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Domaine de Divonne-les-Bains

Didot-Bottin prend le contrôle

Longtemps propriété de Claude Aaron, le Domaine de Divonne, son casino (2e de France), son golf de 1932, ses hôtels de luxe et ses cinq restaurants passent sous le contrôle de Vincent Hollard, p.-d.g. de Didot-Bottin.

A priori, rien ne pouvait laisser présager de l'arrivée, en ce domaine très particulier des jeux, des héritiers de... l'Almanach du Commerce créé par Sébastien Bottin en 1796, pendant la Révolution. Or, il s'agit aujourd'hui d'un groupe puissant qui, en 1999, a réalisé un chiffre d'affaires de près de 500 MF en ayant des participations diversifiées dans Quinette Gallay (leader européen des sièges pour salles de spectacle), les Editions E.D (publications sur les réglementations douanières), les Grandes Distilleries Peureux (eaux-de-vie de fruits), Chemical et Pharmaceutical Press (maison d'édition américaine spécialisée dans l'agrochimie), etc.
A coup sûr, le choix de Didot-Bottin a dû faire des jaloux chez les prétendants du monde de la finance, des casinos et des puissantes chaînes hôtelières cherchant de plus en plus, comme les croisiéristes, à s'adjoindre des tables de jeux et surtout des bandits manchots pour accroître leurs recettes.

Pas un coup de foudre
Pour l'heure, les acteurs de cette vente (Didot-Bottin dispose de 71 % du capital, le groupe Aaron et ses partenaires conservant 21 %) n'ont pas dévoilé leurs motivations respectives.
Fort de sa longue expérience et de sa position de leader, grâce à la Suisse voisine, le Domaine de Divonne est une belle entreprise au chiffre d'affaires de 230 MF employant 450 salariés (700 en haute saison). Outre Divonne, la société exploite le nouveau casino d'Annemasse qui, en peu d'années, et grâce aux joueurs genevois qui viennent en tramway, s'est hissé à la 12e position des casinos français. De plus, Divonne est bien placé pour gérer le casino de Saint-Julien-en-Genevois dont il a déjà acquis la concession du projet (mais le ministère trouve qu'il y a déjà trop de casinos en Haute-Savoie, d'Evian à Chamonix, de Megève à Annemasse) ainsi que celui de... Genève, lorsque le gouvernement fédéral, qui a libéralisé les jeux de hasard il y a plusieurs années, se décidera a en publier les décrets d'application, ce qui est une autre histoire.
Ce qui est sûr, c'est que le groupe Didot-Bottin ne se laisse pas éblouir par les "coups de foudre" : son directeur, Jacques Favier, a dit : "Nous sommes là pour cinq à vingt ans." Exemple : la revente avec une plus-value considérable du dictionnaire médical Vidal acquis en 1979 et dont les liquidités ont justement permis de prendre pied à Divonne.
Didot-Bottin et les partenaires de Claude Aaron (Axa, la famille Mesnard de Chalet, SOPAO) devenus minoritaires disposent d'une entreprise non seulement en parfait état de marche, mais aux perspectives prometteuses.

Le TO passe de 18 à 60 %
En plaçant, en 1991, Alain Mansion ancien directeur d'une des holdings du groupe Rothschild (activités non bancaires), à sa tête, le bâtisseur de l'hôtel Cosmos à Moscou et de la tour Montparnasse à Paris, a voulu radicalement rompre avec les habitudes laxistes du passé.
Tout a été rénové, requalifié, voire rebâti. En moins de dix ans, par tranches successives, près de 150 MF ont été ainsi investis dans ce renouveau spectaculaire. Etage par étage, le Grand Hôtel a été entièrement réaménagé et redécoré, comme les dix-sept salons et les divers restaurants (Brasserie du Léman, restaurants du golf et du casino, établissement étoilé Michelin, La Terrasse, tour à tour tenu par Jean-Marc Delacourt et Dominique Roué), l'ensemble dans un style Art déco dû au duo d'architectes-décorateurs Nicolas Topaloff (Paris) et Claude Reyren (Genève).
La branche hôtellerie-restauration, longtemps déficitaire, a renoué avec l'équilibre, le taux d'occupation étant passé, à l'année, de 18 % à 60 % avec un CA de 60 MF. Le service commercial a réussi une percée d'envergure dans le tourisme d'affaires et les séminaires, ne se contentant plus d'accepter d'être le trop plein de la Genève voisine. Avec près de 1 000 m2 (et une discothèque adjacente La Baraka de 250 m2), les salles du casino offrent désormais 325 bandits manchots et les résultats, nous a dit Régis Descamps, frisent avec ceux du Lion Vert de Charbonnières. Bref, le renouveau est total : la STTH (Société touristique, thermale et hôtelière) de Divonne est devenue un acteur de premier plan dans la vie économique du Pays de Gex et même de la République et Canton de Genève, s'impliquant dans des projets comme celui du château de Ferney-Voltaire ou à l'accélérateur de particules de CERN, verrouillant au passage les salles de jeux existantes ou en projet dans la partie occidentale du Léman (1).

Une énergie communicative
Alain Mansion n'en néglige pas pour autant la clientèle individuelle, d'autant que le Domaine a recouvré son lustre d'antan. "Il est assez fréquent qu'une personne venue au Domaine à l'occasion d'un séminaire revienne avec sa famille pour un week-end d'agréments", explique-t-il. Et d'ajouter avec humour : "Notre ambition est d'être la maison de campagne sans le souci de la réfection du toit." Plus qu'une relance et une politique d'expansion, c'est aussi une philosophie qu'a su développer ce manager devenu un des principaux collaborateurs des Rothschild puis d'Aaron à l'âge de vingt-sept ans : le luxe, la qualité de l'accueil, l'élégance de l'hébergement, la gastronomie n'excluent pas la convivialité et la simplicité de bon aloi. Du coup, même la commune, trop longtemps endormie sur le matelas des royalties du casino et dans un confort si protégé qu'elle avait fait capoter bien des projets, se met de la... partie. Relance des thermes, commercialisation de l'eau minérale après l'autorisation délivrée par le gouvernement, autant de dossiers dont s'occupe Etienne Blanc, maire et vice-président du conseil régional, qui lorgne parfois vers le vaisseau amiral d'en face, Evian, don l'ampleur prise au cours des deux dernières décennies peut autant susciter l'envie que l'admiration.
C. Bannières


La piscine du Grand Hôtel, vaisseau des années 30.


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L'HÔTELLERIE n° 2647 Hebdo 6 Janvier 2000

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