds supplémentaires pour revaloriser l'image des régions sinistrées. Je crois que toutes les collectivités vont le faire, le comité départemental et régional au tourisme, l'Etat. Et pourquoi pas l'Europe ? Parce qu'avec les reportages, à l'étranger on croit que toute la France a été ravagée à la fois par la tempête et la marée noire. L'image globale du tourisme en France est à restaurer.

L. H. :
Lui demandez-vous un coup de main particulier ?

J. G. :
On demande que le ministère appuie la démarche des professionnels pour qu'ils aient le droit d'approcher de la table des indemnisations. Le tourisme est un secteur d'activités comme un autre, c'est même le plus important en Vendée. On lui demande aussi "d'attaquer" sur l'angle de l'image, de prendre sur son budget de communication à cet effet.

L. H. :
Et vous, professionnels, avez-vous des moyens de corriger l'image de cette région ?

J. G. :
Non. Nous n'avons pas les moyens collectifs d'une communication de masse. L'image du littoral d'une station passe par les collectivités, et les professionnels la commercialisent. Mais il ne faut pas communiquer maintenant, il ne faut pas gaspiller les budgets, il faut attendre le moment opportun : à partir du moment où les plages seront propres.


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L'HÔTELLERIE n° 2648 Hebdo 13 Janvier 2000

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